Le ministre des Affaires intérieures, Léon Gloden, a livré, ce mercredi 10 janvier, de plus amples détails sur le départ à la retraite de quatre membres du comité de direction de la police, avec, en tête, le directeur général, Phillippe Schrantz. Un appel à candidatures sera lancé sous peu, avec l’objectif d’avoir reconstitué la tête des forces de l’ordre pour la fin mai.
Il est désormais confirmé que le directeur général de la police, Philippe Schrantz, va partir au 1ᵉʳ juin prochain à la retraite. La demande soumise le 12 décembre dernier au nouveau ministre de tutelle, Léon Gloden (CSV), a été validée par ce dernier en date du 4 janvier.
Ce mercredi, lors d’une réunion de la commission parlementaire des Affaires intérieures, le ministre chrétien-social, venu succéder à Henri Kox (déi gréng), a tenu à souligner que le départ du chef de la police n’avait aucun lien avec l’arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement CSV-DP, prônant un virage répressif. «Lors d’un entretien, Philippe Schrantz m’a assuré que sa décision de partir à la retraite n’avait rien à voir avec mon arrivée», précise Léon Gloden.
Les doutes de déi gréng et des pirates
S’ils ne remettent pas en question le droit du directeur général, ainsi que de trois autres directeurs centraux, de mettre fin à leur carrière professionnelle, les députés de déi gréng et du Parti pirate, présents en commission, évoquent quand même des tensions et un «manque de compréhension» par rapport à la politique que compte mener le nouveau ministre en charge de la Sécurité intérieure.
«C’est un secret de polichinelle que de grandes parties des agents et de la direction ne sont pas du tout d’accord avec les plans du gouvernement», avance ainsi Meris Sehovic. Il dit constater «une déconnexion entre le ministre Gloden et le corps de police en ce qui concerne la création d’une police locale et l’interdiction de la mendicité (à Luxembourg-Ville)».
Police locale et interdiction de la mendicité contestées
Le député de déi gréng renvoie notamment vers les contacts qu’il entretient, aussi en tant qu’échevin à Esch-sur-Alzette, avec les agents présents sur le terrain, mais aussi les propos critiques de Marlène Negrini, la présidente du Syndicat national de la police (SNPGL), formulées notamment dans nos colonnes.
D’importantes interrogations existeraient, notamment sur la future police locale, une des grandes priorités de Léon Gloden. «Le ministre a beau clamer que l’unité du corps de police n’est pas remise en question, il se pose toute une série de questions sur la mise en œuvre de cette unité supplémentaire. Ces mêmes questions se posent les agents, car l’introduction d’une police locale aura forcément un impact direct sur leur travail», relate Meris Sehovic.
Quel impact sur la politique sécuritaire?
Marc Goergen (Parti pirate) ne voit pas de véritable problème avec le départ à la retraite de toute une génération de membres de la direction. «Le nouveau ministre pourra reconstituer dans le calme une direction, qui va partager davantage la politique que compte mettre en œuvre le gouvernement. J’imagine que la direction sortante n’est pas d’accord avec tous les éléments, dont la très contestée interdiction de la mendicité», développe le député.
Le départ à la retraite simultané de quatre des sept membres du comité de direction de la police «constitue un énorme défi pour le corps et le ministre Gloden», estime Meris Sehovic. «Il faut voir si les changements à venir auront un impact sur la teneur et la vitesse de transposition de la politique que compte mettre en œuvre le gouvernement. Nous allons observer cela avec grande attention», reprend le député de déi gréng.
Quatre départs simultanés
Avec le directeur général, Philippe Schrantz, partiront le directeur adjoint, Donat Donven, ainsi que René Lindenlaub, le directeur central «Ressources et compétences», et Daniel Reiffers, le directeur de la police judiciaire.
Le ministre sortant Henri Kox a validé dès le 14 septembre dernier la demande de départ à la retraite de Daniel Reiffers.
Il est revenu à Léon Gloden de donner une suite favorable aux demandes du trio Schrantz-Donven-Lindenlaub.
Un appel à candidatures sera lancé
«Il était plus ou moins connu à l’été dernier que le directeur Schrantz comptait partir à la retraite. Lui et ses collègues ont opté pour la stabilité et attendu la formation du nouveau gouvernement, faute de quoi, la faute aurait été imputée au ministre Henri Kox», fait remarquer Marc Goergen.
Le nouveau ministre de la Sécurité intérieure compte lancer sous peu un appel à candidatures pour doter la police d’un nouveau comité de direction complet. Les membres du corps qui comptent postuler doivent au moins avoir travaillé pendant 15 ans comme policier. Un recrutement externe n’est donc pas possible.
«Nous sommes aussi en train de finaliser un catalogue de questions afin de mieux connaître les candidats, leur vision et les idées qu’ils ont pour l’avenir de la police», précise Léon Gloden.
«Pas de carte de membre du CSV»
Le pirate Marc Goergen espère que la compétence va primer sur toute autre considération pour recruter le prochain directeur général, son adjoint, et les deux autres membres du comité de direction qui partiront à la retraite. Ou autrement dit, «j’espère que les candidats ne devront pas avoir de carte de membre du CSV».
Le ministre en charge de la Sécurité intérieure vise la fin du mois de mai pour reconstituer une direction complète de la police. Dans un premier temps seront recrutés un nouveau directeur général et son adjoint. Les deux autres postes («Ressources et compétences» et police judiciaire») seront choisis dans un deuxième temps.