Ce jeudi matin, Luc Holtz livre son groupe pour la prochaine semaine internationale. Entretemps, ses réfugiés ukrainiens ont regoûté au terrain contre… la lanterne rouge de Division 1. Et des joueurs éberlués.
Le 8 mars, au stade Jos-Haupert, a eu lieu tout sauf un match amical ordinaire. «C’était déjà une sacrée chose d’affronter une DN, mais quand mes joueurs ont vu que Mahmutovic et les Thill étaient là, qu’ils allaient les affronter, ils avaient du mal à y croire.»
Il ne manquait finalement plus que la présence du sélectionneur national, Luc Holtz, au bord du terrain pour sidérer tout le monde mais celle-ci n’était finalement pas nécessaire. Abderrahmane Ennassouh, le coach du Luna Oberkorn, a regardé ses petits gars monter sur la pelouse niederkornoise avec la pétoche. Son milieu de terrain Allen Kosar le reconnaît, certains de ses coéquipiers «étaient un peu angoissés».
On les comprend. Quand on est lanterne rouge de Division 1 série 2, qu’on n’a gagné qu’un seul match en vingt journées, encaissé 74 buts et qu’on se retrouve face à trois internationaux «réfugiés» qui n’avaient plus regoûté à un match depuis un stage en Turquie, en présaison, pour une reprise qui n’a jamais eu lieu à cause de la guerre, on se demande à quelle sauce on sera mangé.
13-0, «ils avaient l’air affûtés»
On ne va pas faire durer le suspense plus longtemps : 13-0. Avec des matches complets pour Mahmutovic et Oli Thill et une grosse demi-heure pour Vincent Thill. «Ils ont été sérieux du début à la fin, s’enthousiasme Ennassouh. Ils ont vraiment respecté le football, nous ont fait courir, c’était beau à voir. Vincent Thill, techniquement, c’est impressionnant. Et tous les trois m’avaient l’air affûtés.»
On n’ira pas jusqu’à dire que l’analyse est de bon augure avant les matches contre l’Irlande du Nord et la Bosnie. Ce serait trop simple. Justement parce que c’était trop simple. Pourtant, ce tout petit adversaire a eu le loisir de se rincer l’œil.
«Ça allait trop vite, remarque Alessandro Sartini, joueur du Luna. Quand on regarde des joueurs comme ça à la télé, on ne peut pas s’empêcher de commenter, de critiquer, de trouver un truc à redire. Mais là, quand tu es en face des gars, bon sang… ils ne perdent pas un seul ballon. C’était beau.»
«On n’a jamais passé le milieu de terrain, poursuit l’Oberkornois. C’était dur de les cerner individuellement parce que collectivement, tout le monde jouait à une touche de balle, donc… Mais le truc qui m’a le plus impressionné, c’était Olivier Thill. Il était là, au milieu, et le gars se baladait. Tranquille. On n’arrivait pas à le rattraper, à mettre la main dessus. Pour eux, ce match, ce n’était rien, mais moi, je m’en souviendrai.»
«On voit que ça le travaille»
Ce week-end, contre le Cebra, l’actuel 2e de Division 1 et postulant à la PH, tout sera bien plus facile, théoriquement. Dans quelques semaines, le Luna, lui, redescendra en Division 2. Il restera à ses joueurs ce sommet inofficiel pour couronner une saison ratée. «C’est le Graal», admet Ennassouh.
Pas pour Allen Kosar, ancien camarade de classe d’Alen Skenderovic et coéquipier d’Olivier Thill en catégories jeunes du Progrès : «C’est normal que ce soit lui qui ait le mieux réussi. Il ne sortait jamais, c’était un des plus sérieux. Mais mardi, ça nous a bien fait rire quand il m’a passé quelques crochets». L’Oli Thill qu’il a revu sur le terrain la semaine dernière lui a quand même paru «marqué».
«Il a encore des coéquipiers là-bas, en Ukraine, avec qui il est en contact. On voit que ça le travaille.» Cela ne devrait pas l’empêcher d’être nommé par le sélectionneur pour retrouver un niveau plus conforme à son standing qu’un amical contre une Division 1. «Quand je pense qu’on n’a pas pensé à prendre des photos», soupire Ennassouh…