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Sanctions contre la Russie : la Chambre reste déterminée


Les arguments livrés par Fernand Kartheiser (ADR) pour mettre fin aux sanctions contre la Russie n’ont pas convaincu les députés des cinq autres partis siégeant à la Chambre. (Photo : archives lq/julien garroy)

Une très large majorité de la Chambre des députés a adressé, ce mardi, une fin de non-recevoir l’ADR, venu dénoncer l’«inefficacité» des mesures censées affaiblir l’agresseur de l’Ukraine.

Ce sont des mots parfois très durs qui ont été employés, hier, après que Fernand Kartheiser a lancé l’interrogation suivante : «Acceptons-nous que l’on détruise notre économie et laisse tomber nos gens dans la misère sociale, uniquement parce que certains pays veulent absolument prolonger la guerre pour contraindre à une solution militaire au lieu d’une solution politique?».

Le chef de file de l’ADR à la Chambre vise clairement les pays de l’Occident ayant décidé des «sanctions inefficaces» contre la Russie et le régime de Vladimir Poutine, à la base de la guerre d’agression menée depuis plus d’un an contre l’Ukraine. «Une fin de l’opération militaire spéciale n’est pas en vue alors que nous sommes censés soutenir une politique de sanctions qui nous pénalisent et qui sont maintenues, car les gouvernements occidentaux ne veulent pas admettre leur échec, avec à la clé un coût important pour notre économie et nos citoyens», renchérit l’ancien diplomate.

«Vous reprenez intégralement le narratif du Kremlin», rétorque sans tarder Claude Wiseler (CSV). «On a par moments pu penser qu’un représentant de la Douma (NDLR : le Parlement russe) s’adressait à la Chambre. Vous cherchez à semer la zizanie. Ce qui a été dit est très grave», ajoute Gusty Graas (DP). «Vous entonnez la même mélodie que tous les autres partis d’extrême droite, qui accusent les gouvernements nationaux d’être coupables et non pas le régime de Vladimir Poutine. Quelle pauvreté!», s’insurge encore Yves Cruchten (LSAP).

Le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, fait un pas de plus en affirmant que «depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, plus aucun député n’a tenu un discours tellement empreint d’extrême droite».

«Un signal politique fatal»

Lors du débat, plusieurs intervenants n’ont cependant pas caché le fait que les sanctions ont aussi eu un impact sur les pays européens. «Il faut néanmoins rappeler qui souffre le plus de la situation. Ce sont ceux qui sont attaqués, massacrés et violés», introduit Claude Wiseler. Yves Cruchten est venu souligner les trois paquets de la tripartite négociés par le gouvernement «pour réagir à l’inflation et à la crise énergétique». «La guerre a aussi des répercussions sur les ménages luxembourgeois. On reste d’avis qu’il faut les aider plus directement. Or, le seul chemin pour stopper la misère en Ukraine, en Europe et dans le monde est que la Russie retire ses troupes et mercenaires», enchaîne Sven Clement (Parti pirate).

«Notre responsabilité collective est de maintenir les sanctions, même si elles n’amènent pas dans l’immédiat la fin de la guerre», conclut notamment Stéphanie Empain (déi gréng). «Au bout d’une année, ce n’est pas très sensé de tirer un bilan définitif. Affirmer que les sanctions sont superflues est fondamentalement faux», complète Claude Wiseler.

Une motion appelant le gouvernement à s’engager pour le retrait des sanctions de la Russie a finalement été rejetée par 56 non, contre les 4 oui des élus de l’ADR. Même déi Lénk a voté contre, alors que Nathalie Oberweis a estimé les sanctions trop peu ciblées contre le régime de Poutine. La députée a aussi critiqué le fait que l’Occident ait «surestimé son influence» pour convaincre d’autres puissances de participer aux sanctions. Mais l’absence de toute réaction aurait envoyé un «signal politique fatal».

Des «concessions territoriales»,
une nécessité pour rétablir la paix?

Fernand Kartheiser a répété, hier, la formule de son parti pour rétablir la paix : «La solution diplomatique est la seule valable pour protéger des vies, pour préserver le plus possible le territoire ukrainien et pour éviter toute escalade du conflit.» Le député de l’ADR a complété plus tard que des «concessions territoriales font toujours partie des négociations de paix». Un «refus absolu» de telles concessions par l’Ukraine rendrait impossible tout accord de paix, «déjà pour la seule question de la Crimée», que la Russie a – contre tout principe du droit international – annexée en 2014.

Une motion de l’ADR, appelant le gouvernement à soutenir, sur cette base, une conférence de paix internationale, a finalement été soutenue par déi Lénk. «Nous demandons des efforts pour rétablir la paix, même si l’on sait que ce n’est pas simple», a défendu Nathalie Oberweis.

Tous les autres partis ont dénoncé l’«hypocrisie» de l’ADR. «Poutine affirme et démontre tous les jours qu’il ne veut pas de paix. Cette motion est un non-sens», a notamment fustigé Yves Cruchten, le chef de fraction du LSAP.

3 plusieurs commentaires

  1. Et quel discours tiennent alors la CSV et NDLR ? Le discours de soumission à un pays impérialiste, criminel et terroriste qui est l’amérique!!! Plus d’un politicien et têtes  »bien pensantes » américaines ont dit quel était le but de cette guerre par procuration…. Mais si on ne se tient pas à la doxa, ont est accusé d’extrême droite-gauche-centre ainsi que d’antisémite… Aussi, on dirait que les politiques sont amnésiques avant février 2022!!! En attendant, le clown joueur de piano à queue et ses oligarques deviennent richissimes avec le détournement de l’argent destiné aux  »aides » et même la CIA l’affirme!

  2. Bah oui, c’est logique de considérer que l’agresseur dont les soldats décapitent des prisonniers a forcément raison et qu’il suffit d’être gentil avec pour que tout s’arrête. Ne pas réagir à l’attaque de la Crimée en 2014 a directement mené à la guerre actuelle. N’oublions jamais que la Russie peut en finir avec cette guerre simplement en retirant ses troupes d’Ukraine. Et que la Russie mène une guerre visant à détruire non seulement l’Etat ukrainien, mais aussi son peuple, sa langue, sa culture.
    Si le gouvernement russe n’est pas stoppé aujourd’hui, ce seront ensuite les Etats baltes, la Pologne, la Roumanie, qui seront en danger.
    C’est quand même bizarre que ce discours conciliant avec le dictateur Poutine émane toujours des mêmes tendances politiques, et ce, malgré toutes les horreurs commises par les troupes russes.

  3. Errare humanum est, perseverare dabolicum!
    Voilà ce que nos députés devraient méditer.
    Et quant un député dut la vérité, on le taxe d’extrême-drouate, de porte parole de la duma, alors que ce sont les paroles mêmes d’un dirigeant de l’UE, membre de l’Otan.