Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Le terminal intermodal rail-route a été officiellement inauguré, vendredi, par les autorités du pays qui misent sur cette nouvelle infrastructure pour renforcer l’attractivité du Luxembourg et sa compétitivité.
On ne le présente plus : le terminal intermodal entre Bettembourg et Dudelange, qui permet de mettre des camions sur les rails, a été inauguré par le Grand-Duc Henri en présence de François Bausch, ministre du Développement durable et des Infrastructures, et Étienne Schneider, ministre de l’Économie.
Dossier réalisé par Jeremy Zabatta
Avec ce lancement officiel de la plateforme logistique, le Luxembourg se dote d’un nouvel outil dans le secteur, après le port de Mertert et le Cargo Center du Findel. Sur rail, sur l’eau et les airs, le Luxembourg jouera désormais un rôle majeur dans le secteur logistique européen. En effet, ce terminal intermodal va permettre d’atteindre par le rail le sud de la France (Le Boulou, près de Perpignan) ainsi que Lyon, Trieste en Italie, Anvers en Belgique ou encore Lodz en Pologne, une étape vers la Chine. Dans le futur, il sera également possible de rejoindre les pays scandinaves et Irun en Espagne (côté atlantique).
Pour le moment, l’axe majeur est l’autoroute ferroviaire reliant le terminal intermodal au Boulou. En chiffres, cela représente « près de 63 000 semi-remorques, caisses mobiles et conteneurs transportés avec Lorry-Rail, soit une économie de 62 000 tonnes de CO2 par rapport à la route. Cela représente également 1,5 milliard de tonnes kilométriques transportées », a souligné Justine Basson en charge de la communication pour Lorry-Rail, l’exploitant de l’autoroute ferroviaire. Si des doutes subsistent encore en Europe sur la rentabilité de ce type de transport, la liaison Bettembourg–Le Boulou serait pourtant une des seules lignes rentables ou du moins affichant une croissance. En 2012, elle affichait 9% d’augmentation de trafic.
Outre les chiffres, le Luxembourg croit fortement au transport ferroviaire, tout en étant prudent et en n’oubliant pas qu’une stratégie multimodale se joue sur plusieurs tableaux. En effet, le pays, en plus des 220 millions investis dans la plateforme intermodal, a en parallèle investi dans ses infrastructures aéroportuaires et maritimes tout en simplifiant ses procédures d’import-export et en soutenant et développant une «chaîne logistique». L’autre ambition du gouvernement, et notamment de François Bausch, est de réduire l’empreinte carbone du pays et de désengorger les autoroutes du Grand-Duché.
Un Grand-Duché plus attractif
« L’idée n’est pas d’opposer le rail au transport routier, mais de les rendre plus complémentaires », a expliqué le ministre du Développement durable et des Infrastructures avant de préciser que ce type de transport alternatif va permettre de réduire les émissions de carbone. Les CFL estiment ainsi que le transport des camions sur le rail va réduire en moyenne les émissions de CO2 de 70% par rapport au transport routier.
Pour Étienne Schneider, ministre de l’Économie, « le terminal intermodal est une autre infrastructure moderne qui contribue à notre renommée internationale en tant que plateforme logistique performante. Le développement économique du Grand-Duché et son attractivité pour les investissements industriels sont soutenus par l’offre en services logistiques durables et à haute valeur ajoutée. Ceux-ci sont en effet indispensables aux entreprises industrielles implantées dans le pays et le terminal intermodal leur permettra de miser davantage sur le transport par rail .»
Après un peu plus de deux ans de travaux, le terminal intermodal est aujourd’hui prêt à relever le défi du multimodal, en permettant de porter à 600 000 le nombre de conteneurs et semi-remorques manutentionnés chaque année, contre 225 000 actuellement. Le transport combiné rail-route est en plein essor au Luxembourg, le volume de marchandises transportées en trafic international ayant été multiplié par quatre entre 2008 et 2015, à près de 64,3 millions de tonnes.
L’environnement soigné
Si la nouvelle plateforme intermodale va faire baisser le nombre de camions sur les routes et donc l’empreinte carbone du pays, l’impact sur l’environnement du site a également été pris au sérieux.
Ainsi, la renaturation du Diddelengerbaach, qui se trouve dans la zone du terminal intermodal, a été réalisée avant le démarrage du chantier, en plus d’autres mesures compensatoires. Sur une distance d’un kilomètre, un ruisseau a été dévié de son ancien lit bétonné vers un cours d’eau naturel. Avant de dévier le ruisseau, il a fallu poser de grands tuyaux sous l’autoroute A13 en plus d’un puits de lumière dans le but d’offrir plus de lumière naturelle aux poissons.
En parlant de poissons, ils ont dû être transférés. Là encore, les chiffres sont impressionnants, puisque plus de 1 000 poissons de dix espèces différentes ont été capturés moyennant des cannes à pêche spéciales, pour être libérés peu de temps après dans le nouveau lit renaturé. À noter que sur deux hectares, diverses espèces d’arbres et arbustes ont été replantées.
« Container Land » à découvrir
Ce dimanche, le terminal intermodal rail-route va se transformer en un véritable parc d’attractions afin de faire découvrir la plateforme mais également l’univers des Chemins de fer luxembourgeois.
Étape importante pour la Société nationale des chemins de fer luxembourgeois (CFL), le nouveau terminal intermodal fait office de réussite en termes d’infrastructures et d’innovation, et devrait être une formidable vitrine pour l’entreprise ferroviaire publique.
Ainsi, pour marquer l’achèvement de la construction du nouveau terminal intermodal, une grande journée portes ouvertes sera organisée à destination du grand public et de toute la famille, ce dimanche 9 juillet. Au programme, découverte du terminal intermodal et de ses centaines de conteneurs, mais également des métiers des CFL, qui rappelons-le, emploient environ 4 200 personnes au Luxembourg, dont près de 1 200 rien que dans le secteur du fret. « Les métiers au sein des CFL sont divers et variés, le but étant ici de montrer les opportunités de carrière au sein de la société », explique-t-on près du «meeting point RH» du «Container Land».
Un parc d’attractions éphémère
Un peu plus loin, plusieurs conteneurs sont dédiés à des secteurs d’activité spécifiques des CFL, de la logistique à la maintenance en passant par les infrastructures, la sécurité et l’accompagnement des voyageurs. De quoi faire naître pas mal de vocations. D’ailleurs, les CFL engagent tous les ans près de 300 personnes.
Au-delà de ces portes ouvertes, le nouveau terminal intermodal va se transformer en un parc d’attractions. Avec au programme, pour les enfants et les plus grands, diverses activités comme du bungee trampoline, du baby-foot humain, un parcours de segway, un toboggan à rouleaux, un château gonflable, un stand de tir au but, un mur d’escalade ou encore un toboggan géant. Pour les plus jeunes, les CFL ont mis en place toute une zone dédiée aux petits, comme un chantier miniature, des stands de maquillage et de tatouage pour enfants, ainsi que des jeux de société et de construction. Une occasion unique de passer un week-end en famille tout en découvrant l’univers du rail et des Chemins de fer luxembourgeois.
Si, sur le site internet, «Container Land» précise que le nombre d’entrées est limité, les CFL ont indiqué au Quotidien que de nombreuses places étaient encore à saisir gratuitement.
