Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
L’animal peut être un grand soutien pour les êtres humains. La Croix-Rouge ukrainienne a donc établi un programme pour apporter une aide aux animaux de compagnie.
Parmi les images marquantes du conflit en Ukraine, celles de ces déplacés qui fuient la guerre avec leurs animaux de compagnie sous le bras compteront indéniablement. «C’est la première fois depuis ma prise de fonction en 2011 que je vois autant d’images ou que j’ai autant de retours au sujet de personnes migrant avec leur animal de compagnie», relève Myriam Jacoby, gestionnaire de projets d’urgence à la Croix-Rouge luxembourgeoise.
Certes, des animaux ont été abandonnés; d’autres, apeurés, ont échappé à la vigilance de leurs propriétaires pendant l’exode ou durant les bombardements; certains ont tout simplement perdu leur maître… Mais nombre d’Ukrainiens ont fait leur possible pour garder auprès d’eux leurs compagnons à quatre pattes.
Face à ce constat, la Croix-Rouge ukrainienne a décidé non seulement de soutenir plusieurs refuges en leur fournissant de la nourriture, mais aussi d’apporter une aide concrète aux propriétaires de chats et de chiens bénéficiaires de l’aide de la Croix-Rouge.
«La Croix-Rouge évalue très régulièrement les besoins de la population, et beaucoup de personnes en situation de précarité ont fait part du besoin de nourriture pour leur animal de compagnie», explique Myriam Jacoby.
L’association d’aide humanitaire distribue donc depuis un an à ces propriétaires de la nourriture sèche pour leur chat et leur chien : 3 kg de croquettes par mois pour les chats et pour les chiots ou les petits chiens, 6 kg pour les chiens de taille moyenne et 10 à 12 kg pour les plus gros.
«Ça ne couvre pas tous les besoins, mais ça en couvre une partie. Et ça permet aux personnes d’avoir plus d’argent pour s’acheter à manger pour elles-mêmes ou pour compléter la nourriture de leur animal», commente Myriam Jacoby. Surtout, cette initiative participe à aider l’humain, insiste-t-elle : «Pour les personnes qui possèdent un animal, ce dernier est un membre à part entière de la famille. II existe un lien indéfectible entre l’animal et son propriétaire. Si on respecte la personne, c’est normal de soutenir son animal. Elles ont besoin de leur animal, donc on les aide.»
Entre septembre 2022 et septembre 2023, 186 151 kg de nourriture pour animaux ont ainsi été distribués et 40 460 animaux en ont profité. Une aide qui a permis de soulager pas moins de 19 000 personnes.
«Nous avons pu alléger les souffrances, mais aussi empêcher le possible abandon de milliers d’animaux. [Ce projet a permis d’] améliorer le bien-être et de renforcer la santé mentale des propriétaires d’animaux», s’est réjouie la Croix-Rouge ukrainienne dans le rapport final de son programme d’aide aux animaux de compagnie pour la période mentionnée.
Le chien, excellent médiateur
Un appel d’offres avait été lancé pour que les croquettes distribuées – «de qualité premium» – puissent être achetées auprès d’un producteur ukrainien, a également précisé la Croix-Rouge ukrainienne dans ce rapport, afin de ne pas avoir à dépendre d’imports instables et par la même occasion, cette initiative s’avérait être un moyen de soutenir l’économie ukrainienne.
Des cages de transport et des litières ont en outre été distribuées, ainsi que des médicaments. Mais seulement des traitements anti-tiques et anti-puces et des gouttes pour les yeux et les oreilles, la distribution d’autres médicaments pouvant causer plus de mal que de bien en l’absence de consultation vétérinaire, a estimé l’association.
Les bienfaits pour la santé mentale attribués à la présence d’un animal ne sont plus à démontrer, et la Croix-Rouge en Ukraine a en parallèle décidé d’utiliser des chiens comme médiateurs et soutiens émotionnels dans le cadre de ses activités de soutien psycho-social.
«Depuis l’an passé et jusqu’à août 2023, on a fourni un soutien psycho-social à 478 000 personnes», indique Myriam Jacoby. «Très souvent, les volontaires amènent leurs propres chiens au cours de ces entretiens : l’animal aide à créer un climat de confiance et facilite l’expression de souvenirs ou d’émotions difficiles. Cette initiative donne de très bons résultats. L’animal permet de s’apaiser. On a d’ailleurs un collègue en Ukraine qui a adopté un animal de compagnie au début de la guerre et qui lui a permis de déstresser.»
L’UE a assoupli les règles
Au vu de la situation en Ukraine et du nombre de réfugiés ukrainiens venus avec un animal, l’UE a rapidement assoupli les conditions d’entrée, habituellement strictes, des animaux de compagnie en provenance de ce pays. Ces réfugiés peuvent en effet entrer accompagnés d’animaux non vaccinés, sans puce électronique, tatouage ni test sanguin, et doivent simplement se manifester auprès d’un vétérinaire pour faire enregistrer leur animal.
À noter que par ailleurs, à l’heure actuelle, au Luxembourg, 16 animaux de compagnie (neuf chats et sept chiens) sont hébergés dans les structures d’hébergement pour bénéficiaires de protection temporaire de l’Office national de l’accueil.
