Alors que les capacités d’accueil du Luxembourg sont quasiment épuisées, l’ASTI interpelle le formateur Luc Frieden pour que le prochain gouvernement fasse des questions d’accueil de migrants une priorité.
La lettre ouverte envoyée au formateur Luc Frieden par l’Association de soutien des travailleurs immigrés (ASTI) tombe quelques jours après l’annonce d’un épuisement de la capacité d’accueil des réfugiés. Vendredi, le ministre sortant de l’Immigration, Jean Asselborn, avait annoncé que le Luxembourg devait désormais faire un tri et donner la priorité aux familles avec enfants et aux personnes vulnérables. «Il s’agit d’un constat d’échec pour la politique d’immigration. Nous avons mis en garde depuis un certain temps concernant l’augmentation du nombre de demandeurs d’asile, or la politique n’a pas préparé le terrain», s’est offusqué lundi Sergio Ferreira du Collectif réfugiés (LFR), interrogé sur les ondes de la radio 100,7.
Celui qui est aussi porte-parole de l’ASTI revendique la mobilisation de ressources supplémentaires pour offrir «au moins un toit» à chaque migrant qui arrive au Luxembourg. «C’est la moindre des choses pour un pays qui se positionne en tant que défenseur des droits de l’homme», martèle Sergio Ferreira. Membre du LFR, l’ASTI s’est directement adressée hier au formateur pour souligner les actions qui, en matière d’accueil, d’immigration et d’intégration, «devraient être impérativement prévues au programme gouvernemental».
Les délégations du CSV et du DP travaillent sur ces enjeux dans le cadre d’un groupe de travail «Accueil et migration». L’ASTI estime toutefois «regrettable» le fait qu’aucune des organisations engagées sur ces questions, comme le LFR ou le CLAE, n’ait été invitée à échanger en amont des négociations de coalition. C’est donc par le biais d’une lettre ouverte que l’ASTI appelle les futurs partenaires de coalition à «mettre en œuvre les intentions qu’ils ont manifestées pendant la campagne» et le formateur à prendre en considération «les réflexions d’une organisation dotée d’une expérience qui est celle de l’ASTI».
Un traitement des demandes en 12 mois
En tout, ce sont 15 revendications qui sont listées dans l’écrit adressé à Luc Frieden, dont près de la moitié a plus spécifiquement trait à l’accueil des réfugiés. La question des capacités d’accueil n’est pas directement évoquée, si ce n’est une «répartition équitable des demandeurs de protection internationale et temporaire sur les communes». Suivent une série de pistes qui permettraient d’accélérer les procédures et de mieux intégrer les personnes ayant obtenu le droit de séjourner au Luxembourg.
L’ASTI réclame en premier lieu la création d’un guichet unique, avec pour idée de rendre «plus efficace» la collaboration entre les ministères et les administrations impliquées dans l’accueil des réfugiés. En parallèle, il serait nécessaire de doter les administrations du personnel nécessaire afin «de traiter, au plus tard dans un laps de temps maximal d’une année, les demandes de protection internationale». Une «réforme» de l’Office national de l’accueil est également revendiquée.
D’autres priorités mises en avant sont «la facilitation de l’accès à un travail» pour les réfugiés arrivant au Luxembourg et «l’activation plus systématique des démarches» qui doivent permettre aux réfugiés reconnus comme tels de décrocher un emploi. Disposer d’un revenu peut être considéré comme une voie pour quitter plus rapidement les foyers d’accueil. Ce point n’est cependant pas développé dans la lettre ouverte de l’ASTI.
La régularisation, l’autre revendication majeure
L’ASTI considère ce point comme «très important». Le futur gouvernement est appelé à lancer un programme de régularisation limitée dans le temps. «Nous entendons par régularisation la mise en situation administrative légale de personnes ressortissantes de pays tiers se trouvant sans autorisation de séjour valable sur le territoire du Luxembourg depuis une période déterminée, qu’elles soient majeures ou mineures», développe l’ASTI dans sa lettre ouverte adressée au formateur Luc Frieden. «Dans le contexte actuel de crise, cette mesure devrait être mise en œuvre prioritairement», conclut l’association.