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Royaume-Uni : Rishi Sunak, nouveau Premier ministre


Rishi Sunak avait un boulevard devant lui depuis que Boris Johnson s'était retiré de la course à Downing Street dimanche. (Photo : AFP)

Le conservateur Rishi Sunak va devenir le prochain Premier ministre britannique à la suite de Liz Truss, son unique concurrente dans la course, la ministre Penny Mordaunt, n’ayant pas obtenu lundi le nombre de parrainages.

« Rishi Sunak est élu chef du Parti conservateur », a annoncé Graham Brady, chargé de ces questions au sein de la formation au pouvoir depuis 12 ans.

L’ancienne ministre de la Défense Penny Mordaunt avait juste avant reconnu sa défaite, apportant sur Twitter son « plein soutien » à Rishi Sunak, ancien ministre des Finances de 42 ans qui devient le premier chef de gouvernement non-blanc de l’Histoire du Royaume-Uni.

L’ancien Premier ministre britannique Boris Johnson s’était, lui, retiré dimanche soir de la course à Downing Street, dans un coup de théâtre spectaculaire à quelques heures de la clôture des candidatures.

L’heure de la revanche pour Rishi Sunak

Il était apparu trop technocrate, trop timoré, voire, pour certains, trop lisse. Battu l’été dernier par Liz Truss, Rishi Sunak tient sa revanche : il a écrasé lundi toute concurrence et s’apprête à devenir le chef du gouvernement britannique, le premier non-blanc à accéder à ce poste.

Cet ancien cadre de la banque Goldman Sachs et ex-ministre des Finances de 42 ans a rassemblé derrière lui une immense majorité de députés du Parti conservateur à l’issue d’une campagne éclair pendant laquelle il n’aura pas prononcé un mot en public, se contentant d’une annonce de candidature par un simple tweet.

En pleine crise économique et sociale, aggravée par la tempête financière provoquée par la politique économique de l’éphémère Liz Truss, il se retrouve propulsé à Downing Street avec une crédibilité au plus haut.

Signe de son retour en force, à l’issue de près de deux mois de silence médiatique, il a rallié la plupart des soutiens de Boris Johnson. Un comble pour celui qui souffre d’une réputation de traître : il avait claqué la porte du gouvernement début juillet, suivi ensuite par une soixantaine de collègues, acculant « BoJo » à la démission après une série de scandales.

Le succès de Rishi Sunak couronne une ascension météorique au sein du Parti conservateur. Élu député du Yorkshire (nord de l’Angleterre) en 2015, il accède à peine cinq ans plus tard, à 39 ans, au poste très convoité de ministre des Finances. 

Mais sa fortune, amassée au cours de sa carrière dans la finance et via son mariage avec Akshata Murty, fille d’un multimilliardaire indien, indispose parfois, quand les Britanniques se serrent la ceinture. Comme cette vidéo, qui ressort régulièrement, où, jeune, il admet en riant ne pas avoir d’amis issus de la classe ouvrière.

Des défis immenses

Flambée de l’énergie et des taux d’intérêt, moral des consommateurs et des entreprises en berne, défiance des marchés : le nouveau Premier ministre Rishi Sunak hérite d’une économie britannique à genoux et à l’image très détériorée auprès des investisseurs.

Depuis des mois, le pays enchaîne les épreuves. La pandémie, l’impact du Brexit devenu effectif en janvier 2021, la guerre en Ukraine, la flambée des coûts de l’énergie et de l’alimentation, et son corollaire la montée de la pauvreté avec des millions de Britanniques étranglés par les factures.

À cela s’est ajouté le chaos politique, entre les scandales du gouvernement de Boris Johnson et la tempête sur les marchés entraînée par le bref passage de Liz Truss à Downing Street et le « minibudget » de son encore chancelier de l’Échiquier Kwasi Kwarteng.

Exactement ce qu’avait prédit Rishi Sunak dans sa campagne perdue contre Liz Truss pour remplacer Boris Johnson à Downing Street, quand lui prônait l’exact opposé : un retour à l’orthodoxie budgétaire.

Aujourd’hui, les voyants économiques sont au rouge : l’inflation à 10 % est la plus élevée du G7 et au sommet depuis 40 ans. Le PIB a reculé en août et l’indicateur PMI avancé montre en octobre une plus ample détérioration, les analystes estimant que le pays se dirige vers la récession. Les ventes au détail ont chuté en août, montrant que l’inflation commence à rogner le porte-monnaie des consommateurs.

Il n’y a guère que le taux de chômage qui reste au plus bas depuis 50 ans, mais c’est largement dû à un manque de travailleurs et une sortie de demandeurs d’emploi du marché du travail.