« Qu’ils retournent en Afrique » ou « qu’il retourne en Afrique »: la phrase, jugée raciste, et lancée jeudi par un député d’extrême droite pendant qu’un élu noir interrogeait le gouvernement français sur l' »immigration clandestine » à l’Assemblée, a vivement ému et indigné les députés.
Le député de La France insoumise (LFI, gauche radicale), Carlos Martens Bilongo, noir et d’origine congolaise, évoquait dans l’hémicycle le « drame de l’immigration clandestine », lorsque le député du Rassemblement national (RN, extrême droite), Grégoire de Fournas, a prononcé ces mots. Plusieurs députés affirment eux avoir entendu « Retourne en Afrique ».
🔴❌ SCANDALEUX ! Alors que notre député @BilongoCarlos pose sa question au gouvernement, un député RN lui lance : « Retourne en Afrique ! ».
L’extrême-droite reste ce qu’elle a toujours été, raciste et nauséabonde. Une sanction à la hauteur doit être immédiatement prononcée. pic.twitter.com/0kR0iL0PLL
— Groupe parlementaire La France Insoumise – NUPES (@FiAssemblee) November 3, 2022
Après quelques minutes de confusion, la présidente de l’Assemblée a mis fin à la séance « compte tenu de la gravité des faits » et de « l’émotion légitime » de l’Assemblée. De telles interruptions de séance sont rarissimes.
Ces propos ont fait réagir au plus haut sommet de l’État. Le président français Emmanuel Macron s’est dit « heurté par ces mots qui dans l’hémicycle comme hors de l’hémicycle sont intolérables » et a apporté son « soutien au parlementaire insulté », selon son entourage.
« Le racisme n’a pas sa place dans notre démocratie », a réagi la Première ministre Elisabeth Borne, en indiquant que « naturellement », le bureau de l’Assemblée nationale « devra prendre des sanctions ».
Le groupe RN affirme que le député parlait d’un « bateau » de migrants mentionné dans la question, et « en aucun cas » de Martens Bilongo.
La cheffe de file du groupe et ancienne candidate à l’élection présidentielle, Marine Le Pen, a elle défendu ces propos et dénoncé une polémique « grossière » des « adversaires » du RN.
M. de Fournas, soutenu par son groupe, a admis devant la presse avoir prononcé ces mots : « Qu’il retourne en Afrique ». Mais il a catégoriquement nié tout caractère raciste, parlant d’une « manipulation de LFI » visant à lui prêter des « propos dégueulasses ».
« Quand le député de La France insoumise parlait du bateau de l’ONG venant en aide aux migrants, SOS Méditerranée, qui ne parvenait pas à accoster sur les côtes européennes, j’ai répondu « qu’il retourne en Afrique ». Qu’il, le bateau, retourne en Afrique », a-t-il assuré.
Carlos Martens Bilongo s’est dit lui « tellement triste »: « C’est honteux d’être renvoyé à sa couleur de peau aujourd’hui ».
« Aujourd’hui, l’extrême droite a montré son vrai visage », a estimé de son côté la présidente du groupe insoumis à l’Assemblée, Mathilde Panot. « Nous allons demander la sanction la plus forte, l’expulsion pour plusieurs mois » de ce député.
La plus haute instance collégiale de l’Assemblée se réunira vendredi à 14h30, pour décider des sanctions.
Comme aurait dit Shakespeare « Much ado about nothing ».
Cela évite de parler des choses sérieuses.