Le candidat sortant de LREM, Pieyre-Alexandre Anglade, prêche des convaincus, ici au Luxembourg, où le sentiment d’appartenance au projet européen est fort parmi les résidents français, appelés aux urnes ce week-end.
Les Français du Luxembourg sont appelés aux urnes ce dimanche à Luxexpo, au Kirchberg, pour élire le député qui va les représenter. Pieyre-Alexandre Anglade a rempli ce rôle pendant cinq ans. Bilan et enjeux.
Un ancien Premier ministre français, Jean-Pierre Raffarin, avait déclaré il y a près de 20 ans, lors d’une visite officielle, qu’ici au Luxembourg, il pouvait « toucher l’Europe, dans un pays qui est habitué à la vivre ». Cette idée a tout pour vous plaire…
Pieyre-Alexandre Anglade : Oui, bien sûr. Je défends le projet européen, d’abord parce que c’est le sens de mon engagement politique, qui m’a amené à rejoindre Emmanuel Macron en 2016, et ensuite parce que c’est l’âme de cette circonscription. Dans les trois pays du Benelux, en dépit de leurs différences, ce qui les rassemble, c’est l’attachement européen très fort qui transcende, d’ailleurs, les clivages politiques. Beaucoup d’électeurs se sont retrouvés autour d’Emmanuel Macron en 2017, puis en 2022 parce qu’il est celui qui défend et promeut le mieux, dans le paysage politique français, cet engagement européen. Au-delà de ce qui est mon ADN politique, ce qui me paraît important, c’est l’époque que l’on traverse. Elle exige que l’on conforte le projet européen, pas forcément tel quel, mais que l’on ait un langage clair sur l’absolue nécessité de le défendre, parce que c’est notre horizon commun dans un temps de crise climatique, sanitaire, économique alors que la guerre fait son retour en Europe.
La désobéissance peut paraître romantique, elle a un côté bravache, mais dans la réalité, cela signifie le blocage des projets européens
Quelle serait l’erreur à ne pas commettre dans ce contexte de crise ?
Se fier aux escroqueries intellectuelles et appeler à la désobéissance européenne. Cela veut dire quoi? Dès qu’il y a un texte qui vous déplaît, vous décidez de faire un pas de côté. C’est un Frexit par petits bouts. Par les temps qui courent, ce serait une erreur historique. Le rôle de la France en Europe n’est pas celui de Viktor Orban et j’en suis très heureux. La désobéissance peut paraître romantique, elle a un côté bravache, mais dans la réalité, cela signifie le blocage des projets européens, l’incapacité de l’Union européenne à agir, à régler les crises et à nous protéger. Enfin, cela rendra les populations vulnérables et les exposera à tous les dangers et à tous les fracas qui sont ceux de ce siècle.
Comment sont perçus les Français du Luxembourg dans les rangs du Parlement ? Souffrent-ils toujours des mêmes clichés de l’évadé fiscal ?
Cela dépend à qui vous parlez. Si c’est avec Jean-Luc Mélenchon, il perçoit, de façon générale, les Français et les Françaises de l’étranger comme des exilés fiscaux. C’est la raison pour laquelle ses partisans veulent mettre en place un impôt universel, qui n’est ni plus ni moins qu’un nouvel impôt sans contrepartie pour les Français et les Françaises de l’étranger. Je pense que les gens d’ici sont sensibles à cette question, parce que les électeurs de cette circonscription, dans leur écrasante majorité, ce ne sont pas des exilés fiscaux, bien au contraire. Ce sont des travailleurs, des ouvriers, des chercheurs, des enseignants, des entrepreneurs, et cette réalité-là, je la défends à l’Assemblée nationale.
À l’opposé, il y a des ménages français qui vivent au Luxembourg en dessous du seuil de pauvreté. Qu’avez-vous entrepris pour eux pendant votre mandat ?
Pendant cinq ans, j’ai travaillé étroitement avec les associations d’entraide et de bienfaisance, ici au Luxembourg, surtout durant la pandémie. Les plus vulnérables sont souvent des familles monoparentales, des femmes isolées qui se retrouvent dans des situations difficiles après un divorce, par exemple. Elles ne rentrent pas dans les cases du soutien social au Luxembourg et pas davantage en France parce qu’elles n’y résident pas, alors les associations de bienfaisance prennent le relais et leur viennent en aide. Je salue d’ailleurs ici, et je leur rends hommage, celles et ceux qui s’en occupent et j’invite les Françaises et les Français du Luxembourg à s’investir dans ces associations. Quelques heures de son temps permettent de changer la vie des gens qui sont dans le besoin.
Le Luxembourg, pays trilingue, est membre de l’Assemblée parlementaire de la francophonie, mais la langue française n’a pas bonne presse dans le pays. Les jeunes Luxembourgeois la redoutent et lui préfèrent de loin l’anglais. Que peut faire le député pour redonner le goût de la langue française aux jeunes générations ?
