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Peter Freitag accusé de diffamation par deux médecins


Peter Freitag en marge d’une manifestation contre les mesures sanitaires du gouvernement le 22 janvier dernier. (Photo : archives LQ/Anouk Flesch)

La liberté d’expression a des limites. Peter Freitag a comparé deux médecins en faveur du vaccin contre le covid au Dr Mengele. Il a dû s’en expliquer face aux juges lundi.

Peter Freitag en rêvait. Il l’a dit dans un post sur LinkedIn : il voulait une tribune pour partager ses idées sur la gestion de la pandémie par le gouvernement. Il l’a eue lundi matin [NDLR : après un ajournement du procès, initialement fixé au 19 avril dernier] face à la 12e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Enfin presque.

Cité pour diffamation et calomnie par deux médecins, le président de la chambre correctionnelle ne lui a guère laissé l’opportunité d’exposer ses théories antivax et n’a cessé de le recadrer afin qu’il prenne position sur les faits qui lui sont reprochés.

Le 26 octobre 2021, Jean-Marc Cloos a partagé sur sa page LinkedIn un courrier des lecteurs d’Alix Schmit paru la veille dans le Luxemburger Wort. La gynécologue à la retraite y plaidait pour le respect des règles et mesures décidées par le gouvernement afin de soulager le personnel médical dans les hôpitaux et surtout encourager la population à se faire vacciner contre le Covid-19.

Le même jour, Peter Freitag a partagé cette publication accompagnée d’un commentaire qualifiant notamment les médecins de «disciples du Dr Mengele» et de «coronazis». Il s’étonnait que «des nazis dans l’esprit puissent diriger un service de psychiatrie ou n’importe quoi d’autre» et avançait qu’«un des devoirs du prochain gouvernement sera de faire rendre des comptes à ces coronazis qui ont agi consciemment et en dépit du bon sens, sans exception et sans pitié».

Des propos qui ont eu pour conséquence que les deux médecins ont porté plainte contre Peter Freitag.

Rappels à l’ordre du président

Le prévenu est toujours aussi insolent et convaincu de détenir la vérité. «Nous n’allons pas mener une discussion pendant trois heures sur l’efficacité ou non du vaccin», lui rappelle le président de manière lapidaire. «Je vous l’ai dit trois fois, je ne le dirai pas une quatrième fois.»

Freitag se calme, le temps d’écouter la défense qualifier ses commentaires «d’attaques graves et inacceptables» qui ont «terni au plus haut degré la réputation professionnelle des deux médecins» et réclamer 5 000 euros pour dommages moraux et 2 000 euros d’indemnités de procédure.

Ensuite, Peter Freitag est revenu à la charge, estimant le dispositif de la défense être «une attaque personnelle». «Je n’ai cité personne en particulier dans mes commentaires. Si les deux médecins se sont sentis offensés, c’est qu’il devait y avoir du vrai dans ce que j’ai dit», provoque le prévenu.

«C’est trop, c’est impardonnable, cela ne s’explique pas… Ce n’est pas de la liberté d’expression», lance Me Prum à la barre. «On ne peut laisser passer de tels propos. Ne rien faire ne ferait que les renforcer et leur laisser croire que tout est permis au Luxembourg.»

Un auditoire limité

Mais Peter Freitag, qui se défend seul, ressort les parallèles entre les non-vaccinés et les juifs que l’on n’avait plus entendus depuis l’essoufflement du mouvement antivax ainsi qu’une convention internationale «d’avant 2000» sur les droits civils interdisant aux nations de soumettre leurs populations à des expériences médicales. «Cela nous suffit!», l’interrompt le président de manière abrupte.

Le prévenu demande toutefois la parole une dernière fois pour demander l’acquittement et, «si le tribunal me donne raison, j’aimerais que les requérants payent 2 500 euros à toutes les personnes vaccinées parce qu’elles ont utilisé leurs statuts pour les obliger à faire quelque chose qui n’est pas prouvé scientifiquement».

Le prévenu a voulu profiter jusqu’au dernier moment de sa tribune, mais là où il y a un an, il déplaçait les foules et discourait sur un banc dans la cour de la cité judiciaire, seule une demi-douzaine de personnes étaient présentes dans la salle d’audience lundi pour entendre le procureur requérir une amende appropriée contre lui.

Le prononcé est fixé au 17 novembre.

Procès contre Claude Muller : l’accusation se désiste

Le virologue et immunologue Claude Muller était également cité à comparaître lundi matin pour diffamation et calomnie. Mais c’était compter sans le désistement de dernière minute des plaignants. Ils lui reprochaient d’avoir, à travers divers articles et interviews dans les médias, tenu des propos distinguant entre citoyens vaccinés et non vaccinés contre le covid. Le parquet ayant classé sans suite une première plainte en 2021, les plaignants avaient lancé une citation directe.

«Claude Muller est d’avis que ses propos sont basés sur l’état de connaissance de la science, qu’ils étaient parfaitement appropriés en tenant compte de la situation épidémiologique à l’époque et qu’ils étaient entièrement couverts par la liberté d’expression», a noté son avocat Me Prum hier. L’avocat n’écarte pas la possibilité de porter plainte contre des plaignants pour atteinte à la réputation du médecin.