Après deux ans de complications liées au covid, le 61e Bazar international a attiré novices et habitués, guidés par la curiosité et l’envie de fêter d’autres cultures.
Finies, les inquiétudes liées à la fréquentation en temps de covid : pour sa 61e édition, le Bazar international de Luxembourg a célébré un retour à la normale en grande pompe! Avec plus de 25 000 visiteurs attendus sur l’espace d’un week-end, l’évènement entendait conjurer le sort des deux précédentes éditions qui ont joué de malchance (annulée en 2020, réduite en 2021). À raison : si l’on en croit le flux de visiteurs qui, au plus fort de la manifestation, formaient une file étendue sur trois rues, Luxexpo The Box semblait bel et bien être «the place to be» ce week-end, à la rencontre d’une cinquantaine de pays du monde et de leurs spécialités.
«C’est très impressionnant. Notre curiosité est constamment stimulée», réagit Élisabeth, 30 ans, après un premier tour rapide dans les halls 7 et 8 de Luxexpo, où le Bazar s’est tenu cette année. C’est la première fois que cette Française visite l’évènement, mais elle semble déjà sous le charme. Elle refera son tour du monde miniature une seconde fois, en s’arrêtant plus longuement devant les stands qui lui ont déjà fait de l’œil : la Scandinavie ainsi que la Slovaquie et les pays baltes, «pour leurs belles décorations de Noël» et parce que «leurs stands tout en bois sont magnifiques».
Kabuli palao, goulash, bortsch…
Pour ce qui est de manger, la jeune femme, comme la plupart des visiteurs, n’est pas en reste. Elle dit vouloir laisser le hasard décider pour elle, surtout au vu de la richesse de ce qui est proposé au public, une abondance de choix qui complique un peu sa décision. «La nourriture est le premier et le meilleur moyen de découvrir une autre culture», affirme-t-elle.
Et la plupart des 49 nations représentées par un stand au Bazar international proposent des spécialités préparées sur place. Ainsi, on peut s’arrêter manger une copieuse part de pastitsio du côté de Chypre, déguster une tranche de saumon fumé sur du pain traditionnel islandais ou se réchauffer avec un bol de goulash en République tchèque ou de bortsch au stand très fréquenté de l’Ukraine.
Pour sa première participation au Bazar international, l’Afghanistan est représenté uniquement à travers sa nourriture (la situation actuelle du pays empêchant l’acheminement de produits artisanaux). Les bénévoles aux manettes du stand sont par ailleurs très sollicités et toujours en mouvement : malgré la taille réduite de leur emplacement, les cuisines occupent tout l’espace, et le monde se presse pour découvrir la carte des spécialités ou boire un thé traditionnel.
«C’est la principale raison pour laquelle on aime venir ici : connaître de nouvelles choses en se faisant plaisir», dit Mathieu, accompagné de sa femme et de leur fils, devant leur assiette de kabuli palao, le plat national afghan, fait à base de riz cuit à la vapeur, de carottes, de raisins secs et de viande d’agneau. «Et puis l’ambiance est super, poursuit-il. C’est quand même génial de pouvoir se balader librement de pays en pays, simplement guidé par le sens de la découverte.» «Cet évènement, c’est presque un acte humaniste», renchérit Solène, sa compagne.
Ce qui n’est pas tellement exagéré, puisque le Bazar, qui vit entièrement grâce aux bénévoles (pas moins de 1 300), reverse et partage la totalité des bénéfices engrangés entre 43 œuvres caritatives du monde entier. «Je préfère savoir que l’argent sera utilisé pour soutenir des causes importantes», juge Élisabeth. Et si les organisateurs de l’évènement soutiennent que le Bazar n’a rien de politique, leur démarche reste un bel exemple de vivre-ensemble.
La fête au Pérou
Impossible, notamment, de passer à côté de l’effervescence du stand ukrainien, qui pique la curiosité de tous les visiteurs, alors que la Russie a choisi, pour sa part, de ne pas participer à cette 61e édition du Bazar. «Kherson is free !», peut-on lire tout en haut du menu des spécialités culinaires locales, tandis que les bénévoles sont demandés de toutes parts par les visiteurs qui vont et viennent entre les rangées de vêtements et les objets artisanaux.
«Ça fait chaud au cœur de voir, non seulement, que l’intérêt des gens est sincère, mais aussi que l’ambiance, malgré tout ce qui se passe, est vraiment à la célébration du pays et de son identité», analyse une visiteuse, en attendant son bortsch.
Pour ce qui est de la fête, le stand du Pérou, à proximité de celui de l’Ukraine, semble bien s’y connaître : avec six bénévoles tout sourire – dont cinq d’origine péruvienne, et de la même famille –, improvisant des pas de danse sur une musique festive, on ne résiste pas à l’envie de s’arrêter. «Ça fait longtemps qu’on participe au Bazar, c’est toujours un grand moment», dit Jérôme, qui prépare de grandes cruches de pisco sour, le cocktail national qui, même bu avec modération, donne une envie irrésistible de danser.
À l’heure de l’apéro, l’énergie déployée attire les curieux. «C’est très bon, très frais, mais ça n’est peut-être pas pour les moins aguerris», plaisante le jeune homme. Ce qui laisse aux curieux un an pour s’entraîner…