Après plus de deux années de streaming dans le football luxembourgeois, les clubs pourraient mettre fin à l’expérience.
Le torchon brûle-t-il entre la Ligue et RTL? Ces prochains jours, les dirigeants des clubs de BGL Ligue et de Promotion d’honneur intéressés ont été invités à envoyer leur avis quant à l’éventualité de dénoncer le contrat passé avec RTL, qui arrivera bientôt à terme et qui sera, sans cela, reconduit tacitement.
Mais à bien entendre les dirigeants, les doutes nés d’une mise en place laborieuse, d’un entretien du matériel un peu défaillant et de l’absence totale de retombées financières ont commencé à éroder la confiance que le football national porte à ce qui est tout de même désormais un peu plus qu’une expérimentation. C’est un fait, depuis deux ans, les caméras de RTL ont pris toute leur place dans l’offre de services autour du championnat de Division nationale et les chiffres sont là pour en témoigner (lire ci-contre) et voir le football national s’offrir un retour en arrière serait pour le moins cataclysmique. Pour tous les suiveurs du championnat national. Mais dans les clubs, on juge aujourd’hui toute cette affaire comme «financièrement mortelle», pour citer un président désireux de rester anonyme.
«J’avais l’impression de voir 44 joueurs au lieu de 22»
Dans un contexte de désaffection (encore modérée si l’on en croit les chiffres) des stades, le système qui se présentait comme une belle garantie de visibilité en pleine pandémie de covid et de mise en place de jauges, voire de huis clos, semble avoir usé la patience de certains présidents, quand ils se retrouvent face à leurs bilans financiers. D’autant qu’ils n’ont toujours pas vu la couleur de l’argent qu’on leur avait fait miroiter.
«L’outil qu’on nous avait vendu ne fonctionne pas encore, balance déjà un autre patron de club. On était censé avoir des bandeaux déroulants avec nos sponsors pendant les matches et on ne les a pas encore plus de deux ans après le lancement du projet. J’en conclus que ce n’est pas une priorité pour RTL.» Une analyse partagée? Du côté de la LFL, Karine Reuter, qui dirige le groupement, accepte de mettre les pieds dans le plat : «Après deux années, cela devrait effectivement fonctionner autrement. C’est bien beau de dire qu’on nous a installé les caméras, mais déjà, la qualité d’image n’est pas toujours bonne – j’ai regardé Wiltz – RFCU l’autre jour et j’avais l’impression de voir 44 joueurs au lieu de 22. Concernant le reste, je comprends que cela prenne du temps, mais alors que le contrat va arriver à échéance, on n’est pas à 100 % des promesses tenues – disons à 80 % – et certaines choses, justement, ont pris un temps fou.» Et les clubs, de fait, ont un peu l’impression que l’on se sert de leur image pour faire du beurre sur leur dos. Au vu du nombre de clics enregistrés pour les seuls matches de football, la LFL attendrait désormais que le gâteau soit un peu partagé, à considérer que la diffusion lui coûte éventuellement, à elle des rentrées financières au guichet et à la buvette. «On représente un pourcentage énorme de vues, énonce Karine Reuter. Il me semble que RTL a vendu pas mal de pubs grâce à nous, grâce à des caméras qui ont été en partie financées par des fonds alloués par le gouvernement.»
«RTL met les subventions dans la F1? Qu’il continue…»
Pour la présidente du RFCU, il n’est pas encore question de démonter les caméras. Ni même de claquer la pote au nez de RTL. Mais bien de négocier des conditions plus avantageuses. Et seulement si les deux parties se retrouvent face à un constat d’échec, changer de fournisseur, voire mettre un terme à l’«expérience». Cosignataire, la FLF n’a elle pas forcément son mot à dire, mais elle aurait le droit de voir une telle éventualité comme une reculade. Il va falloir toutefois s’y préparer. Car pour boucler le bal des présidents ulcérés, celui de ce club fort pourvoyeur de public pour les statistiques officielles fait des constats amers : «RTL n’investit finalement rien dans le sport national. Les subventions qu’il touche, il les met pour diffuser la F1, par exemple. Tant mieux. Qu’il continue comme ça. Après, quand je vois comme nous sommes suivis en streaming et ce que cela rapporte, je me dis que si on ne nous verse rien, c’est que cela ne vaut rien. Alors pourquoi continuer?».
L’affaire va commencer à prendre une drôle de tournure ces prochaines semaines, tant le public avait fini par sérieusement à s’habituer à ce service. «Je pense que nous aurons collecté toutes les réponses demain ou après-demain», estime Karine Reuter. On saura déjà, alors, s’il y a un risque, même infime de voir RTL cesser d’émettre…
En tant que président d’un club LBBL, je ne peux que confirmer les problèmes décrits et soutenir la mise en question et une renégociation du contrat avec entre autres, une indemnisation des clubs pour chaque retransmission de match.
Depuis le début de cette histoire, j’ai régulièrement mis en question ce deal entre FLBB et RTL sans pour autant avoir des détails et des arguments en faveur du streaming en ce qui concerne les clubs.
La bonne initiative de la FLF pourrait relancer l’affaire…