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Plateforme Letzshop : de la friture sur la ligne à Esch


Letzshop veut venir en aide aux petits commerces urbains du pays, comme ici rue de l'Alzette à Esch. (illustration Isabella Finzi)

Vendredi dernier, le conseil communal a voté le ralliement eschois à la future plateforme de vente en ligne Letzshop. Problème: les commerçants n’ont pas été consultés et personne n’est au courant.

Serait-ce une explication de texte de la fameuse expression «ne pas mettre la charrue avant les bœufs» ? L’idée, sur le papier, est séduisante : il s’agit de créer une plateforme en ligne qui permettra à des petits commerçants ne disposant pas encore de site internet marchand de donner la possibilité à leurs clients d’acheter sur le web. Les produits pourront ensuite être retirés en magasin ou livrés à domicile.

Lors de la présentation de cette initiative en octobre dernier, la secrétaire d’État à l’Économie, Francine Closener, avait rappelé que seuls 9% des commerçants luxembourgeois étaient équipés pour la vente en ligne. Un chiffre plutôt bas, alors que les résidents grand-ducaux sont de gros consommateurs sur internet.

Un engagement sur trois ans

Avec cette signature qui a eu lieu vendredi, Esch rattrape le train en marche. En effet, dès le départ, treize communes avaient déjà rallié le projet (Luxembourg, Dudelange, Ettelbruck, Echternach, Remich, Grevenmacher, Diekirch, Wiltz, Clervaux, Mertert, Mersch, Pétange et Redange). Pourquoi la deuxième ville du pays n’est pas partie plus tôt ? «Le précédent collège échevinal avait voté pour, mais cela a traîné… Je crois qu’ils étaient méfiants et ils ne l’ont jamais soumis au conseil communal», explique Pim Knaff, l’échevin libéral ayant la Promotion économique dans ses attributions.

La commune règlera désormais sa contribution au GIE (groupement d’intérêt économique), une dépense raisonnable d’un euro par habitant, soit environ 35 000 euros par an pour Esch. «Les commerçants volontaires n’auront rien à payer pour figurer sur la plateforme de vente en ligne», souligne l’échevin qui soutient vivement l’initiative du ministère de l’Économie. «Il faut donner une chance aux commerçants pour qu’ils trouvent de nouveaux débouchés. J’espère que ça leur permettra de survivre ou de mieux vivre. Ce sera toujours un coup de pouce.»

«Vous m’apprenez la nouvelle»

Pour être reprises sur le site, les échoppes ne devront disposer que d’une seule adresse. La commune, de plus, ne s’engage que sur trois ans, «au-delà, nous estimons que les bénéficiaires pourront eux-mêmes se mettre au commerce électronique».

Cette bonne volonté se heurte toutefois à un «mais». Si les commerçants sont les premiers concernés, ils n’ont jamais été consultés dans la prise de décision ! «Vous m’apprenez la nouvelle, reconnaît Astrid Freis, présidente de l’Association des commerçants, artisans et industriels d’Esch (Acaie). Ce n’est pas que je sois contre a priori, mais je m’étonne quand même un peu que personne ne soit venu nous expliquer ce dont il s’agit. La cotisation a tout de même été payée avec l’argent du contribuable… Un des slogans de la dernière campagne électorale était la volonté d’inclure les personnes concernées dans toutes les discussions. Là, ça n’a pas été le cas.»

«Au GIE de faire son travail»

Pim Knaff reconnaît que la commune s’est lancée dans le projet sans avoir pris le pouls de la profession : «Nous n’avons pas demandé l’avis des commerçants et nous n’avons eu encore aucun retour de leur part depuis la signature. Je ne sais pas qui est intéressé, mais je peux imaginer qu’il y en aura. Maintenant, c’est au GIE de faire son travail pour les convaincre de l’utilité de son action.»

Astrid Freis, conseillère communale socialiste lors de la dernière mandature qui a tiré un trait sur la politique depuis, ne souhaite toutefois pas polémiquer sur le sujet. «Ce qui importe, c’est que cela soit profitable pour les petits commerces, notamment ceux de la rue de l’Alzette et de ses rues parallèles, estime-t-elle. Avoir rejoint le GIE est une bonne chose, mais il est maintenant temps que nous en discutions tous ensemble.»

Erwan Nonet