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Pollution à ArcelorMittal Florange : il n’y aurait pas que de l’acide…


Un ancien salarié de Malézieux affirme avoir déversé de la boue mêlée à des produits industriels sur le crassier de Florange, comme le montre cette photographie prise en août 2016. (photo DR)

L’acide déversé sur le crassier de Florange ne serait que la partie émergée d’un scandale environnemental à grande échelle sur le site d’ArcelorMittal. La CGT demande la convocation d’un comité d’entreprise extraordinaire.

Le crassier de Florange, sur le site d’ArcelorMittal, serait une véritable poubelle à ciel ouvert. Après les révélations du Républicain lorrain sur le rejet volontaire de milliers de litres d’acide sur le crassier, et d’un système supposé frauduleux mis en place par des salariés d’ArcelorMittal et son sous-traitant Suez Rv Industrial Cleaning (Sanest), de nouvelles informations portées à notre connaissance accableraient le géant industriel et un autre sous-traitant : Malézieux, dont le siège se trouve à Woippy.

Un de ses anciens salariés rapporte : « Ce que j’ai vu ? On aspirait des bassins d’orage [sur le site d’Arcelor], on pompait de la boue mélangée à de l’huile et des produits acides. On voyait les auréoles d’huile. Des produits qui devaient être traités chez Cédilor, à Malancourt-la-Montagne. Le personnel d’Arcelor, avec Veolia, faisait passer ça sous un autre nom. On allait tout déverser au crassier », raconte-t-il. « Tous les produits d’Arcelor allaient au crassier. Neuf fois sur dix. Arcelor nous dit de vider là, on vide là. »

D’après lui, cela leur permettait « de ne pas payer le traitement [des déchets]. » Ces faits se seraient déroulés entre quatre mois et deux ans en arrière.

Dans son témoignage, la source parle d’un système qui dure depuis des années, incluant plusieurs sous-traitants : « Malézieux, ce ne sont pas les seuls. » Malgré nos tentatives depuis deux semaines, le sous-traitant n’a jamais pu être joint.

La Dréal était au courant

Dans un courrier en date du 6 septembre 2016, l’ancien salarié avait alerté la direction régionale de l’environnement (Dréal) de ces dérives en mettant en cause ArcelorMittal et Malézieux.

« On a investigué, explique Maxime Courty, du service inspection de la Dréal. Mais la surface du crassier est de plusieurs centaines d’hectares. Vous imaginez ? Le seul moyen dont on dispose, c’est de faire des planques, mais ce n’est pas dans nos compétences. Il est difficile de trouver la faille. » Le dossier n’avait pas eu de suite.

La révélation de la pollution de masse sur le crassier a en tout cas fait réagir élus locaux et syndicat. La CGT d’ArcelorMittal Florange a demandé la convocation d’un comité d’entreprise extraordinaire dans les plus brefs délais afin d’obtenir « les explications utiles et nécessaires à ce sujet ».

Le maire de Florange, Rémy Dick, déjà alerté de ce problème à plusieurs reprises par un internaute sur les réseaux sociaux, est sorti de sa réserve. « Si les faits sont avérés, nous allons étudier la question avec nos avocats et mener, le cas échéant, une action en justice. » La Ville s’est d’ores et déjà rapprochée d’ArcelorMittal.

Le président de la communauté d’agglomération du Val de Fensch, Michel Liebgott, a fait savoir qu’il avait saisi la Dreal. « Si cette pollution était avérée, […] la Cavf porterait immédiatement plainte contre X. »

Damien Golini (Le Républicain lorrain)