Stëmm vun der Strooss : «Si nous ne sommes pas là à Noël, ça ne sert à rien d’exister»

Après une année mouvementée, la Stëmm vun der Strooss a investi le centre culturel de Bonnevoie, ce mercredi, pour sa 24e édition de la fête de Noël dédiée aux plus défavorisés. Un parfum de retrouvailles et de solidarité a régné tout au long de la journée.

Comme à l’accoutumée, la froideur hivernale, couplée à l’arrivée imminente des fêtes de fin d’année, vient raviver l’esprit de solidarité que chacun cultive en soi. Personne ne s’imagine laisser un membre de sa famille ou un ami de longue date sur le carreau à l’approche de Noël, d’autant plus que la crise sanitaire a instauré un climat de défiance et distendu de nombreux liens.

La même pandémie aura également eu raison, à deux reprises, de la traditionnelle fête de Noël de la Stëmm vun der Strooss : «Lors des deux précédentes années, nous avons juste organisé une distribution de repas dans nos deux restaurants, situés à Hollerich et Esch-sur-Alzette, avec un ensemble de restrictions», se remémore Bob Ritz, chargé de communication à la Stëmm.

Un parfum de retrouvailles régnait donc au centre culturel de Bonnevoie, mercredi, pour la 24^e édition de la fête de Noël de l’association, qui a pu reprendre ses formes initiales.

 

 

Sans domicile fixe, chômeurs, anciens détenus ou encore réfugiés ont ainsi pu bénéficier d’une journée haute en couleur, rythmée par un repas aux petits oignons, une tombola ainsi qu’une distribution de cadeaux par le père Noël.

Tout un programme, bâti en synergie avec plus de 90 bénévoles de structures et d’entreprises diverses : «Sans vous, rien n’aurait été possible», témoigne, en introduction des festivités, Alexandra Oxacelay, directrice de la Stëmm vun der Strooss.

400 personnes attendues

Sous les reprises musicales des Silverbrothers, la salle principale du centre culturel a embrassé une ambiance des plus égayantes pour l’occasion. Les briques rouges de l’édifice se marient aisément avec les rubans décoratifs disposés sur les tables, tandis qu’une majestueuse crèche trône sur la largeur de la pièce.

«Ici, on peut faire venir du monde et faciliter l’intégration et les échanges. On peut même faire danser les gens sur une piste!», s’enthousiasme Alexandra Oxacelay.

Quelque 400 personnes étaient ainsi attendues par les organisateurs, qui n’ont pas lésiné sur leurs efforts pour offrir le meilleur cadre possible aux bénéficiaires : smoothie à la mangue et carrés de fruits dès l’entrée, sodas et jus sur les tables et, au menu du jour, velouté de potiron et suprême de poulet sauce champignons.

«Si nous ne sommes pas là pour offrir cette fête aux plus démunis, qui n’ont pas toujours un contact avec de la famille et des amis, alors ça ne sert à rien d’exister», pose la directrice de la Stëmm vun der Strooss.

«Apporter un peu d’humanité»

Pour assurer les différents services, l’association a pu compter sur un précieux coup de main de partenaires de longue date, à l’instar du FNEL Scouten ou du cabinet d’avocats Allen & Overy.

«Cela fait près de dix ans que nous apportons notre contribution à la fête de Noël de la Stëmm. Il est important d’apporter un peu d’humanité, puis de voir à quel point les plus démunis sont finalement reconnaissants de ce qu’on a fait», explique Magali Maillot, DRH d’Allen & Overy Luxembourg.

Tandis que 25 jeunes bénévoles de l’entreprise s’attellent à gérer le vestiaire et assurer le service à table, Magali Maillot ajoute : «La jeunesse peut s’identifier à ces éléments fédérateurs et se consacrer à donner un peu à la communauté.»

Dans l’après-midi, les bénéficiaires ont pu profiter d’un service de coiffure et d’animations variées. Une tombola a également eu lieu, peu de temps avant la traditionnelle distribution de cadeaux, sous forme de repas de la Provençale ou d’articles d’hygiènes fournis par l’ASBL Kleiderderbörse.

Enfin, un chèque de 4 333 euros a été offert par la Liberty Speciality Markets à la Stëmm vun der Strooss : «Ces fonds permettront d’inscrire des enfants de parents défavorisés à la crèche», informe Alexandre Oxaceley.

Une urgence sociale

La magie de cette journée n’aura pas fait oublier l’année écoulée, qui n’aura pas été de tout repos pour la Stëmm vun der Strooss. Les retombées de la guerre en Ukraine, l’inflation et la crise énergétique n’ont pas épargné le Luxembourg, qui a observé en parallèle de la chute du pouvoir d’achat, une précarisation de sa société.

Le rapport «Travail et cohésion sociale» du Statec soulevait déjà, pour l’année 2021, un appauvrissement des jeunes, des chômeurs, des locataires et des monoparentaux : «On a remarqué l’arrivée d’un nouveau public, proche du risque de pauvreté, mais qui n’arrive pas à manger à sa faim. Il y a aussi de plus en plus de familles et de réfugiés parmi les bénéficiaires», détaille Mustapha Haddor, éducateur à la Stëmm.

Les sites d’Esch-sur-Alzette et de Hollerich auront ainsi tourné à plein régime, avec plus de 95 000 repas distribués entre janvier et septembre 2022. Ce besoin accru dans le secteur social justifie, dès lors, l’ouverture prochaine d’un restaurant, d’une capacité d’accueil de 30 personnes, à Ettelbruck.

«Des gens se déplacent de partout pour rejoindre Esch ou Hollerich. On voit tous les jours de nouveaux visages, qui viennent même de France ou de Belgique, mais il y a aussi un besoin dans le Nord», déclarait Alexandre Oxaceley dans nos colonnes. L’inauguration de la nouvelle structure est prévue pour le début de l’année 2023.