Accueil | A la Une | Trafic de stupéfiants à Rodange : l’héroïne était cachée en forêt

Trafic de stupéfiants à Rodange : l’héroïne était cachée en forêt


De grandes quantités d’héroïne étaient cachées sous la souche.

Une souche d’arbre servait de cachette à des dealers néerlandais. Un promeneur a mis la police sur leur piste ainsi que sur celle de Sergio qui dealait pour financer sa consommation.

Sous une grosse souche d’arbre, un promeneur a découvert, enterré sous la terre et la mousse, un sachet de 500 grammes d’héroïne. L’histoire ne dit pas comment il a fait cette découverte. L’endroit, enfoncé dans un bois de Rodange, n’est pas facile à trouver. C’est la deuxième fois que le promeneur trouve pourtant un tel sachet à cet endroit. Le soir du réveillon de Noël 2021, il prévient la police de sa trouvaille et conduit les enquêteurs de la section stupéfiants de la police judiciaire sur les lieux. Ils y saisissent un kilogramme d’héroïne et un smartphone avec un numéro de téléphone néerlandais.

L’enquête révèle les identités de trois prévenus qui comparaissaient face à la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg hier matin. Le premier, Sergio, est connu de la police et des toxicomanes du quartier de la Gare à Luxembourg.

«Il est attendu à l’Abrigado comme saint Nicolas», note le président. L’enquêteur indique qu’après l’affluence qui suit son arrivée sur les lieux, il se retire dans une tente pour y attendre les acheteurs. «Il changeait de tente et de numéro de téléphone régulièrement.» Sept téléphones ont été retrouvés dans la chambre d’hôtel où il vivait.

Son fournisseur était Rausjen. «Il venait plusieurs fois par semaine des Pays-Bas au Luxembourg», ont découvert les enquêteurs, qui contrôlaient presque tous les jours la cachette et les quantités de drogue qui s’y trouvaient. C’est le jeune Néerlandais de 29 ans qui cachait la drogue sous la souche ou l’en retirait pour la remettre à Sergio.

Les policiers ont constaté 15 remises de 250 grammes d’héroïne depuis le début de leur enquête. Soit 3 750 grammes au total. Ils supposent que les deux hommes étaient en affaires depuis novembre 2021 et qu’il y avait eu trois remises supplémentaires avant le début de l’enquête.

Après l’arrestation de Rausjen le 16 février dernier, Vidjay a pris le relais. Le jeune homme de 19 ans était jusqu’alors le chauffeur de la voiture d’ouverture du convoi qui amenait la drogue au Luxembourg, selon le policier.

Vidjay aurait également été vendeur autour du stade Josy-Barthel à Luxembourg, où une deuxième cache a été trouvée à proximité de l’école fondamentale Aloyse-Kayser. Une amie de Rausjen aurait aussi gardé de l’héroïne à son domicile de Strassen.

«La proximité, un terme élastique»

Les trois prévenus sont en aveux des faits. Sergio conteste uniquement les quantités vendues. «Ma copine et moi, on consommait cinq grammes de cocaïne par jour, dit-il à la barre. J’ai vendu peut-être la moitié.» Le produit de la vente de drogue aurait servi à payer la chambre d’hôtel dans laquelle il vivait à Longwy et à acheter la drogue pour sa consommation personnelle. «Il minimise», selon la représentante du parquet, qui estime qu’il vendait depuis début 2020 et sa précédente mise en liberté.

La magistrate requiert une peine de 48 mois de prison ferme contre lui. Elle retient entre autres la récidive et la circonstance aggravante constituée par la vente de stupéfiants à proximité de l’Abrigado. «Il fait cela professionnellement quand il n’est pas en prison. Cela ne s’arrêtera qu’à sa mort, juge-t-elle. Je ne requiers pas plus étant donné qu’il vendait pour sa propre consommation.»

Me Stroesser espérait «un réquisitoire plus clément» en sa faveur. Son client vend par «nécessité». «C’était un travail pour lui», selon l’avocat, qui avance que Sergio vendait pour 800 euros par jour et dépensait entre 400 et 500 euros par jour pour sa consommation personnelle et celle de sa compagne, qui aurait joué les intermédiaires avec Rausjen. Pour décrocher des circonstances atténuantes, Me Stroesser décrit les rechutes à sa sortie de prison et «sa maladie». «Sergio n’a pas agi par lucre», conclut-il.

Un argument qui ne vaut pas pour ses coprévenus, selon la parquetière, qui requiert une peine de 7 ans de prison ferme, une amende appropriée et douze mois d’interdiction de conduire contre Rausjen et une peine de 48 mois de prison et une interdiction de conduire de 12 mois contre Vidjay. Elle ne s’oppose pas à un sursis partiel minimum pour ce dernier. Elle retient contre les deux prévenus la circonstance aggravante que certaines ventes ont eu lieu à proximité de l’école fondamentale.

«La proximité est un terme élastique», estime Me Knaff, qui défend Vidjay. Son client «a été utilisé et endoctriné par des personnes plus âgées qui l’ont entraîné dans le milieu». «Il n’avait pas la maturité nécessaire pour résister à leurs sollicitations. (…) Il a fait ce qu’on lui a demandé. Son gain est sans commune mesure avec la sanction.» L’avocat a demandé au tribunal de «ne pas sévir à son encontre» et de lui faire bénéficier d’un sursis intégral étant donné son jeune âge.

Me Says, l’avocat de Rausjen, conteste également la circonstance aggravante concernant la vente à proximité de l’école ainsi que la prévention d’association de malfaiteurs et est également d’avis que la peine est disproportionnée par rapport aux peines requises pour ses coprévenus.

L’avocat cite pour exemple une affaire dans laquelle un prévenu a été récemment condamné à trois ans de prison pour la vente de sept kilogrammes de stupéfiants. Une peine moindre.

Le prononcé est fixé au 8 décembre.