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Procès Bari : premier jour d’un procès qui doit durer deux mois


La bande vendait principalement du haschich et de la marijuana. (Photo : afp)

Vingt-deux prévenus, presque autant d’avocats, deux mois d’audiences, deux représentants du parquet… Un procès hors norme s’est ouvert hier au tribunal d’arrondissement de Luxembourg.

La salle 1.10, la plus grande salle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, était pleine à craquer de prévenus, de policiers et d’hommes de loi, mais aussi de magistrats curieux, hier matin, en ce premier jour du procès dit Bari en raison de la région d’origine, en Italie, des principaux protagonistes de cette affaire de trafic de stupéfiants.

Le coup d’envoi de deux mois de procès a été donné avec la lecture de l’acte d’accusation de 92 pages. Presque sans interruption, pendant trois heures, le président de la 16e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg a décliné les différents chefs d’inculpation. Faux et usage de faux, escroquerie, recel, blanchiment et infractions diverses à la loi concernant la vente de stupéfiants, ne sont que quelques-uns d’entre eux.

Le procès, qui doit durer jusqu’au 22 juin, est hors normes à plus d’un titre. Le réquisitoire doit avoir lieu le 24 mai, selon le calendrier des audiences prévu par le parquet. Parquet qui sera exceptionnellement représenté par deux magistrats. L’un se concentrera sur le volet concernant les stupéfiants et le deuxième sur celui concernant le blanchiment d’argent.

Pendant des années – certains faits remontent à 2013 –, les 22 prévenus ont, à des degrés différents, participé à un vaste trafic de stupéfiants jusqu’à ce que la police y mette un terme le 10 novembre 2020 après 18 mois d’une enquête méticuleuse. Une centaine de policiers de différents services ont participé à ce qui a débouché sur une quinzaine d’arrestations et des perquisitions dans le sud du pays. Sept d’entre eux sont appelés à la barre dans les prochains jours. Dont un policier qui a infiltré la bande sous couverture. Il sera entendu à distance pour garantir sa propre sécurité.

Il a pu observer des dizaines de ventes de stupéfiants par jour en plus ou moins grandes quantités. Du haschisch et de la marijuana principalement, mais également dans une moindre mesure de la cocaïne. Les enquêteurs estimaient, au moment des perquisitions, que la bande aurait écoulé de 75 à 106 kilogrammes de marijuana, de 10 à 20 kilogrammes de haschisch et de 935 à 1 048 grammes de cocaïne. Mais les quantités vendues pourraient être bien supérieures.

De la drogue et des bolides de luxe

Une opération sans précédent, selon le parquet et la police à l’époque, qui a permis de mettre la tête de la bande derrière les barreaux et d’interpeller les personnes chargées de la logistique et du blanchiment du produit de la vente des stupéfiants. L’acte d’accusation retient 7 332 remises de stupéfiants à au moins 124 clients identifiés, ainsi qu’une cinquantaine d’importations de stupéfiants depuis la Belgique et les Pays-Bas par différents livreurs.

Six kilogrammes de marijuana, cinq kilogrammes de haschisch, un kilogramme de cocaïne et 80 000 euros avaient également été saisis, de même que des bolides de luxe italiens et allemands pour une valeur totale de 650 000 euros, ainsi que deux maisons et un appartement. Les comptes bancaires des principaux protagonistes ont été gelés. Des milliers d’euros y auraient circulé grâce à différents dispositifs de blanchiment mis en place par ceux qui apparaissent comme étant les têtes pensantes de la bande. Fausses factures, faux contrats de vente de biens mobiliers et immobiliers, faux contrats de travail et fausses fiches de salaires, faux contrats de bail, fausses reconnaissances de dettes et pièces de caisse, commissions fictives, entre autres. À cela s’ajoutent des indemnités et des subventions – des aides pendant la pandémie – indûment perçues.

Cette première audience a été longue, très longue. Le président, avant de se lancer dans son marathon de lecture, a appelé les prévenus à la barre les uns après les autres pour prendre leurs qualités. Trois d’entre eux n’étaient pas présents hier et deux prévenus sont des entreprises. Dans leurs box, trois interprètes ont traduit les plus de 40 000 mots de l’acte d’accusation en français, luxembourgeois, italien et néerlandais au fur et à mesure que les prévenus concernés se levaient pour entendre les reproches du tribunal avant de s’asseoir à nouveau. Sur le banc, deux des trois prévenus, toujours en détention préventive, se sont levés et assis un peu plus souvent que les autres.

Dans les jours à venir, ce sera aux enquêteurs de la police judiciaire de rapporter les éléments qui ont mené à cet impressionnant coup de filet dans le milieu du trafic de stupéfiants au Luxembourg et de détailler son ampleur ainsi que les champs d’action de la bande.