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Poète et musicien, Leonard Cohen s’éteint à 82 ans


Chapeau bas, l'artiste... (photos AFP)

Le musicien et poète canadien Leonard Cohen, est décédé à l’âge de 82 ans, laissant un immense répertoire de chansons qui ont bercé d’un romantisme teinté de noirceur plusieurs générations.

US-MUSIC-COHEN« C’est avec une profonde tristesse que nous faisons part du décès du poète, compositeur et artiste légendaire Leonard Cohen », a annoncé jeudi soir son agent. « Leonard, les sentiments et les sons qui émanaient de ta poésie et de ta musique n’étaient comme ceux de nul autre artiste. Tu nous manqueras », a salué dans un vibrant hommage le Premier ministre canadien Justin Trudeau.

Dès l’annonce de son décès, plusieurs dizaines de fans ont convergé dans la nuit de jeudi à vendredi devant la résidence de Leonard Cohen dans le quartier du Plateau à Montréal, ville qui l’a vu naître le 21 septembre 1934.

Devant la petite maison sur une petite place arborée, des bougies ont été allumées, des fleurs déposées et les fans ont chantonné quelques uns des succès de l’artiste dont l’œuvre est teintée de sa dépression.

Dans le communiqué annonçant le décès du chanteur, « la famille demande à ce qu’on respecte son intimité pendant son deuil ». « Nous avons perdu l’un des visionnaires les plus prolifiques et respectés du monde de la musique », poursuit le communiqué.

Une cérémonie sera organisée aux États-Unis, à Los Angeles où il vivait, « à une date ultérieure ». L’Académie des Grammys, qui lui avait remis en 2010 un prix spécial pour l’ensemble de son œuvre, a souligné l’ « extraordinaire talent » de Leonard Cohen qui « a eu un impact profond sur un nombre incalculable de chanteurs et de compositeurs, et sur la culture en générale ».

« Je te suivrai bientôt »

Né dans une famille juive aisée, Leonard Cohen a composé certains des hymnes les plus envoûtants des dernières décennies. Plusieurs générations ont fredonné et dansé sur ses titres les plus célèbres. Suzanne ou So Long Marianne illustrent, en 1967, un premier recueil de chansons mélancoliques. D’autres titres célèbres suivront comme Bird on the Wire – l’un de ses plus grands succès, repris par de nombreux artistes comme Johnny Cash ou Joe Cocker -, The Partisan, Seems so long ago, Nancy et surtout Hallelujah.

Leonard Cohen avait disparu de la scène dans les années 1990, préférant se réfugier dans le bouddhisme, devenant même moine en 1996. Il avait fêté ses 82 ans avec un nouvel album, dans lequel, au fil de chansons toujours plus sombres, la mort planait comme un rappel d’une issue inexorable. La disparition en juillet de sa muse Marianne Ihlen, amoureuse devenue célèbre dans sa chanson So Long Marianne l’avait profondément marqué. « Je pense que je te suivrai bientôt », avait alors écrit Leonard. « Sache que je suis si proche derrière toi que si tu tends la main, je crois que tu peux toucher la mienne. »

Le Quotidien/AFP

L’album testament

Comme David Bowie, autre figure majeure de la scène musicale contemporaine disparue avant lui cette année, Leonard Cohen a légué un album testament hanté par la mort peu avant de s’éteindre. Il avait sorti il y a quelques semaines son 14e album, You want It Darker. Avec sa voix grave murmurée, accompagnée cette fois d’une contrebasse, le poète se penche sur la condition finie de l’homme et interroge la nature d’un Dieu tout puissant. Déjà largement abordé dans Hallelujah (1984), l’un de ses plus grands succès, sa relation avec Dieu s’affiche, cette fois, pour aborder la mort. « Hineni, hineni / je suis prêt mon Dieu », chante Cohen de sa voix rauque avec les mots en hébreu signifiant « me voici ».

La mort comme trame de l’album y dessine l’issue inexorable réservée au chanteur et rendue sans doute plus manifeste avec le décès en juillet de sa muse Marianne Ihlen, amoureuse devenue célèbre par le titre So Long Marianne (1967). « Je ne veux pas de pardon / Non, non il n’y a personne à blâmer / Je quitte la table / Je suis hors-jeu », sont quelques-unes des paroles chantées en forme de mise en scène de sa propre fin.

Leonard Cohen avait consacré il y a quelques semaines sa dernière apparition publique à une séance d’écoute de son 14e opus dans sa demeure de Los Angeles. Malicieux, le poète avait alors lancé aux journalistes qu’ « il avait l’intention de vivre éternellement » comme un pied de nez à un récent entretien accordé au magazine New Yorker dans lequel il se disait « prêt à mourir… »

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