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Pharmacies : «Il faut qu’elles soient plus adaptées au quotidien des Luxembourgeois»


Steven Milbert est vice-président des JDL. (Photo : Julien Garroy)

Il y a quelques semaines, les jeunes démocrates ont interpellé le gouvernement pour réclamer la refonte complète du système des officines du pays. Pour eux, il doit être à tout prix libéralisé.

Problèmes de reprise, de répartition ou encore des prix… Les pharmacies luxembourgeoises font face à de nombreuses difficultés. Des problématiques dont les jeunes démocrates ont voulu s’emparer en interpellant, via un communiqué, le nouveau gouvernement. Pour eux, le système actuel est «obsolète» et doit être réformé pour «correspondre au mieux au quotidien des Luxembourgeois».

Comment ? En libéralisant le plus possible ce système. Pour Steven Milbert, vice-président des jeunes démocrates (JDL), le point de départ se trouve dans le choix des critères d’attribution des concessions. Au Luxembourg, il existe deux types de pharmacies ouvertes au public : les officines «sous concession» (70 % d’entre elles) et les établissements privés. C’est l’État et lui seul qui fixe leur nombre. Un système historique qui revêt, pour le jeune politicien, certains problèmes. «Lorsqu’elles sont privées, elles restent souvent dans la même famille. Pour les pharmacies « sous concession« , on prend en compte l’ancienneté du diplôme ou les années de travail effectuées.» Des critères difficiles à obtenir, notamment pour les jeunes débutant dans le métier. «Ils ont du mal à se projeter. Alors, certains ne veulent tout simplement plus se diriger vers ce domaine. Si on prend quelques données, entre 2017 et 2021, sur les 41 concessions vacantes, 609 candidatures ont été déposées et seulement 50 à 95 candidatures étaient recevables. Cela prouve que peu de personnes réussissent à ouvrir une pharmacie.»

Des pharmacies mieux réparties

Face à cette situation, les jeunes démocrates réclament la refonte de ce système en axant davantage sur le modèle privé, mais sans pourtant que de «grandes entreprises profitent de cette situation», soutient Steven Milbert. Concrètement, l’objectif est de rendre ces établissements plus accessibles pour les jeunes pharmaciens, et in fine pour les consommateurs. Et, en cette matière, beaucoup de travail reste encore à faire. «Avec un modèle libéralisé, des pharmacies pourraient ouvrir dans des supermarchés comme cela se fait dans d’autres pays. Toujours dans cette optique, il y a aussi l’idée de la vente libre de médicaments dans les supermarchés ou les drogueries ou encore les distributeurs de médicaments. Ce sont des choses qui bien évidemment devront être contrôlées mais correspondent à la réalité du quotidien des habitants du pays.»

Outre l’accessibilité, une meilleure répartition des officines sur l’ensemble du territoire national est aussi exigée par les JDL. En effet, selon le rapport du Conseil de la concurrence de juin 2022, des disparités entre les territoires s’observent notamment dans le nord du pays. «Cela poser des problèmes, notamment lors des services de garde le dimanche ou pour les personnes qui ne sont pas véhiculées», fait remarquer Steven Milbert. Un constat que dresse également le Conseil de la concurrence dans son étude en prenant un exemple : «Lors du 26 décembre 2021, à peine neuf pharmacies étaient ouvertes sur l’ensemble du territoire. Certains habitants de communes isolées devaient parcourir plus de 25 km pour se rendre dans une officine».

Un gros effort sur les prix

C’est l’un des grands enjeux du secteur : la réduction des prix des médicaments sans ordonnance. Selon le Conseil de la concurrence s’appuyant sur plusieurs enquêtes externes, ceux-ci sont largement au-dessus de la moyenne des pays de l’Union européenne (voir le graphique ci-dessous).

Alors, comment réaliser une baisse des prix ? Pour le vice-président des jeunes démocrates, il faut importer ailleurs. Historiquement, la totalité des médicaments commercialisés au Luxembourg sont importés : 80 à 90 % d’entre eux proviennent de Belgique, 7 à 17 % d’Allemagne et 3 % de France. «Comme la grande majorité des médicaments vient de Belgique, on reste dépendant de ce qui se fait dans ce pays. Et justement, ils n’arrivent pas à baisser les prix à cause des fournisseurs. Le problème est que si on importe ailleurs, il faut régler la problématique des langues des notices. Car la Belgique avait été choisie spécialement pour les besoins linguistiques du Grand-Duché.»

L’autre solution pour réduire le coût de la santé est le recours aux médicaments génériques. Là encore, le Luxembourg est à la traîne. Toujours selon le Conseil de la concurrence, en 2019, les génériques représentaient 6 % de la part de marché. Marché trop petit, pas de groupes substituables… Plusieurs raisons expliquent cette situation. Le Conseil de la concurrence comme les jeunes démocrates sont d’avis «qu’une expansion exponentielle des génériques permettrait de réaliser à la fois des économies substantielles en matière de sécurité sociale, tout comme une diminution des ruptures de stock».

Accessibilité, prix, répartition… Pour les JDL, beaucoup de travail reste à encore à faire. Si le nouveau gouvernement prévoit une réforme du système des pharmacies, pour Steven Milbert, «il faut aller encore plus loin que l’accord de coalition».

Pas assez d’officines au Luxembourg

Nombre d’établissements, dépenses moyennes, réglementations… En juin 2022, le Conseil de la concurrence a réalisé une enquête sectorielle sur les médicaments et les pharmacies. Si elle pose les différentes lois et règles en vigueur au Luxembourg, elle dresse également un état des lieux sur les principaux chiffres du secteur au Grand-Duché. Premier point abordé : les dépenses en produits pharmaceutiques. En 2019, celles-ci représentent 38 % des dépenses totales de santé des ménages luxembourgeois. Un taux qui reste légèrement inférieur à la moyenne des pays de l’OCDE, mais reste supérieur à ceux des pays voisins (26 % pour la France et 28 % pour la Belgique).

Au premier trimestre 2022, le pays comptait 99 pharmacies ouvertes au public. Toujours selon ce rapport, le nombre de pharmacies par habitant (15,60 pour 100 000 habitants) est l’un des plus faibles de l’OCDE. Un chiffre qui n’a fait que baisser depuis 30 ans. Alors que dans le même temps, la population luxembourgeoise a augmenté de 54 % et le nombre de pharmacies n’a progressé que de 29 %.

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