Les travaux de réhabilitation après l’éboulement de fin août 2022 demeurent très complexes. Même si le chantier avance, une date de réouverture ne pourra pas être annoncée avant la fin mai.
Forages, injections, analyses tomographiques, ancrages ou encore carottages. Ce sont des termes peu courants, voire inconnus de la très grande majorité des voyageurs habitués à emprunter la ligne ferroviaire du nord.
Et pourtant, ce sont précisément ces opérations techniques qui sont décisives pour rétablir la circulation des trains entre Kautenbach et Clervaux, interrompue depuis le 27 août dernier à la suite d’un éboulement dans le tunnel Schieburg.
Hier matin, les CFL avaient invité, en présence du ministre de la Mobilité et des Travaux publics, François Bausch, à la visite d’un chantier qui est semé d’embûches. Une réouverture prévue le 11 décembre 2022 a rapidement dû être reportée au 17 avril dernier, le lundi de rentrée après les vacances de Pâques.
Le 16 mars, un nouveau retard a été annoncé. «Nous pouvons partir du principe qu’au moins six semaines seront nécessaires pour finaliser le chantier», affirmait alors Marc Wengler, le directeur général des CFL.
Aucune nouvelle date, plus précise, n’a pu être avancée, hier. Du côté des CFL, on compte attendre la fin mai avant de se prononcer. Et pour cause : les travaux à effectuer sont titanesques, comme a pu le constater la délégation conviée à pénétrer dans les entrailles du tunnel Schieburg.
Il s’agit, en fait, d’une opération à cœur ouvert, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du passage souterrain. Le tas d’éboulis tombé fin août sur les rails n’a d’ailleurs pas encore pu être évacué afin de sécuriser la voûte du tunnel et le chantier dans son ensemble.
Une injection de 350 m3 de béton
Le défi majeur est de stabiliser la grande masse d’éléments rocheux encastrés au-dessus du tunnel. Une succession de forages, injections de béton et vérification par carottages de l’efficacité de ces mêmes injections est en cours depuis l’incident. À deux reprises, mi-février et mi-mars, il s’est avéré que les travaux n’ont pas été suffisants pour consolider la masse rocheuse, fortement impactée par la sécheresse de l’été dernier.
Hier matin, les impressionnantes machines de forage et d’injection, installées sur les hauteurs de la colline, à 80 mètres au-dessus du tunnel, tournaient, donc, toujours à plein régime. Et le rythme des travaux va encore s’accélérer, passant à trois postes sur l’ensemble de la semaine (7 jours sur 7).
Sur la seule période entre le 23 mars et hier, 11 forages d’une longueur de 796 mètres ont été réalisés de l’extérieur du tunnel, complétés par des injections d’un volume de 150 m3 de béton. Au départ, 11 forages avaient été prévus.
Une soixantaine d’autres opérations de ce type ont été lancées fin janvier. Jusqu’à présent, quelque 350 m3 de béton ont été injectés, de l’extérieur et de l’intérieur du tunnel.
Des premiers travaux d’ancrage sur environ 80 mètres sont déjà achevés. Dans les semaines à venir suivra la pose de cintres provisoires afin de lancer l’évacuation des débris tombés sur les rails. Des ancrages supplémentaires doivent ensuite permettre de solidariser les éléments injectés. La pose des cintres définitifs et la remise en état de l’infrastructure ferroviaire seront les dernières étapes du chantier.
Une frayeur supplémentaire s’est produite le 14 avril avec la découverte d’un affaissement de terrain dans la forêt surplombant le tunnel. «Cet évènement confirme que les travaux de réouverture s’avèrent compliqués et doivent être réalisés avec la plus grande prudence», précisent les CFL.