Deux anciennes vendeuses en parfumerie sont suspectées d’avoir détourné l’argent de remises destinées aux clients. Elles nient et dénoncent un ancien patron malintentionné.
L’ancien patron d’un réseau de parfumerie cherche-t-il à obtenir réparation ou vengeance ? Il accuse deux de ces anciennes vendeuses de vol et d’escroquerie à un niveau tel que le chiffre d’affaires de sa parfumerie de Mertert a subi une baisse de 15 % pendant plus d’un an. Sonia et Kataryna sont suspectées d’avoir détourné le produit de certaines ventes entre juin 2017 et fin décembre 2018.
Voyant le chiffre d’affaires baisser, le patron dit s’en être inquiété auprès de Sonia qui travaillait au magasin depuis 16 ans et assumait la fonction de responsable. «Elle m’a répondu que la galerie marchande où se trouvait la parfumerie avait perdu en fréquentation», s’est souvenu mardi à la barre le patron resté vigilant : «Sonia et Kateryna se sont servies sur les remises de 20 % faites aux clients. Elles gardaient les étiquettes et attendaient qu’un client paie en liquide pour prendre l’argent.» Il dit qu’après avoir épluché les comptes, «c’était flagrant».
Le président de la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg a du mal à comprendre la manœuvre des deux prévenues pour commettre leur escroquerie présumée. «Ce n’est pas évident pour moi. La preuve de l’arnaque ne m’a pas sauté aux yeux de façon éclatante», note-t-il. Me Pettinger, l’avocat de la défense, lui emboîte le pas. La police aurait, selon lui, dû exécuter une analyse comptable des comptes de la parfumerie. «Elles faisaient payer le prix fort aux clients et empochaient la différence des bons de réduction», simplifie le patron.
«Elles empochaient les remises», confirme l’ancienne épouse du patron qui s’occupait des tâches administratives du réseau de parfumerie. Le président épluche son dossier et persiste : il ne voit pas la preuve du détournement. «Le grand total était toujours juste à la fin de la journée», poursuit l’ancienne épouse à la barre. «Le contrôle des caisses en fin d’année a fait apparaître la supercherie.» Sonia et Kateryna auraient détourné au moins 7 155 euros. «Du point de vue matériel, il ne nous a pas été possible de calculer le montant exact de l’argent empoché par les prévenues», explique Me Martins, l’avocat de la partie civile. Il souligne certaines «bizarreries» trouvées dans la comptabilité.
Un patron face à ses anciennes salariées
«Les clients obtenaient 20 % de remise après l’achat de cinq produits. La réduction était calculée à partir du total de leurs achats et était déduite du prix du cinquième achat», explique Sonia qui ne comprend pas ce qui leur est reproché à elle et à son ancienne collègue. «J’aimerais comprendre.» La jeune femme pense que son ancien patron aurait cherché à se débarrasser d’elle parce qu’elle demandait une augmentation et alertait sur ses conditions de travail.
«Certains clients payaient une partie en liquide et une partie en carte bleue.» Sonia explique que les prix pratiqués dans la parfumerie étaient élevés par rapport à ceux pratiqués en Allemagne ou sur les sites de vente en ligne pour justifier la baisse du chiffre d’affaires du magasin. Baisse qu’ont, selon elle, connu tous les magasins du groupe. Depuis le fond de la salle d’audience, le patron souffle et s’esclaffe.
Me Pettinger accuse le patron d’avoir déposé plainte pour vol et escroquerie après avoir été reconnu coupable de licenciement abusif des deux prévenues. «Le patron a fait appel de cette condamnation.» Les deux prévenues se sont plaintes de leurs conditions de travail auprès des syndicats, selon leur avocat. «Le patron voulait vendre la société et a voulu faire baisser les charges salariales juste avant», avance-t-il. Le patron a attendu l’après-midi de Noël pour leur signifier leur licenciement avec effet immédiat, poursuit l’avocat qui dénonce «un dossier vide». «Tout repose sur un document écrit à la main», poursuit-il.
En l’état actuel du dossier, aucun élément matériel ne permettrait de prouver les vols et les escroqueries desquels les deux vendeuses sont suspectées. Il avance la présomption d’innocence et le bénéfice du doute et plaide leur acquittement. La représentante du parquet a, quant à elle, estimé que les infractions pouvaient être retenues à leur charge et a requis une amende appropriée à l’encontre des deux jeunes femmes. Elle a rappelé que les prévenues n’avaient pas de casier judiciaire.
Le prononcé est fixé au 12 mai.