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Neuf mois de prison requis pour avoir agressé le personnel de Luxair en plein vol


«Tout cela s’est passé parce qu’il n’a pas reçu son verre de crémant», a témoigné l’une des quatre hôtesses de l’air à bord du vol le 24 août 2014. (Photo : archives Editpress)

Pour avoir compromis la sécurité du vol Luxembourg-Rimini le 24 août 2014, un octogénaire était convoqué, lundi matin, à la barre du tribunal correctionnel. Lors de la phase d’atterrissage, le passager avait refusé de rejoindre son siège. Et il avait notamment mordu une hôtesse de l’air. Depuis cet incident, il figure sur la liste noire de la compagnie Luxair.

« Tout cela s’est passé parce qu’il n’a pas reçu son verre de crémant. Il a commencé par jeter son plateau de repas», se souvient l’une des quatre hôtesses de l’air à bord du vol LG501 ce 24 août 2014 après-midi. Cela ne s’arrête pas là. Alors que la phase d’atterrissage a été annoncée, le Luxembourgeois s’oppose aux instructions du personnel de bord. Il refuse de rejoindre son siège et de mettre sa ceinture de sécurité. Et il agresse une première hôtesse de l’air… Au final, les quatre membres de l’équipage, assistés par un passager travaillant chez Cargolux, seront nécessaires pour maîtriser le passager turbulent.

«Les faits auraient pu se terminer de manière très grave», constate le représentant du parquet. «Il n’y a pas de discussion possible : la sécurité du vol était bien entravée. Et tout cela pour un verre de crémant…» Il précise que le capitaine a dû retarder l’atterrissage de l’avion en réduisant la vitesse pour permettre au personnel de fixer le passager à l’aide d’un «restraint kit», un système de sangles et de menottes. «On est là pour la sécurité des passagers, pas pour se faire agresser», a encore témoigné l’hôtesse de l’air qui s’en est sortie avec quelques morsures, bleus et griffures au niveau des bras.

Sa collègue, quant à elle, est toujours en traitement après la torsion de la main et du pouce dont elle a été victime. «Pendant le service, il dormait», a-t-elle confirmé lundi matin. «Quand il s’est réveillé, il s’est énervé de ne pas avoir eu quelque chose à boire.» C’est alors qu’il aurait quitté son siège et annoncé : «Je peux rester debout ici.»

«Monsieur n’a plus de dents pour mordre…»

Si l’on suit les déclarations de l’hôtesse de l’air, l’équipage aurait réussi à l’attacher seulement trois minutes avant que l’avion ne se pose au sol. Elle aurait tout juste eu le temps de mettre sa propre ceinture. À Rimini, le passager avait été remis à la police italienne. Bloqués dans l’avion durant l’opération, les autres passagers, 178 personnes, avaient rejoint l’aérogare avec un certain retard. Luxair s’était constituée partie civile dans cette affaire. Elle réclame 10 000 euros de dommages et intérêts. Pour les deux hôtesses de l’air, Me André Lutgen demande un total de près de 30 000 euros au titre du préjudice.

On n’aura pas entendu, lundi, la version du prévenu, Pierre R., âgé aujourd’hui de 81 ans. «J’entends très mal.» Voilà ses mots quand le président de la 18e chambre correctionnelle a vérifié son identité. L’assistante en orthophonie, citée par le parquet, étant absente, c’est donc son avocat qui l’a représenté. «Je ne peux pas dire aux témoins de hurler dans les oreilles du prévenu», a observé le président.
«Toute cette histoire part d’un malheureux malentendu. Monsieur dormait quand le service est passé», a soulevé Me Edévi Amegandji.

Retour au Luxembourg en train

Si son client a porté des coups contre le personnel, selon l’avocat, il paraît toutefois difficile qu’il ait mordu. «Pour mordre, il faut avoir des dents. Mais Monsieur n’a plus de dents, je tiens à le préciser», a-t-il appuyé. L’avocat estime que son client a déjà été sanctionné d’une certaine manière par le fait que Luxair a refusé de le reprendre pour le vol du retour : «Il a dû prendre le train depuis Rimini.» Enfin, depuis cet incident, l’octogénaire est inscrit sur la «No Fly List» de la compagnie aérienne. «Il ne peut répondre à vos questions pour les raisons que vous connaissez», a encore insisté Me Amegandji avant de demander au tribunal de tenir compte de son très grand âge lors de la détermination de la peine.

«Il a un âge avancé. Mais les faits sont graves», a répliqué le représentant du parquet, en rappelant que la loi sur la réglementation de la navigation aérienne prévoit des peines de prison allant jusqu’à cinq et dix ans de prison. Le parquet a requis neuf mois de prison et une amende contre l’octogénaire. Soit la même peine que celle requise lors du premier procès fin 2016. Or à l’époque, le prévenu ne s’était pas présenté. Cela s’était terminé par une rupture du délibéré.

Prononcé le 8 mars.

Fabienne Armborst

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