Dean aurait joué les bons samaritains pour fondre sur ses proies. Le jeune homme est au cœur d’un nouveau procès pour viols après avoir fait opposition à un jugement de 2021.
Le 20 octobre 2021, Dean avait été condamné à huit ans de prison par la 13e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg à la suite d’un procès auquel le jeune homme de 34 ans n’avait pas assisté. Les faits remontent à 2012. Il est accusé d’avoir violé deux jeunes femmes. Une troisième est apparue au cours de l’enquête. Le parquet avait requis une peine de six ans de prison à son encontre. Le magistrat n’avait retenu que cinq des six viols qui lui étaient reprochés. Il avait requis l’acquittement pour le viol présumé de Nathalie en 2010, l’infraction étant insuffisamment caractérisée. Le prévenu a fait opposition à ce jugement et comparaît depuis hier face à la 9e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg dans le cadre d’un nouveau procès.
«Un non ne l’arrête pas. Tout ce qui compte, c’est lui. Il a pris ce qu’il voulait», avait lancé le procureur le 29 septembre 2021. Dean conteste les viols, pas d’avoir eu des relations sexuelles. Selon lui, non seulement les filles étaient consentantes, mais elles auraient été à l’initiative des relations sexuelles qu’elles ont dénoncées en mars et juillet 2012. Les trois victimes présumées affirment «ne pas avoir été dans (leur) état normal» et soupçonnent Dean de les avoir droguées, mais aucune preuve en ce sens n’a été trouvée.
«Je ne comprends pas pourquoi j’étais aussi fatiguée alors que je n’avais pas consommé plus d’alcool que d’habitude», a témoigné Jennifer d’une voix sourde hier. «Je tenais à peine debout, je me sentais partir, je n’avais plus la force de le repousser.» Les trois jeunes femmes vont devoir réitérer leurs témoignages à la barre. «Le lendemain, je savais que quelque chose s’était passé, mais je n’arrivais pas à le réaliser», indique la jeune femme qui aurait aimé qu’un ami présent ce soir-là la dissuade de passer la nuit chez le prévenu. En bon samaritain, Dean s’était proposé d’aider la jeune femme en détresse.
L’après-midi des faits, le prévenu et elle ont échangé de nombreux messages. Un en particulier laisse peu de place au doute quant aux intentions nourries par le prévenu envers la jeune femme à qui il annonce envisager de lui faire «des cochonneries». «À la suite de cet échange, vous avez accepté de le retrouver. Dean ne pouvait-il pas penser que vous aviez un rendez-vous amoureux?», demande la présidente de la chambre correctionnelle. «C’était peut-être naïf. Je sortais d’une thérapie de deux mois et je suppose que j’ai dû être contente que quelqu’un prenne de mes nouvelles. (…) Je ne sais pas pourquoi je ne suis pas partie. Je ne me sentais pas à l’aise.» Du coup, Jennifer avait demandé à une amie et à son ancien compagnon de les rejoindre. Ils avaient ensuite passé la soirée dans des bars d’Esch-sur-Alzette avant de la finir au Galgenberg. Une ancienne petite amie du prévenu avait pourtant conseillé à Jennifer de se méfier de Dean.
«Respectueux avec ses partenaires»
Les deux autres victimes présumées du jeune homme seront à nouveau entendues cet après-midi ainsi que l’expert chargé de déterminer la crédibilité de leurs témoignages. Par peur de représailles de la part du jeune homme, Cindy, la troisième jeune fille, n’aurait pas osé porter plainte contre lui. Son nom est apparu au cours de l’enquête. Son témoignage ressemble aux deux précédents. De tous se dégage un mode opératoire identique. Le précédent avocat de Dean aurait, selon la présidente de la 13e chambre correctionnelle lors du premier procès, laissé entendre qu’il s’agirait d’une cabale montée contre lui de toutes pièces. Pourtant, les jeunes femmes n’ont cessé de le répéter à la barre lors du premier procès, elles ne se connaissaient pas avant l’affaire.
Les témoignages des différents protagonistes sont en défaveur du prévenu. Le jeune homme n’apprécierait pas que les femmes lui résistent, selon une de ses anciennes petites amies qui dit qu’il pouvait devenir violent et manipulateur quand il n’obtenait pas ce qu’il voulait sexuellement. Un des experts psychiatres qui l’a examiné dans le cadre de l’enquête a estimé que Dean était pleinement responsable de ses actes. Il n’a pas décelé chez lui de maladie mentale. Seulement des traits narcissiques, un besoin d’être admiré et un goût pour le commandement. Dean aurait fait état d’une vie sexuelle riche, d’une libido très forte et d’un tempérament de séducteur. Un des experts judiciaires a précisé que le prévenu «a insisté sur le fait d’avoir été très respectueux envers ses partenaires».