Le Premier ministre souligne qu’au vu de la crise énergétique, la tripartite devra ficeler sans trop tarder un nouveau paquet d’aides. L’équation à résoudre s’annonce toutefois compliquée.
Les syndicats comptent «d’abord analyser les chiffres», le camp patronal estime que l’économie souffre d’une «diarrhée», tandis que le gouvernement s’engage à «faire tout ce qui sera possible» pour éviter que les citoyens et les entreprises ne croulent sous la charge de la flambée généralisée des prix.
Dimanche va s’ouvrir la tripartite. Hier se sont tenues les dernières réunions de préparation en prévision des tractations qui doivent aboutir à un nouveau paquet d’aides. «Nous devons trouver des solutions au plus vite. L’hiver n’attendra pas», martèle le Premier ministre, Xavier Bettel, après avoir échangé avec l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL) et le front syndical composé de l’OGBL, du LCGB et de la CGFP. «J’ai appelé les partenaires sociaux à aborder les négociations avec un esprit ouvert, constructif et solidaire», ajoute le chef du gouvernement, qui espère conclure un accord «si possible dès mardi» ou, au plus tard, à la fin du mois de septembre.
L’équation qu’aura à résoudre la tripartite sera toutefois très compliquée. Les prévisions actualisées sur l’évolution de l’inflation, livrées par le Statec, n’augurent rien de bon. Pour l’instant, le scénario le plus réaliste mise pour 2022 et 2023 sur une inflation annuelle de 6,6 %, avec à la clé le déclenchement de trois tranches indiciaires dans les 12 mois à venir, auxquelles s’ajoute l’index reporté de juin 2022 à avril 2023. Le pire scénario voit l’inflation exploser à 8,5 % (lire également ci-contre). «Fin mars, on misait sur une prochaine tranche indiciaire, après celle de juin 2022, au plus tôt au début de 2024. Désormais, on risque de voir arriver cinq tranches en l’espace de dix mois», s’inquiète le Premier ministre.
En parallèle, les perspectives économiques sont «très sombres». «Il nous faut un plan portant sur les 18 mois à venir afin de garder le pays à flot», clame Michel Reckinger, le président de l’UEL. Le Luxembourg se trouverait d’ores et déjà dans une «récession technique». «L’activité est en baisse, et cela va encore empirer», détaille Michel Reckinger.
Vers un plafonnement des prix?
Pour le patron des patrons, «une discussion sur l’index est totalement erronée» : «Offrir aux plus vulnérables une revalorisation de 2,5 % de leur revenu, soit à peine 40 ou 50 euros par mois, n’est pas suffisant. Nous devons trouver d’autres moyens pour aider les salaires bas et moyens. Les entreprises doivent aussi être aidées, faute de quoi des faillites vont arriver.»
Quelles peuvent être ces solutions? «Il ne doit pas y avoir de tabous», répond Xavier Bettel. Il met en perspective un plafonnement des prix de l’énergie, précisant parler en son nom personnel. Dans le même temps, le Premier ministre souligne que la marge financière de l’État est limitée : «Une situation exceptionnelle nécessite une réponse exceptionnelle. Nous devons cependant éviter de mettre en péril la stabilité financière du pays.» Une dette publique qui sauterait au-delà du seuil fixé à 30 % du PIB semble exclue. Le patronat compte d’abord se concentrer sur les mesures à prendre. «Le financement devra être discuté dans un deuxième temps. Les entreprises ne vont pas fuir leurs responsabilités», avance Michel Reckinger.
Une seule certitude avant le début de la tripartite : l’accord de fin mars est caduc. «Nous vivons aujourd’hui dans un autre monde. Il n’est pas concevable que l’accord soit maintenu ou reconduit», termine le Premier ministre.
Jusqu’à cinq index prévus
d’ici à septembre 2023
SCÉNARIO CENTRAL Inflation : +6,6 % en 2022 et +6,6 % en 2023. Index à verser en novembre 2022, mars 2023, avril 2023 (report de juin 2022) et septembre 2023.
SCÉNARIO HAUT Inflation : +6,8 % en 2022 et +8,5 % en 2023. Index à verser avant fin 2022, entre janvier et mars 2023, en avril 2023 (report de juin 2022), entre avril et juin 2023 et entre juillet et septembre 2023.
SCÉNARIO BAS Inflation : +6,4 % en 2022 et +4,4 % en 2023. Index à verser en janvier 2023, en avril 2023 (report de juin 2022) et juillet 2023.