Un après-midi d’été à la piscine a dégénéré en journée sombre pour Antonio suspecté d’attentats à la pudeur sur deux mineures. Le prévenu, honteux, nie les faits.
Le 7 août 2017, des jeunes s’amusent à la piscine ouverte de Remich. Antonio, un grand-père de 66 ans à l’époque des faits, se serait approché d’eux et aurait eu des gestes déplacés envers deux gamines, Maria, 16 ans, et Viviane, 10 ans. Elles sont allées dénoncer les attouchements à un maître-nageur qui a aussitôt prévenu la police.
Maria a raconté à l’enquêteur de la police judiciaire chargé du dossier qu’Antonio a commencé par jouer avec eux dans le bassin avant de se placer derrière elle et de lui toucher la poitrine par-dessus son maillot de bain. Viviane a, quant à elle, indiqué au policier : «Il m’a retenue dans le bassin. Il m’a touché la poitrine et les fesses. Je sentais son genou contre mon vagin. J’avais peur, j’ai essayé de me libérer.» Antonio lui a fait un bisou sur la joue, ajoute le policier. Un petit garçon dit avoir tout vu. Le prévenu l’aurait incité à toucher la poitrine de Maria. Des gestes qui ont amené le parquet à retenir l’infraction d’attentat à la pudeur.
Antonio nie les faits. Il prétend avoir joué avec les enfants dans le bassin. Ne sachant pas nager, il dit avoir pris peur quand les enfants ont commencé à l’éclabousser. «Je me suis approché de la plus jeune des enfants et je l’ai attrapée par le bras» pour calmer le jeu, cite le policier. «Je lui ai dit qu’elle était jolie et je lui ai demandé si elle voulait un bisou.» Une question «hors contexte» qui a retenu l’attention du président de la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg hier. Le magistrat se demande s’il ne pourrait pas s’agir d’un «début d’aveux sur des gestes défendus».
«Tout le monde est contre moi!», se plaint Antonio à la barre. Il accuse les enfants d’avoir «combiné contre lui» parce qu’il n’a «pas de chance». Il explique vivre très mal la situation. «Ils sont forts pour raconter des histoires, avance-t-il, j’ai attrapé la petite par le bras et je lui ai demandé : tu arrêtes ou tu n’arrêtes pas? Je lui ai demandé un bisou pour qu’elle ne se fâche pas.» Contrairement à ce qu’ont avancé les policiers, il n’avait pas bu ce jour-là, insiste-t-il. «Ma bouche était sèche, comme maintenant.» «Vous êtes dans une piscine et vous ne trouvez pas d’eau?», ironise le président de la chambre correctionnelle. Antonio ajoute qu’il «aime beaucoup les enfants». «Il ne faut pas trop les aimer non plus!», rétorque le président.
Un expert psychiatre souligne, après avoir rencontré le prévenu, ne pas avoir décelé d’indices d’une tendance pédophile, ni de signes de démence ou d’une problématique psychiatrique. Un psychologue qui a examiné les deux jeunes victimes, a conclu à un vécu authentique et à des témoignages crédibles de leur part. Les faits dénoncés par les enfants sont avérés, selon lui et n’ont pas été inventés par leurs familles pour tenter de «tirer un profit financier de la situation» comme l’aurait suggéré l’épouse du prévenu dans la salle d’attente du commissariat de police le jour des faits.
«La parole des enfants contre la sienne»
Le prévenu ne comprend pas ce qui lui arrive, selon son avocate. Il n’a pas touché les gamines. «La maman et la tante de Maria se sont rendues au domicile du prévenu pour s’excuser de ce qui s’est passé», assure l’avocate qui base sa défense sur l’hypothèse du complot. «Il n’y a pas d’uniformité dans les déclarations des enfants.» Elle assure que «Maria est le cerveau du groupe» qui, prétend-elle, a inventé une histoire que les autres ont répétée plus ou moins bien. «Pourquoi le choisir lui comme victime? Il n’est pas millionnaire?», interroge le président. «Je ne sais pas. Lui-même ne le sait pas», avoue l’avocate.
Elle estime qu’il n’y a pas de preuve formelle des attouchements dans le dossier. «C’est la parole des enfants contre la sienne», note-t-elle en invoquant le «bénéfice du doute». Le procureur a, quant à lui, estimé que la matérialité des deux attentats à la pudeur était donnée par les résultats «sans appels» de l’enquête de police et par les conclusions des examens menés par l’expert. Antonio a, selon lui, commis des «actes contraires aux bonnes mœurs» et «immoraux». Il a requis une peine de 12 mois de prison et une amende appropriée à son encontre. Il ne s’est pas opposé à un sursis intégral étant donné le casier judiciaire vierge du prévenu.
L’avocate a plaidé l’acquittement de son client. «Si le tribunal ne devait pas être convaincu de son innocence, je vous demande de prononcer une peine assortie du sursis intégral.» Le procureur a rétorqué que le prévenu était tellement alcoolisé le jour des faits qu’il n’avait pas pu être entendu à ce moment-là. Il a souligné également que si les familles des victimes avaient agi dans le but d’obtenir un gain, elles se seraient portées parties civiles. Ce qui n’est pas le cas.
Le prononcé est fixé au 5 mai prochain.
La direction de la piscine, commune, l’a exclu à vie ?