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Procès du double homicide : «Je n’ai ni volé ni tué le dealer»


Voilà l'endroit dans la forêt à Leudelange où le cadavre du dealer avait été retrouvé le 10 novembre 2016. Au 13e jour du procès mercredi, les deux prévenus se sont de nouveau renvoyé la balle. (Photo : Fabienne Armborst)

Depuis mi-octobre, la chambre criminelle se penche sur les homicides de Leudelange et du Fräiheetsbam qui avaient frappé l’actualité début novembre 2016. Sur le banc des prévenus: deux hommes. Au 13e jour du procès mercredi, elle s’est attaquée à l’audition d’Alden S. Ce dernier est uniquement poursuivi pour le premier fait. Il clame son innocence.

Qui a appuyé sur la détente avant que le corps sans vie du dealer nigérian ne soit déposé dans la forêt entre Leudelange et Schléiwenhaff le 9 novembre 2016? C’est l’éternelle question qui continue à occuper la 13e chambre criminelle. Depuis leur arrestation, les deux prévenus Lee K. (36 ans) et Alden S. (24 ans) se renvoient la balle. Cela n’a pas changé, mercredi après-midi, quand ce dernier s’est avancé à la barre. Il a démarré au quart de tour : «Je n’ai ni volé ni tiré. Je ne suis pas sorti ce soir-là pour tuer quelqu’un. Je ne lui ai pas non plus volé son porte-monnaie et je ne lui ai pas sorti la boule de cocaïne de la bouche.»

On pouvait s’y attendre. Mais il n’aura pas échappé au feu des questions. S’il clame son innocence prétendant que c’est Lee K. qui a tiré et qu’il s’est retrouvé avec le cadavre dans la voiture qu’il conduisait, son comportement interroge : pourquoi a-t-il cherché à joindre Lee K. dans la journée du 9 novembre 2016? L’homme qu’il considérait, selon ses dires, comme le patron d’une firme de service de sécurité, pour lequel il lui arrivait de travailler. Rien de plus. On parle de 17 appels tout de même…

«On n’est pas à Chicago»

«Je voulais le contacter pour lui demander s’il avait un travail de surveillance pour mon cousin sur le marché de Noël à Esch.» Voilà son explication, mercredi après-midi, près de trois ans après les faits. Une toute nouvelle version qui ne figure pas dans le dossier. Car jusqu’à présent, il disait ne plus se souvenir de la raison… «Ceci dit, vous aviez trois semaines pour réfléchir», lui a fait remarquer la présidente.

Ce n’est pas le seul point qui interpelle. Pourquoi le numéro de Lee K. ne figurait-il plus dans son portable lors de son arrestation le 18 novembre 2016? «Je ne sauvegarde quasi jamais des numéros», a-t-il affirmé mercredi. Problème. Plus tôt il avait déclaré que c’est parce qu’il venait d’acheter un nouveau portable…

«J’ai juste fait une erreur, ne pas être allé directement à la police», finira par lâcher Alden S. À l’époque il aurait été pris par la peur : «Lee K. m’a menacé : si je disais quelque chose, il avait plein de gens qui travaillent pour lui…» Une explication qui n’a pas convaincu la présidente : «On n’est pas à Chicago ici!»

La chambre criminelle n’aura pas lâché prise. «On n’a pas l’impression que vous le craigniez! Cela aurait été plus normal si vous ne vouliez plus rien à voir avec lui.» C’était en effet tout le contraire qui s’était passé. Alden S. n’avait pas semblé avoir eu des difficultés à garder le contact avec Lee K. La preuve : il l’avait rappelé. Et il s’était d’ailleurs fait conduire par lui au travail. Raison pour laquelle il était même remonté dans la Mercedes A170 qui avait servi à perpétrer le crime.

«Vos déclarations soulèvent un certain nombre d’interrogations», terminera la présidente avant que le parquet ne prenne la parole. Le procureur d’État adjoint n’aura pas non plus manqué de cribler Alden S. de questions. Le soir des faits avant leur virée dans le quartier de la Gare où le duo avait rencontré une première fois le dealer, le cousin d’Alden S. était avec eux à bord de la Mercedes A170. Après avoir posé avec deux des armes rangées dans la sacoche sur la banquette arrière qui contenait aussi l’arme du crime – un pistolet Walther P99 – , il les avait quittés. «Pourquoi votre cousin voulait-il rentrer à 21 h alors que son potentiel futur patron était présent? Cela n’a pas de sens… N’aurait-il pas pris peur d’un seul coup?»

Autre point qui dérange le parquet. «Si vous vouliez juste aller boire un verre, pourquoi finalement avez-vous accepté d’accompagner Lee K. pour aller chercher de la drogue?» Enfin, aucun des deux n’avait de l’argent sur lui le soir des faits. «Pourquoi donc rencontrer un dealer et faire une plus grande commande?»

«Lee K. m’a mis dans la merde»

Jusqu’au bout Alden S. campera sur sa position : «Lee K. m’a mis dans la merde. Je me demande quand est-ce qu’il avouera cela. Cela fait trois ans maintenant…»

En tout début d’audience, la chambre criminelle avait entendu l’homme dont avait fait état la veille le témoin-surprise. À la barre, il a toutefois contesté avoir été courant des deux homicides de 2016. Il ne serait pas non plus l’auteur des messages litigieux. Pour résumer, l’hypothèse qui avait fait arriver un troisième homme dans cette affaire vole en éclats. Cette histoire avait déjà paru bien bancale la veille, mais la chambre criminelle avait préféré évacuer tout doute.

Le procès continue ce jeudi après-midi avec l’audition de Lee K. qui est également poursuivi pour avoir tué la prostituée retrouvée sur le parking du Fräiheetsbam le 14 novembre 2016.

Fabienne Armborst

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