Les trois coureurs luxembourgeois engagés dans le Tour de France, qui démarre ce vendredi, auront chacun des rôles d’équipier pour leurs leaders désignés.
On imagine avec quel soulagement Bob Jungels a accueilli hier en fin de matinée le résultat d’un nouveau test PCR après celui de la veille, positif, déclencheur de bien des tracas au cours d’une journée de mercredi cauchemardesque.
Dans son malheur, on remarque bien que le coureur de l’équipe AG2R-Citroën a eu de la chance puisque c’est une sorte de contre-exemple, tous les autres coureurs positifs au covid sont repartis chez eux. Le staff de l’équipe française avait eu le bon sens de procéder à un deuxième test.
«Suite à un test effectué mercredi qui révélait une légère charge virale, Bob Jungels a subi ce matin un nouveau test PCR. Le résultat de ce test confirme que le coureur n’est pas contagieux», a donc précisé l’équipe française. Du coup, le médecin de l’UCI a validé la présence du coureur luxembourgeois au départ. On ne va pas s’en plaindre, ils seront bien trois coureurs luxembourgeois à s’élancer dans cette 109e édition du Tour de France.
Si leurs profils divergent, c’est bien pour la même mission de protection auprès de leurs leaders qu’ils ont été surtout retenus. À quelques petites nuances près, on peut imaginer aisément que Bob Jungels bénéficiera de plus de liberté pour aller chercher une étape que par exemple Kevin Geniets, dont la mission est strictement axée sur un rôle de soutien à David Gaudu, promulgué leader de l’équipe.
BOB JUNGELS
(29 ans, 4e participation)
Il sera passé par tous les états avant même que le Grande Boucle ne s’élance et on ne peut anticiper ce que tout ce stress va engendrer chez le coureur luxembourgeois qui était sorti du Tour de Suisse dans une forme retrouvée. Pas question pour autant de contester le leadership de Ben O’Connor.
Quatrième en 2021, récent troisième du Dauphiné derrière le duo de l’équipe Jumbo, constitué par Jonas Vingegaard et Primoz Roglic, le longiligne Australien aura bien besoin d’une équipe soudée pour passer les affres d’une première semaine toujours piégeuse.
L’expérience de Bob Jungels sur les pavés du Nord ne sera pas de trop. Mais fort de ses progrès en montagne, des progrès validés en Suisse, le Luxembourgeois pourra aider Ben O’Connor jusque dans le final.
«Notre objectif sera le meilleur classement général avec Bon O’Connor. Nous ne mettons pas de chiffre pour le moment. Nous visons aussi des victoires d’étapes. Nous arrivons avec ambition, motivation et humilité», résumait mercredi Vincent Lavenu lors de la conférence de presse de l’équipe française. Pas question de mettre trop de pression sur le leader australien, friable sur ce point.
Du coup, on comprend que des coureurs comme Benoît Cosnefroy, Bob Jungels ou Oliver Naesen auront des possibilités de jouer leur carte en dehors de leur travail auprès de Ben O’Connor.
KEVIN GENIETS
(25 ans, 1re participation)
David Gaudu sera «leader unique», a martelé Marc Madiot en conférence de presse, mercredi. Le patron de l’équipe Groupama a rappelé que David Gaudu a été investi des responsabilités de leader unique de l’équipe Groupama-FDJ avec un rôle d’«ange gardien» en montagne dévolu à Thibaut Pinot et à Michael Storer. L’objectif du podium est fixé pour le grimpeur breton, onzième du Tour l’an passé.
«Le but du jeu est d’être au contact du classement général après la première semaine dont les difficultés sont, je pense, hors du commun», a souligné Madiot. C’est justement là que va intervenir Kevin Geniets.
On peut revenir sur les multiples qualités du coureur luxembourgeois qui a d’abord fait ses preuves sur les classiques flandriennes avant d’élargir son champ de compétences aux ardennaises puis, plus largement, aux courses par étapes. Sa progression est impressionnante, notamment en haute montagne.
Sur le dernier Dauphiné, on l’a vu effectuer un énorme travail pour David Gaudu. Il est prêt à accomplir sa mission dans son premier Tour de France. «Je pense que ma préparation était vraiment idéale, avec le stage d’altitude sur le volcan Teide, le Dauphiné. Je veux montrer mes progrès sur ce Tour où la seule priorité, sera d’accompagner David Gaudu. Tout le monde dans l’équipe a un rôle très précis. C’est clair que la première semaine, j’aurai beaucoup de travail dès que ça frottera, qu’il y aura du placement à faire. Cela sera à moi et Olivier Le Gac de placer nos leaders. C’est un privilège extrême de participer au Tour de France», résume Kevin Geniets.
ALEX KIRSCH
(30 ans, 1re participation)
Comme tout coureur professionnel qui se respecte, Alex Kirsch rêvait de disputer le Tour de France. Ça tombe bien, la Grande Boucle débute avec une intensité qu’il est bien difficile à résumer. Il fallait voir, mercredi, l’accueil du public danois pour l’ancien champion du monde, Mads Perdersen, qui sera l’un des chefs de file de l’équipe Trek-Segafredo.
La mission du coureur danois est multiple, tenter de porter le maillot jaune, pourquoi pas dès aujourd’hui, même si tout le monde en conviendra, ce ne sera simple, ou plus tard dans la semaine. Toute l’équipe va courir en mode classique. Un domaine où justement Alex Kirsch a fait ses preuves.
C’est la complicité avec Mads Pedersen, complicité qu’il affiche d’ailleurs avec beaucoup d’entrain et d’efficacité qui a valu sa place au grand coureur luxembourgeois, facilement reconnaissable dans le peloton.
«L’objectif sera de partir à la conquête du maillot jaune en première semaine. Tactiquement, ce sera plus facile, car comme nous n’avons pas de coureur pour le classement général, nous n’aurons sans doute rien à défendre dès que la montagne sera abordée. On se concentre donc sur la première semaine. On a les coureurs qu’il faut pour ça avec Mads (Pedersen) et Jasper (Stuyven). Cela demandera beaucoup d’énergie et en deuxième semaine, ce sera aux grimpeurs (Giulio Ciccone et Bauke Mollema) d’essayer d’aller gagner des étapes.» Pour les deux dernières semaines, Alex Kirsch pourra bénéficier de quelques libertés mais pas avant, on l’aura bien compris.