HORS STADE Les clubs luxembourgeois n’ont pas été avares en actions caritatives cet hiver. Quand le RFCU, Differdange et le Progrès font dans le social.
RFCU Luxembourg
Le township s’entraîne en bleu
Karine Reuter a depuis quelques années ses accroches en Afrique du Sud, où elle cherche à développer des activités. Mais c’est lors d’un tout récent déplacement au Cap que la présidente du Racing s’est retrouvée à faire la connaissance d’un viticulteur installé à l’est de la grande métropole de 450 000 habitants. L’homme est lié à l’entraîneur du Franschhoek Valley FC et la réalité des enfants du coin frappe Karine Reuter : «Ce n’est pas le tiers monde, mais la pauvreté y est extrême. Les enfants des townships ont des besoins énormes et les clubs comme celui-ci les sortent de la rue, de sorte qu’ils ne font pas de conneries. Et là-bas, les conneries peuvent être assez grandes.»
Lorsqu’elle était arrivée au RFCU, en 2016, la désormais présidente de la Ligue était tombée sur des sacs entiers d’équipements inutilisés. «Je me suis juré que cela n’arriverait plus, quand on voit les besoins qu’il y a dans d’autres pays. Quel gâchis ! Alors là, on a demandé aux parents de nos jeunes de nous ramener les maillots, shorts… dont ils n’avaient plus l’utilité, plutôt que de les jeter.» Résultat, une trentaine d’équipements sont partis par valises en soute avec la petite famille de Karine Reuter lors d’un déplacement hivernal et une partie des 100 gamins de Franschhoek s’entraîne désormais en bleu, dans des tenues techniquement encore plus confortables que celles de match. Des chaussures de football leur ont même été offertes.
Concrètement, le Racing entend maintenir ce lien. «Parce que nos jeunes pourraient aller s’inspirer là-bas de l’implication que montrent les gamins sud-africains, qui sont extrêmement motivés malgré l’absence de moyens.» Les dirigeants du club de la capitale cherchent aujourd’hui à obtenir un permis d’importation pour envoyer régulièrement des maillots en Afrique du Sud, qui va lentement commencer à s’habiller en bleu. «Mais, sourit Karine Reuter, on est ouverts : si la Jeunesse, le FCD03, n’importe qui, veut se joindre à nous, on enverra aussi leurs maillots !»
FC Differdange 03
L’orphelinat joue pour Micolino et fils
L’opportunité de se montrer généreux, au Parc des sports d’Oberkorn, relève là-bas aussi du pur hasard, mais quand l’occasion se présente, on ne la laisse pas passer. Déjà fournisseur de maillots un peu partout depuis plusieurs années, Fabrizio Bei a, cet hiver, répondu à l’appel de sa nièce, partie aider une ONG au Togo, le Village de la joie, vivant sur place dans une famille passionnée de football.
Confronté à une demande de maillots, Fabrizio Bei n’hésite pas une seule seconde, cédant dix tuniques de la saison passée aux gamins orphelins de ce coin du Togo. Le président du FCD03 l’avait déjà fait en Argentine, il y a peu, mais aussi en Tanzanie, après un safari «avec le seul guide qui parvienne à se repérer dans la savane sans GPS ni jumelles. Il s’appelait John. C’était un fanatique de ballon rond et on lui a envoyé des maillots. Et désormais, lui et son équipe de quartier jouent des matches avec le maillot differdangeois.» De petits Franzoni et Bertino galopent ainsi désormais à Atakpamé, ville du centre du pays, à environ 150 km de Lomé.
Mais après tout, c’est très logique «On a beaucoup de requêtes venant d’Europe de l’Est, indique Bei. Une fois, on a même envoyé un maillot à un collectionneur du Turkménistan, alors quand c’est pour la bonne cause…» Et si l’on peut faire plaisir aux amateurs des anciennes républiques soviétiques, pourquoi pas aux petits Africains? «Les dons aux ONG, c’est cela qui nous intéresse. C’est du caritatif qu’on veut faire.» Et le FCD03 devrait d’ailleurs très bientôt envoyer de nouveau des équipements au Village de la joie.
Progrès Niederkorn
Au Liberia, c’est «de l’humanitaire»
Le Progrès, dans sa recherche constante de partenariats afin d’étoffer ses contacts, d’ouvrir des portes, s’est retrouvé embarqué dans un drôle de projet qui s’est ouvert à l’envers : c’est son président, Thomas Gilgemann qui a reçu un maillot, de la part de Thomas Kojo, sélectionneur du Liberia, en visite fin janvier.
Le Liberia est entré dans la sphère niederkornoise par le hasard de son rapprochement préalable avec Sedan, qui venait de s’associer avec la fédération qui a «accouché» de l’ancien ballon d’or Georges Weah. Un club belge et un autre allemand devraient prochainement grimper dans le train en marche, mais en l’état actuel des choses, il s’agit moins de parler bénéfices qu’entraide : «C’est clairement pour un projet de type humanitaire. On parle de coups de main du type structurel, médical, d’équipements… C’est un truc assez global. Pourquoi pas, un jour, voir arriver un joueur libérien ici, mais ce n’est pas l’essentiel.»