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[Théâtre] «Mangez-moi !» fait du TOL un cabaret


Les metteuses en scène (et piliers du TOL) Colette Kieffer et Véronique Fauconnet ont réintroduit le cabaret, une tradition oubliée du lieu. (Photo : bohumil kostohryz)

Pour fêter sur scène ses 50 ans, le TOL fait renaître une vieille tradition, le cabaret. Un moment de partage et de générosité autour de la nourriture, portée par six comédiens-metteurs en scène très liés au lieu.

Il y a une effervescence toute particulière au Théâtre ouvert Luxembourg (TOL) ces jours-ci. L’institution fête ses 50 ans d’existence; forcément, ça se fête, et en grande pompe! L’équipe du théâtre a déjà eu l’occasion de célébrer son demi-siècle d’existence par une «vraie» fête (comprendre : des ballons, un gâteau et des bougies), mais c’est sur scène que les réjouissances continuent avec Mangez-moi!, un spectacle concocté pour l’occasion et dont la première s’est tenue hier, qui réunit sur les planches le «all-star game» du lieu : Véronique Fauconnet, Jérôme Varanfrain, Colette Kieffer, Aude-Laurence Biver et Steeve Brudey-Nelson. Un très beau cinq de départ complété par le pianiste Jean Hilger. Perché à l’étage du bâtiment, le bar du TOL est le cadre d’une joyeuse célébration des arts de la scène et de la musique à travers un montage de textes et de mélodies, qui tourne autour de «l’unique chose qui nous rassemble tous», selon Véronique Fauconnet : la nourriture.

Mangez-moi!, «c’est un vrai cabaret», explique la directrice, Véronique Fauconnet. Pour les 50 ans du TOL, elle revisite une tradition du lieu instaurée par son fondateur, l’emblématique Marc Olinger. «Le TOL a une très longue histoire avec le cabaret, mais ça fait des années qu’on n’en a plus fait» – depuis 2007, pointe Jérôme Varanfrain, qui était à l’époque dans la distribution de Charleston. «Et puis, avec Marc, quand on sortait d’une répétition ou d’une représentation, c’était toujours : « Où est-ce qu’on va bouffer?« , reprend Véronique Fauconnet. Faire un spectacle autour de la nourriture, c’était une évidence, cela aurait tellement plu à Marc.»

Mise en scène collective… à six

L’idée est de proposer un spectacle atypique dans un cadre inhabituel. Un cabaret «à l’allemande» qui «alterne entre des chansons, de la lecture, des petites saynètes, du stand-up», qui ne tiennent pas compte de l’époque, du genre, du style. Karl Valentin, Jean-Michel Ribes, Roland Dubillard… «On a même des extraits de Molière, c’est dire si on a ratissé large!», s’exclame Véronique Fauconnet, qui a choisi et monté les textes avec la metteuse en scène (et secrétaire du TOL) Colette Kieffer. Et puisqu’on est à un anniversaire, deux «auteurs maison», Eugénie Anselin et Nicolas Steil, ont chacun offert comme cadeau au TOL un texte inédit pour le cabaret.

Dans le bar du TOL, le temps est à la fête – le public profitera lui aussi de quelques surprises et d’amuse-bouches faits maison par l’équipe. Mangez-moi! est un grand moment de partage (un mot qui pourrait être la devise implicite du TOL) proposé par une troupe qui se connaît très bien, et depuis longtemps. Pour autant, se lancer dans une mise en scène collective à six était «une gageure», dit Véronique Fauconnet : «Colette et moi nous étions déjà frottées à ça avec Les Enfants de Lucy Kirkwood, la saison dernière. Pour Mangez-moi!, avoir plus de monde signifiait aussi plus de complications, mais aussi plus d’idées. À vrai dire, on n’a jamais vraiment défini qui mettait en scène quoi et le processus de se mettre au diapason a pris du temps. Mais quand notre ligne est devenue claire, ça s’est révélé un exercice passionnant.» Jérôme Varanfrain : «Nos premiers filages étaient très particuliers, car le regard extérieur nous a énormément manqué. On ne jouait pour personne, quoi. Et puis, heureusement, il y a Monique (Reuter), l’assistante de mise en scène, qui a été très précieuse par la suite.» C’est elle qui a «apporté de la rigueur» au projet. La scénographie et, surtout, les costumes de Peggy Wurth ont fini d’aider la troupe à trouver de l’harmonie dans ce patchwork festif.

«Du show!»

Avant un filage, on rencontre les six comédiens-metteurs en scène autour de la même table, encombrée par les cakes salés, les madeleines et les bonbonnes de punch – tout est dans le spectacle. L’énergie est déjà électrique, et les répliques fusent. Chacun cherche à définir brièvement le spectacle : un «cabaret littéraire», un «cabinet de curiosités théâtral», un «melting-pot»… Steeve Brudey-Nelson – qui endosse aussi le rôle de maître de chant auprès de ses collègues… et qui assure le punch! – va droit au but, et frappe juste : «Du show!» Générosité est le maître-mot. «On veut embarquer le spectateur avec nous. Ce spectacle, ça me donne l’impression d’une valse», glisse Véronique Fauconnet. Jérôme Varanfrain poursuit : «Quand on répète une pièce, on entre dans un univers, puis on y reste. Pour Mangez-moi!, on saute d’univers en univers le long de 35 « tableaux« , soit 35 minipièces différentes», avec changements de costumes pour les comédiens. Un heureux chaos organisé que le comédien-metteur en scène, pour l’analogie culinaire, compare à «un bon restaurant : quand on a bien mangé, on en ressort léger». Même s’il regrette que «personne n’ait prévu un tour de magie»!

Le cabaret revient au TOL pour encore onze représentations jusqu’au 18 novembre. Pourrait-il redevenir une tradition régulière? On soupçonne Steeve Brudey-Nelson, d’avoir déjà fait courir l’idée dans l’enceinte du théâtre. Plus pragmatique, Véronique Fauconnet, pour qui Mangez-moi! a représenté deux ans de travail, détaille : «Six comédiens sur scène, c’est beaucoup de boulot. Avant cela, il faut les bonnes idées, les bons montages… Et, au fond, tout est une question de moyens. Une telle forme à deux ou trois, ça ne prendrait pas.» Les résultats des dernières élections législatives ne viendront pas gâcher la fête, mais, puisqu’on parle de moyens, la troupe «a l’espoir d’un(e) ministre de la Culture qui s’engage autant pour les arts que celle qui va partir. Les intermittents que nous sommes l’espérons très fort, car beaucoup de choses dépendront de cela à l’avenir».

(Un cabaret à l’allemande qui) alterne entre des chansons, de la lecture, des petites saynètes, du stand-up… On a même du Molière!

La pièce

Si, comme Jean-Jacques Rousseau, vous pensez que «nul n’est plus heureux que le gourmand», ne manquez pas ce spectacle-anniversaire, éloge de la gastronomie et du partage! Au menu : textes savoureux de tout genre et de toutes les époques, agrémentés de chansons et de musique, pimentés par un grain de folie et une équipe de comédiens-musiciens prêts à vous servir des plats qui se lisent et des livres qui se mangent. Bref, un spectacle festif qui convie le spectateur à déguster des mots et des mets, pour fêter comme il se doit les 50 ans du TOL. À consommer sans modération!

Jusqu’au 18 novembre.
TOL – Luxembourg.
www.tol.lu

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