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Souvenirs d’un Roude Léiw sur Raymond Kopa : « Il ne jouait pas les stars »


"C'était déjà une vedette sur le terrain. Mais dans la vie, il ne jouait pas les stars", se souvient l'ancien gardien luxembourgeois. (illustration AP)

Raymond Kopa, 1ère légende du foot français, s’en est allé vendredi à l’âge de 85 ans. En septembre 1953, il s’était déplacé avec l’équipe de France pour jouer au Luxembourg. Ferdy Lahure était le gardien de but luxembourgeois lors de ce match qui avait réuni 15 000 personnes.

Le monde du foot est en deuil. Une légende s’en est allée. À 85 ans, Raymond Kopa est décédé vendredi matin à Angers des suites d’une longue maladie. Raymond Kopa, c’était le grand Stade de Reims, mais aussi le rouleau compresseur qu’était le Real Madrid de la fin des années 50 (avec Di Stefano, Puskas…). Son palmarès dit tout du joueur extraordinaire qu’il était.

Les Roud Léiwen en 1953.

Les Roud Léiwen en 1953.

Et celui qui avait reçu le Ballon d’or 1958 est venu jouer au Luxembourg.

C’était le 20 septembre 1953 pour être précis. Ce jour-là, le Luxembourg accueillait dans ce qu’on appelait à l’époque le Stade municipal (qui fut rebaptisé plus tard Stade Josy-Barthel) l’équipe de France dans le cadre des qualifications pour la Coupe du monde 1954 (qui allait se tenir quelques mois plus tard en Suisse).

«J’avais discuté avec lui après le match»

Ils sont peu nombreux les joueurs luxembourgeois présents sur la pelouse lors de ce match à être encore de ce monde. C’est le cas de Ferdy Lahure. « La disparition de Raymond Kopa m’a touché. C’était quelqu’un qui comptait. Et penser à lui m’a ramené directement à cette rencontre de 1953 », expliquait vendredi l’ancien gardien des Roud Léiwen, qui fêtera à la fin de ce mois ses 88 ans.

« Je m’en souviens presque comme si c’était hier. Cela fait partie de mes grands souvenirs, avec un déplacement à Essen en Allemagne en 1951 où on avait joué face à la Mannschaft devant 45 000 spectateurs (!) et la magnifique aventure olympique en 1952, où on avait réussi à battre l’Angleterre (5-3), avant de céder face au Brésil (1-2). » Il faut dire que les circonstances de cette rencontre face aux Bleus étaient particulières pour un garçon alors âgé de 24 ans. « C’était la première fois que j’étais capitaine de la sélection ! » C’est donc lui qui a eu l’honneur d’échanger les fanions avec Roger Marche, son homologue hexagonal. « En général, on ne les garde pas. Mais comme c’était mon premier, je l’ai conservé longtemps, avant de le rendre aux instances. »

Ferdy Lahure dans les buts.

Ferdy Lahure avait encaissé 6 buts ce jour-là.

De toute façon, les souvenirs, ils sont avant tout bien présents dans la mémoire de celui qui fit toute sa carrière de footballeur à Niederkorn. « C’était l’équipe de France ! Pas la formation B qu’on affrontait parfois, mais les A. Avec les joueurs du Stade de Reims. Tout le Luxembourg en parlait ! Il y avait un monde fou dans le stade. On avait d’ailleurs augmenté sa capacité. Ce jour-là, il y avait 15 000 personnes. C’est un peu moins que les 17 000 lorsqu’on avait accueilli l’Allemagne un peu avant, mais cela reste exceptionnel ! Le match ? On avait perdu 1-6, mais je vous avoue que je ne me souviens plus des noms des buteurs. »

Pourtant, un certain Raymond Kopa en avait inscrit un, celui du 1-2, après 10 minutes de jeu. « C’est un des meilleurs attaquants que j’ai vus. Il n’était pas très grand, mais allait si vite. Et puis, c’était un mec très gentil. Lors du banquet qui avait été organisé après la rencontre, j’avais pu parler un peu avec lui. C’était déjà une vedette sur le terrain. Mais dans la vie, il ne jouait pas les stars. »

Julien Carette