Ce n’est pas de ma compétence immédiate, c’est d’abord le gouvernement luxembourgeois qui doit agir sur cette question. Nous avons tout de même eu en France, ces cinq dernières années, une politique qui visait à renforcer la francophonie à travers le monde. Le président de la République a mis en place, au château de Villers-Cotterêts, une Cité internationale de la langue française. Nous sommes très attachés au multilinguisme dans les institutions internationales, européennes, où l’anglais occupe une place très importante. Il faut une stratégie pour le français à l’international. Au niveau local, il y a le rôle que jouent nos établissements français. Le lycée Vauban est un joyau, ici, au Luxembourg. Puis, il y a le dispositif FLAM, pour Français langue maternelle, qui regroupe des associations offrant des activités extrascolaires aux jeunes Français de 3 à 18 ans pour leur permettre de maîtriser la langue française. Le dispositif s’adresse surtout aux enfants scolarisés dans une langue étrangère.
Pendant cinq ans, j’ai reçu des milliers d’e-mails, sur les trois pays, de gens qui rencontraient des difficultés personnelles
Vous militez pour la cause environnementale, donc les problèmes de mobilité des travailleurs frontaliers ne vous laissent pas indifférent. Que proposez-vous dans ce domaine ?
D’abord, je pense que la crise covid a profondément changé les usages dans le monde du travail. Le télétravail s’est installé et il est fait pour durer. Les Français et les Luxembourgeois s’y sont habitués et y ont pris goût. C’est du temps en moins dans les transports et certains frontaliers viennent de loin. C’est mauvais pour les gens et pour le climat. Certes, le cadencement des TER a été augmenté, mais il faut surtout mieux interconnecter les grandes gares françaises qui mènent jusqu’au Luxembourg avec les villages périphériques, ce qui est de la responsabilité de la Région et du Département. Nous, nous pouvons augmenter le nombre de jours de télétravail dans la convention fiscale et c’est l’objectif qu’on doit se fixer. Cela fluidifiera le trafic entre les deux pays. C’est bon pour la vie des travailleurs et pour le climat.
Durant ces cinq ans de mandat, avez-vous rencontré beaucoup de Français du Luxembourg et quels sont leurs soucis ?
Je suis venu très régulièrement pendant cinq ans, je tiens à le souligner. Je suis venu pratiquement tous les mois pour rendre compte de mon action, pour rencontrer les milieux associatifs, culturels, l’ambassade, le consulat, les lycées… Les Français du Luxembourg sont confrontés à des difficultés administratives, car c’est devenu un peu compliqué de faire un titre d’identité, d’établir une procuration ou d’obtenir un certificat de vie. Avec Emmanuel Macron, nous proposons une dématérialisation de ces documents. Il faut aussi savoir que pendant les deux ans de pandémie, les gens n’ont pas voyagé et n’ont pas remarqué que leurs papiers d’identité étaient périmés. Aujourd’hui, il y a un goulot d’étranglement dans les services consulaires. Le numérique va considérablement améliorer la situation. Nous avons des consulats tests, au Portugal ou au Canada, par exemple. Bien évidemment, il sera toujours possible de se rendre physiquement au consulat pour ceux qui sont plus réticents face à l’informatique. Enfin, nous avons aussi des Français qui ont travaillé dans plusieurs pays et j’ai accompagné beaucoup de cas individuels. Le rôle d’un député est d’être au plus près des préoccupations des gens qui vivent dans la circonscription dans laquelle il est élu. Pendant cinq ans, j’ai reçu des milliers d’e-mails, sur les trois pays, de gens qui rencontraient des difficultés personnelles. Souvent, l’intervention du député permet de se connecter avec la bonne administration, de débloquer une situation enlisée et j’ai essayé de le faire le plus fréquemment possible.
Comment résumez-vous l’enjeu de ces élections ?
Le Luxembourg est un des piliers du projet européen, un des États fondateurs de l’Union européenne et c’est donc ici que l’on doit avant tout défendre ce projet. Chacun doit avoir conscience du moment important que nous sommes en train de vivre et le choix est simple : ils ont face à eux deux projets que tout sépare. Celui que je défends, qui est résolument européen, écologique et républicain, et en face un projet qui mettrait à mal la construction européenne, qui remettrait en cause les alliances internationales de la France, qui affaiblirait le pays économiquement. J’appelle les Français du Luxembourg à se mobiliser pour le projet que nous défendons avec Emmanuel Macron.
L’Europe fait plus de mal que de bien à la France avec des directives frappées la plupart au coin de l’idéologie écolo-fasciste.
Quand à l’écologie, telle que vue dans cette petite partie du monde qu’est l’ouest de l’europe, c’est devenue de l’anti-science pure. Presque tout ce que dit le « résumé pour décideurs » de l’IPCC est faux.