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Prisonnier d’une spirale : un voleur présumé de retour face aux juges


Andy a indiqué à la barre ne pas recevoir l’aide nécessaire pour ne plus devoir commettre des larcins quand il sort de prison. (Photo : archives lq/julien garroy)

Andy est de retour face aux juges pour une nouvelle série de faits. Le jeune homme semble prisonnier d’une spirale qui le ramène toujours de la rue à la case prison.

Andy vit entre la prison et la rue. En mai dernier, il a été condamné à deux ans de prison pour une série de cinq vols commis entre septembre 2020 et le 18 octobre 2021 par la 13e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. «J’ai pratiquement toujours été en prison ces dix dernières années», avait-il alors expliqué à la présidente. Entre ses différents séjours derrière les barreaux, il vit de petits larcins. «J’étais polytoxicomane. Je n’arrivais pas à prendre ma vie en main», s’était excusé le prévenu. «Je ne me souviens plus de tout ce que j’ai fait le soir des derniers faits.»

Une excuse réitérée à nouveau lundi. Le jeune homme comparaissait face à la 7e chambre correctionnelle, cette fois pour quatre nouveaux faits qu’il est suspecté d’avoir commis entre le 30 juillet et le 9 septembre 2020. Un vol simple, deux tentatives et un fait de recel de biens volés par quelqu’un d’autre.

Le 30 juillet 2020, le trentenaire reconnaît avoir volé deux cartouches de cigarettes et une petite somme d’argent dans une voiture stationnée rue de Strasbourg à Luxembourg. Ses empreintes ont été retrouvées, ne lui laissant d’autre choix que de faire des aveux pour ce vol simple. «Je me suis excusé auprès de ma victime. Je me sentais mal», explique le prévenu qui clame sa volonté de changer de vie grâce à une thérapie de plusieurs années à l’étranger pour l’aider à décrocher de ses addictions et à le resocialiser. «Si je ne suis pas de thérapie, cela ne s’arrêtera pas. Je replongerai à chaque remise en liberté», a tenté d’expliquer le prévenu pour attendrir les juges. Pourtant, en raison de son passé judiciaire, le jeune homme n’a plus droit à un sursis probatoire qui lui permettrait de se soigner.

«Il a toujours
avoué»

Entre le 20 et le 22 août 2020, il dort dehors à Esch-sur-Alzette dans le campement d’un sans-abri. Ils consomment des stupéfiants. «Je me souviens qu’il est parti et qu’il est revenu avec divers objets. Il m’en a proposé certains», avance Andy. «Je me doutais qu’ils devaient être volés, mais quand on vit dans la rue, on est content de tout ce qu’on nous donne.»  Le prévenu choisit un sac à dos et des baskets.

Quelques jours plus tard, il croise un homme qui affirme être le propriétaire des objets. Le prévenu accepte de se rendre à la police et en dévoile la provenance. Son ami sans domicile fixe les aurait pris, ainsi que des outils et une paire de lunettes de soleil, dans le garage de leur propriétaire. Le représentant du parquet estime «qu’il n’y a pas assez d’éléments pour retenir un vol» et s’en tient au recel.

Le 7 septembre 2020, l’ADN du prévenu est retrouvé sur une pierre qui a servi à briser une vitre du local d’une association au Dernier Sol à Bonnevoie. «Il y a 20 ans, je consommais déjà de la drogue à cet endroit. Il est donc tout à fait possible que mon ADN y ait été trouvé», commente Andy. «J’ai peut-être aussi très bien pu vouloir cambrioler, mais je ne m’en souviens plus. Je ne pense pas que c’était moi. J’ai pu m’asseoir sur la pierre et quelqu’un d’autre a pu s’en servir pour briser la fenêtre.»

Le fait est que rien n’a été volé et que les traces ADN de deux autres individus ont été trouvées sur la fameuse pierre. «Je connais le prévenu depuis six ans. Il a toujours avoué les faits qu’il a commis», a témoigné Me Hellinckx pour le défendre. «On ne peut dire à l’exclusion de tout doute qu’il a lancé la pierre.» Subsidiairement, l’avocat a plaidé la tentative de vol non punissable et le désistement volontaire. Le parquetier a demandé au tribunal de retenir la tentative de vol.

Enfin, deux jours plus tard, Andy est pris sur le fait alors qu’il se serait apprêté à entrer dans la cave d’une résidence de la rue de la Gendarmerie à Rodange. «Visiter des caves fait partie de mes habitudes», reconnaît le prévenu. «Mais je ne m’en souviens plus.» Un habitant l’a retenu jusqu’à l’arrivée de la police. «Vous avez dit avoir voulu entrer dans le bâtiment pour récupérer le porte-monnaie que vous aviez perdu», lui rappelle le représentant du parquet qui conclut à la tentative de vol avec effraction.

Me Hellinckx a précisé aux juges que son client ne contestait pas ces derniers faits, tout comme il reconnaissait le vol de cigarettes. Il en a appelé à leur clémence et demandé qu’ils ne prononcent pas d’amende ni de peine de prison supérieure à 12 mois contre le prévenu incarcéré depuis octobre 2021. Le représentant du parquet a demandé la jonction des quatre affaires et a requis une peine de 15 mois de prison ferme à l’encontre du prévenu, renonçant à une amende étant donné sa situation financière précaire.

Le prononcé est fixé au 24 novembre.

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