Une journée de blocage est prévue le 21 mars contre la réforme fiscale des frontaliers datant de 2018.
Le 21 mars, le Comité de défense et d’initiative des frontaliers du Luxembourg (CDIFL) organise une journée de blocage du giratoire du Moulin à Audun-le-Tiche. Quel est l’objet de votre colère ?
Philippe Manenti, président du CDIFL : «Nous contestons l’application de la convention fiscale signée en 2018 par la France et le Luxembourg. Pour rappel, la France l’avait appliquée en 2020 avant de faire marche arrière face au rejet massif des travailleurs frontaliers. À l’époque, ils avaient constaté une hausse de leurs impôts de 1800, 2 000 voire 3 000 euros par an. Ils s’étaient fait plumer et ça continue! Le problème, c’est que cette convention ne tient pas compte de deux systèmes d’impôts totalement différents. On nous dit que le nouveau système est mis en place au nom de l’équité fiscale, mais cela commence à coûter très cher, même si on attend toujours les résultats de l’étude d’impact promise. Je le redis : ce nouveau système augmente mécaniquement le taux d’impôt des ménages.»
Que réclamez-vous ?
«Nous souhaitons que cette convention soit suspendue. Il faut rediscuter de tout. À un moment donné, il faut que l’on nous écoute : des frontaliers vont devoir payer, pour certains, 2 500 euros d’impôts en plus. Tout ça est la conséquence d’un problème politique qui résulte d’un manque de coordination et de dialogue entre Paris et Luxembourg. Dans ces conditions, l’Europe ressemble à une vaste fumisterie. Pour engranger des recettes, on tape sur les travailleurs. On le répète : c’est un problème politique et c’est aux politiques de le résoudre. De notre côté, nous avons toujours été favorables à la rétrocession fiscale plutôt qu’à ce système qui pénalise les frontaliers.»
N’avez-vous pas peur de vous mettre les frontaliers à dos en bloquant la circulation ?
«Nous n’avons pas le choix. Il faut avancer. On aura des gens en colère, mais nous devons passer par là pour attirer l’attention. On s’y prend suffisamment tôt pour permettre aux gens de s’organiser, de télétravailler… Mais il faut être réaliste : si on avait loué un bus pour aller à l’Assemblée nationale, on ne l’aurait même pas rempli. Il faut frapper fort.»
Propos recueillis par Damien Golini
(Le Républicain lorrain)