Deux hommes cagoulés ont tiré sur des fidèles dimanche dans une mosquée au Canada, faisant six morts, une attaque inédite que le Premier ministre Justin Trudeau a qualifié d' »acte terroriste ».
Les deux hommes ont fait irruption dans l’enceinte du centre culturel islamique de Québec aux environs de 19h30 dimanche, à la fin de la dernière prière de la journée, avant de faire feu. Ils ont été arrêtés par la police.
Une cinquantaine de personnes étaient rassemblées dans la mosquée et les secours ont déploré six morts et huit blessés, a indiqué lundi Christine Coulombe, porte-parole de la sûreté du Québec lors d’un point de presse.
« Nous condamnons cet attentat terroriste dirigé contre des musulmans se trouvant dans un lieu de culte et de refuge », a déclaré le Premier ministre canadien Justin Trudeau dans un communiqué.
C’est la première fois qu’une attaque de ce genre vise une mosquée au Canada où la population de religion musulmane est estimée à environ 1,1 million, selon l’institut de la statistique.
« Comme ailleurs dans le monde, Québec est frappé par le terrorisme. Nous allons y faire face ensemble avec courage et avec solidarité », a assuré Philippe Couillard, chef du gouvernement de la province francophone.
En France, le président François Hollande a dénoncé « avec la plus grande fermeté l’odieux attentat » dans la mosquée de Sainte Foy, l’une des dix mosquées de Québec.
Quelques heures après la tragédie, la police cherchait à reconstituer le déroulé des faits en interrogeant les témoins rescapés de la fusillade rassemblés dans un centre sportif proche de la mosquée.
« Les deux hommes portaient une cagoule noire » et l’un avait « un fort accent québécois », a expliqué un témoin interrogé par Radio-Canada. Quand les tirs ont commencé « les hommes se sont jetés à terre », a-t-il ajouté.
« Deux personnes ont été arrêtées » et placées en garde à vue, a indiqué Cristine Coulombe, l’une « à proximité des lieux et un autre suspect » près de l’île d’Orléans à une vingtaine de kilomètres des lieux où s’est déroulée la fusillade.
« Pour le moment, rien ne nous porte à croire qu’il y aurait d’autres suspects reliés à l’événement », a ajouté la porte-parole de la police.
Quelques minutes après la fusillade, un important dispositif policier a été déployé, et les premiers blessés ont été soignés dans des ambulances sur place.
C’est dans le quartier résidentiel Sainte-Foy, bordant une vaste zone de bureaux et de commerces à une dizaine de kilomètres à l’ouest du centre historique de la ville de Québec, que le drame s’est joué.
Le même lieu de culte avait été l’objet l’été dernier d’un geste à caractère haineux, quand une tête de porc avait été déposée devant l’une de ses portes. Plusieurs autres mosquées avaient également été l’objet à travers le Canada de dégradations au cours des deux dernières années.
« La diversité est notre force et, en tant que Canadiens, la tolérance religieuse est une valeur qui nous est chère », a souligné Justin Trudeau.
« Les musulmans canadiens constituent un élément important de notre tissu national, et des gestes insensés comme celui-là n’ont pas leur place dans nos communautés, nos villes et notre pays », a-t-il ajouté.
Le chef du gouvernement avait samedi lancé un message de rassemblement et d’unité en promettant d’accueillir les réfugiés « indépendamment de leur foi ». Des propos qui se démarquaient de la politique américaine après la décision du président Donald Trump d’interdire l’entrée des Etats-Unis aux ressortissants de sept pays musulmans.
« Nous partageons tous et toutes un sentiment d’horreur et d’incrédulité », a déclaré Philippe Couillard lors d’une conférence de presse aux côtés du maire de Québec, Régis Labeaume qui a « l’impression de rêver ».
Pour le maire en sanglots, « Québec est en deuil, cette magnifique ville (…) vit un drame sans nom ».
Les témoins avouaient leur incompréhension après cette fusillade. « Je ne comprends pas pourquoi ici, c’est une petite mosquée et Québec, ce n’est ni Montréal, ni Toronto » (sud-est), a déclaré un homme qui était à l’intérieur du centre au moment de l’attaque, sans vouloir donner son identité.
D’autres responsables politiques à l’étranger ont également dénoncé cette attaque comme le Premier ministre belge Charles Michel qui a condamné sur son compte Twitter « l’attentat lâche de Québec ». Pour la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini « l’Union européenne est avec le Canada et avec tous les Canadiens en ce jour triste ».
Le Canada a fait l’objet en octobre 2014 à deux attaques menées par des jeunes hommes radicalisés aux idées jihadistes. En août 2016, un Canadien de 24 ans avait été tué par la police juste avant de perpétrer un attentat suicide et après avoir prêté allégeance au groupe Etat islamique dans une vidéo.
Près de 60 Canadiens sont rentrés au Canada après avoir rejoint à l’étranger les rangs d’organisations classées « terroristes » par le gouvernement et 180 autres sont toujours engagés auprès de ces organisations comme le groupe Etat Islamique, selon les services de renseignements.
Le Quotidien / AFP