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[Elections législatives] Smartwielen : «Informer pour bien voter»


Raphaël Kies, professeur en sciences politiques, et Marc Schoentgen, directeur du ZpB, attendent encore plus d’utilisateurs que lors des dernières élections législatives en 2018. (Photo : fabrizio pizzolante)

À l’approche des élections législatives en octobre, le ZpB et l’université du Luxembourg ont relancé Smartwielen, un outil d’information ludique afin d’informer et synthétiser les programmes des partis.

«Soyons réalistes, presque personne ne lit les longs programmes des partis que l’on reçoit dans nos boîtes aux lettres ou dans la rue. Par exemple, j’ai reçu huit dépliants rien qu’avec un parti !» Quelques jours après les élections communales, Marc Schoentgen reste marqué par la surcharge d’informations lors de la campagne électorale. Pourtant, ce dernier s’y connaît en politique, en tant que directeur du Zentrum fir politesch Bildung (ZpB).

Toute l’année, lui et ses équipes travaillent afin d’«enlever les barrières entre les gens et la politique», l’une d’elles étant «l’abondance d’informations, plus ou moins bien structurées». Un obstacle qui va de nouveau se présenter en octobre prochain, lorsque de nouveaux programmes qui seront distribués pour les élections législatives. Alors, afin de remédier à une surcharge, le ZpB a relancé Smartwielen, son outil numérique déjà utilisé lors du dernier scrutin en 2018, ainsi qu’aux élections européennes en 2019.

Une quarantaine de questions

À partir d’un questionnaire en ligne sur différentes thématiques, de la retraite à la politique étrangère, Smartwielen indique aux répondants vers quels partis et candidats ils se rapprochent en fonction de leurs opinions. Réalisé en partenariat avec l’université du Luxembourg, «le but n’est pas de l’influencer mais de donner des informations, car on ne peut pas connaître tous les candidats, qui, parfois, ont des avis différents de leur parti», explique Raphaël Kies, professeur en sciences politiques. «Notre but, c’est d’informer pour bien voter.»

Après avoir répondu à une quarantaine de questions diverses, les internautes reçoivent le «smartspider», un graphique en toile d’araignée superposant leurs opinions à ceux des candidats. Selon le taux de compatibilité avec les candidats, un classement exhaustif est aussi réalisé par l’algorithme du site. «Tous les partis sont sur un pied d’égalité, ils sont exposés pareil, ce qui n’est pas le cas dans les campagnes de publicité par exemple.»

La phase de consultation ouverte

Dans la veine de la participation citoyenne encouragée par le ZpB, les citoyens sont aussi appelés à participer à la conception de Smartwielen. Jusqu’au 5 juillet, une phase de consultation est en cours sur le site (Smartwielen.lu) afin que chacun puisse, anonymement, proposer trois questions. «Ce n’est pas sûr qu’elles soient retenues, car on peut y avoir déjà pensé», prévient le directeur du Zpb, qui réalise le questionnaire aussi avec l’aide d’experts, de journalistes et d’acteurs de la société civile. Puis, après les électeurs, au tour des partis de participer en répondant à la batterie de questions.

Sans y être obligé, ces derniers se prêtent tout de même au jeu «car ils remarquent que l’on a de plus en plus de visibilité». Pour les candidats, qui ont jusqu’au 8 août pour répondre, la langue de bois est interdite : «Ils ne peuvent pas être neutres, c’est oui ou non car ils doivent savoir se positionner». À côté de leurs réponses, ces derniers peuvent également argumenter brièvement et expliquer leur choix afin de «permettre de différencier des partis assez proches au Luxembourg».

Opérationnel en septembre

Après ces deux phases de consultation, Smartwielen sera ensuite opérationnel à partir du 8 septembre, à un mois du scrutin. En 2018 et 2019, 200 000 personnes avaient consulté le site. Cinq ans plus tard, «on pense qu’on aura plus de monde encore», prédit Raphaël Kies. Une future hausse notamment liée aux jeunes, ces primo-votants qui représentaient déjà la majorité des utilisateurs. Moins informés et plus volatiles : «Souvent, ils ne savent pas quelles sont les différences entre untel ou untel.» Disponible sur téléphone, le site se veut alors comme un canal d’informations ludique et accessible pour cette génération d’électeurs «peu intéressés par la politique classique et les partis».

Après la fin du scrutin, le projet ne s’arrêtera pas puisque le site sera mis à jour pour les européennes en juin 2024. De plus, un volet de recherche est également prévu. «Nous allons faire un questionnaire post-élections afin de savoir si nous avons vraiment un impact sur les gens», annonce Raphaël Kies. «On sait que certains ne savent pas pour qui voter le jour même des élections. Donc, on veut savoir si cela permet vraiment de les sensibiliser afin de voter en étant bien informés.»