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Sécheresse : le ministère de l’Agriculture veille au grain


En cas de perte de récoltes, le ministère aide les agriculteurs frappés par la sécheresse «en subventionnant les primes des contrats d’assurances spécifiques contre la sécheresse». (Photo : Hervé Montaigu)

La situation des réserves d’eau du Luxembourg n’est pas grave, mais elle est suffisamment préoccupante pour que les agriculteurs s’assurent contre d’éventuelles pertes.

S’il est encore trop tôt pour faire des estimations exactes concernant les rendements agricoles et le bilan de la sécheresse printanière ou pour déterminer les effets définitifs, le ministère de l’Agriculture, de la Viticulture et du Développement rural veille au grain. Claude Haagen l’assure au député libéral Gusty Graas qui s’inquiète du sort des agriculteurs confrontés aux répercussions du changement climatique sur leurs cultures, ainsi que de l’état des nappes phréatiques.

«Les céréales de printemps restent fortement marquées par la sécheresse et la situation demeure critique», concède le ministre dans sa réponse parlementaire. «La vague de chaleur de mi-juin risque d’aggraver davantage l’impact de la chaleur sur les cultures agricoles et horticoles.»

La situation est donc suivie de très près. En cas de perte de récoltes, le ministère aide les agriculteurs frappés par la sécheresse «en subventionnant les primes des contrats d’assurances spécifiques contre la sécheresse et recommandant au secteur de sassurer», appuie le ministre.

Des assurances contre les pertes de récolte

Les exploitants agricoles ont donc à leur disposition des assurances contre les pertes de récoltes subies à la suite, entre autres, de la sécheresse sur les prairies et pâturages, ainsi que sur les cultures de céréales, de maïs, de betteraves, de colza, de légumineuses et de pommes de terre à raison de 65 %.

Ces assurances sont indexées et calculées sur la base des données météorologiques. L’an passé, le ministère de l’Agriculture a payé plus de 3 millions d’euros aux exploitations lésées. Le nombre de contrats signés pour l’année en cours présente une légère hausse dans le secteur des céréales ainsi que des prairies et pâtures.

Les agriculteurs luxembourgeois assurent leurs arrières d’autant plus que les prix de vente des céréales flambent et que la valeur de la production assurée par un tel contrat a augmenté d’environ 13 % et couvre 38 % de la surface des céréales et oléagineux. Cependant, contrairement au gouvernement français qui a dégagé 20 millions d’aides supplémentaires pour les agriculteurs, le Luxembourg n’a pas prévu de régime d’aide supplémentaire au soutien du système d’assurances, précise Claude Haagen.

Ne pas gaspiller l’eau

De tels contrats s’avèrent d’autant plus avantageux que «la situation actuelle – du point de vue de la recharge des sols en eau – s’avère moins favorable que celle de l’année passée», note Claude Haagen, précisant au député libéral que «la recharge cumulée connaît un déficit total calculé de près de 30 % fin mai 2022». Si le ministre se montre rassurant, il alerte : «L’état quantitatif général des eaux souterraines du Luxembourg ne se situe pas à un niveau préoccupant.»

Suivant les prévisions, une stabilisation des niveaux d’eau souterraine serait à attendre à court terme. Cependant, «un déficit significatif au niveau de la recharge pendant la prochaine période hivernale entraînerait très probablement une diminution de l’état quantitatif». Notamment à la principale ressource d’eau souterraine constituée par les couches géologiques du grès de Luxembourg.

Plus que jamais, il convient de ne pas gaspiller l’eau. Le ministre s’attend à une augmentation de la consommation d’eau potable cet été. Le niveau des eaux souterraines sera suffisant pour compenser les besoins en eau potable pour les mois à venir, note Claude Haagen. Il redoute plutôt des problèmes au niveau des infrastructures de distribution.

Une sensibilisation de la population

«En raison de la forte croissance économique et démographique de ces dernières années, les infrastructures de distribution d’eau potable au niveau communal ne sont plus toujours adaptées à la forte demande en eau potable pendant les périodes de consommation de pointe», avance-t-il.

«Pour atténuer cet effet et pour éviter au maximum que les communes soient contraintes de déclarer des phases orange, voire rouges, la population est sensibilisée aux économies d’eau potable durant les mois d’été et de façon générale.» Une telle phase de sensibilisation a été lancée le 16 juin par le ministère de l’Environnement, du Climat et du Développement durable ainsi que par l’administration de la Gestion de l’eau.

Les réserves d’eau du Luxembourg sont suffisantes et les agriculteurs sont assurés de recevoir une aide financière en cas de perte de leurs cultures, mais ces deux facteurs ne doivent pas éclipser la gestion de l’eau et les réponses au quotidien des citoyens pour limiter les effets du réchauffement climatique.