C’est un «record absolu» : avec plus de 12 680 postes vacants, l’Adem double ses offres d’emploi par rapport à l’année 2021 pour le mois d’avril. Une situation qui accentue encore un peu plus la pénurie de main-d’œuvre, déjà très présente au Luxembourg ces dernières années.
Les dernières statistiques de l’Adem et d’autres sites d’emploi au Luxembourg sont sans appel : le nombre de postes vacants ne cesse d’augmenter chaque mois dans le pays.
Dernier record en date : 12 684 postes sont aujourd’hui vacants auprès de l’Agence pour le développement de l’emploi, du jamais vu depuis juin 2006. «Nous sommes sur une tendance en nette augmentation. Sur un an, cela représente une hausse de 53%», explique Pierre Gramme, en charge des études et statistiques à l’Adem.
Un doublement des offres d’emploi, qui peut s’expliquer par deux facteurs : la reprise économique, après la crise du Covid-19, mais aussi le manque de main-d’œuvre, récurrent depuis quelques années au Luxembourg. «Les entreprises du pays rencontrent des problèmes pour recruter», concède Pierre Gramme, qui n’hésite pas à parler de «déséquilibre entre l’offre et la demande».
À la recherche de talents
Comment expliquer ce phénomène ? Si l’on se penche sur les statistiques de l’Adem, pour les quatre premiers mois de cette année 2022, cinq postes sont majoritairement demandés par les employeurs :
- Analyst “Know your Customer”
- Cuisinier, cuisinière
- Éducateur de jeunes enfants
- Électricien
- Développeur “full stack”
Or si l’on compare ces statistiques avec celles des domaines dans lesquels s’inscrivent les demandeurs d’emploi résidents, on constate un décalage. En effet, les chômeurs recherchent davantage de postes vacants dans les catégories suivantes :
- Nettoyage et propreté industrielle
- Secrétariat et assistance
- Personnel de conduite de transport routier
- Aide à la vie quotidienne
- Sécurité privée
Une inéquation plutôt flagrante entre l’offre et la demande, même si l’Adem tente, via des programmes tels que “National Skills Strategy”, de former les personnes en recherche d’emploi à répondre aux exigences des entreprises et aux postes recherchés.
«Il y a souvent une inadéquation entre ce qui est exigé par les employeurs et ce que les candidats peuvent offrir. En termes de langues, de disponibilité, de compétences, d’expérience, de permis de conduire…», précise encore l’Adem.
Un vivier suffisant au Luxembourg ?
Surtout, même si les demandeurs d’emploi restent plus nombreux que les 12 684 postes actuellement vacants – 14 269 personnes sont à la recherche d’un emploi au Luxembourg, selon les statistiques du mois d’avril – le pays peut-il vraiment réussir à concilier ces offres et demandes ?
La récente pandémie et l’accès illimité au télétravail en a séduit plus d’un : difficile alors de reprendre sa voiture et subir des heures d’embouteillages pour effectuer le même travail. Les employés – surtout de la jeune génération – sont devenus plus exigeants sur leurs conditions de vie et veulent davantage de flexibilité, ce qui ne facilite pas le recrutement pour les entreprises, même pour l’emploi frontalier.
Les travailleurs frontaliers actuels viennent en effet de plus en plus loin et le taux d’actifs frontaliers dans les communes limitrophes atteint des plafonds élevés : de 50 à 70% sur la proche frontière française et belge.
Ajouter à cela l’inflation et l’augmentation des salaires qui en découle, cumulées à l’indexation et vous obtiendrez un sacré mélange ! Un challenge de plus en plus difficile à relever pour les entreprises du pays, qui, si elles veulent continuer d’attirer du monde, vont devoir s’adapter.
Avec un taux de chômage historiquement bas – 4,7% pour avril 2022 selon le Statec – la problématique du recrutement au Luxembourg reste entière et revient régulièrement sur la scène politique : comment rester un pays prospère tout en s’adaptant aux nouvelles exigences ?
- Comptable
- Maçon
- Analyste
- Technicien, technicienne de surface
- Cuisinier, cuisinière