Schengen barre la route aux frontaliers

Pour éviter le passage saturé de la douane de Mondorf(f), les frontaliers utilisent matin et soir le réseau secondaire. Et parfois de petites routes, dont l’une vient de leur être interdite par Schengen.

Les bourgmestres de part et d’autre de la frontière franco-luxembourgeoise du côté de Mondorf(f) sont excédés par tous les frontaliers qui empruntent le réseau secondaire pour échapper aux bouchons formés au passage de la douane à Mondorf(f). Toutes les astuces sont bonnes, quitte à faire des kilomètres supplémentaires et à traverser les petites communes rurales.

Le bourgmestre de Schengen, là où fut signé l’accord de libre circulation en 1985, a décidé de fermer un passage frontalier aux heures de pointe pour préserver la tranquillité de quelques riverains qui ne comptent plus les voitures qui traversent le petit pont niché au creux d’un vallon bucolique. Ce chemin communal accessible depuis la route nationale qui mène tout droit sur la frontière luxembourgeoise après Beyren-lès-Sierck sera interdit à la circulation aux heures de passage des frontaliers, c’est-à-dire de 6h à 9h et de 16h à 19h.

Le maire de Puttelange-lès-Thionville, Joseph Ghamo, a été prévenu le 9 mai dernier par un échevin de la commune de Schengen des travaux qui allaient être entrepris sur le chemin qui mène de Puttelange à Emerange (L) consistant à installer une borne escamotable et un radar. Le maire est donc prié de mettre en place une signalisation adéquate de son côté pour informer les automobilistes.

«Ces travaux vont entraver définitivement la possibilité de franchir la frontière pendant six heures, en journée. Ces dispositions et leurs conséquences (passages des secours, des exploitants agricoles, etc.) dépassent le cadre de la commune. […] Est-ce que cette démarche est légale ?», interroge le maire en se tournant vers le sous-préfet de Thionville à qui il explique que «ces travaux sont entrepris à la suite de la pression publique luxembourgeoise due au trafic intense constaté à ces heures».

Situation encore plus dégradée

La réponse du sous-préfet, neuf jours plus tard, ne l’a pas beaucoup aidé : «Sauf à démontrer devant la justice luxembourgeoise que ces mesures ne relèveraient pas de la compétence de celui qui les a prises ou qu’elles contreviendraient aux lois et règlements de ce pays, ce que j’ignore, les décisions prises en la matière par les autorités luxembourgeoises ne relèvent pas de ma compétence, ni d’une quelconque autre autorité de ce côté-ci de la frontière. Leur contestation ne pourrait éventuellement relever que d’une intervention nationale si la multiplication de telles mesures de police pouvait s’interpréter comme une entrave à la libre circulation des personnes et des biens, au sens des traités européens, ce qui n’est évidemment pas le cas en l’espèce.»

Pour le maire de Puttelange-lès-Thionville, cela signifie que ce flux de voitures empêchées de passer dorénavant par Emerange «va encore dégrader une situation bien difficile». En effet, les bouchons se forment sur la RD1 à partir de la sortie de Beyren, à plusieurs kilomètres avant la douane de Mondorf. «De plus en plus d’automobilistes prennent les routes secondaires en passant par Halling et Himeling, engendrant ainsi de nombreux problèmes de sécurité et d’environnement», écrit le maire de Puttelange qui administre également les deux hameaux agricoles cités dans sa correspondance avec le sous-préfet.

Il précise qu’une étude réalisée récemment sur le comptage de véhicules aux différents points de frontière place le point de passage de Mondorff en deuxième position du territoire intercommunal de Cattenom et environs après celui de Zoufftgen.

Geneviève Montaigu