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Perdu et impulsif, un père est accusé de menaces à l’encontre de la mère de son fils


Tout le monde se serait mis entre Michel et son fils, selon le prévenu. (Photo : sophie kieffer)

Impuissant, Michel n’aurait pu envisager d’autre solution que les menaces dont il est accusé pour communiquer avec la mère de son fils unique. Sa plus grande peur était de le perdre.

L’assistante familiale, la mère de son fils, l’ancien compagnon de cette dernière… Michel, 40 ans, semble avoir du mal à supporter que quiconque s’interpose dans l’éducation de son fils, auquel il est très attaché. À tel point que la maman du petit garçon dépose plainte après plainte à son encontre «pour avoir des preuves». Il est condamné une première fois en première instance et en appel pour coups et blessures volontaires en mars 2021. Hier, il comparaissait pour deux faits de menaces remontant au mois d’octobre 2020.

Le 5 octobre 2020, il envoie un message à la maman de son fils avec qui il a été en couple de 2014 à 2016 : «Luca va faire la circoncision et jeudi, je vous ferai comprendre quelque chose». Trois jours plus tard, il manque de la renverser en voiture sur un passage pour piétons à la sortie d’une réunion de parents d’élèves lors de laquelle il s’était emporté parce que la maman de Luca était venue accompagnée de l’assistante familiale.

«De quoi avez-vous eu peur quand vous avez reçu ce message? Je ne connais pas le contexte, mais le contenu du message ne suffit pas pour constituer une menace», a essayé de comprendre la présidente de la 13e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. «Il y a eu beaucoup de violences et de menaces. J’avais peur qu’il fasse quelque chose. Il m’a battue, même après la séparation», a répondu la quadragénaire. «Ces derniers temps, il est plus calme.»

La mésentente était telle entre les deux parents qu’une assistante familiale a dû intervenir pour les aider à éduquer leur fils. «Michel pensait que j’étais du côté de la maman, que nous étions des amies. J’ai demandé à une deuxième éducatrice d’intervenir», a rapporté la jeune femme à la barre avant d’informer le tribunal qu’elle avait également reçu des messages «violents» de la part du prévenu qui refusait de reconnaître sa légitimité. Comme lors de la réunion à l’école du petit garçon. Michel estimait que l’assistante familiale n’avait rien à y faire puisqu’il s’agissait d’une réunion «parentale».

« La peur de perdre son fils »

En aveux, Michel essaye tant bien que mal d’expliquer ses gestes. Il n’écrit pas bien en français, l’ancien compagnon de la maman lui manquait de respect et le provoquait, l’assistante familiale «était partout» et «se prenait pour un juge»… «Je n’ai jamais voulu faire de mal à personne», a lancé le prévenu. «Si j’avais voulu la tuer, je n’aurais pas écrit de message.» Quant au fait d’avoir essayé de la renverser avant de prendre la fuite à toute vitesse, il explique : «J’avais tout calculé juste pour lui faire peur.»

«Il faut parfois réfléchir avant d’agir et de parler», lui a conseillé la juge. «Je n’arrivais pas à gérer mes émotions. Je disais tout ce qui me passait par la tête», a reconnu le quadragénaire avant d’expliquer que si la maman de Luca avait renoncé à la circoncision de son fils, c’était parce que, dans l’esprit du prévenu, «elle était manipulée par son compagnon de l’époque» et pas parce que, comme elle venait de l’expliquer, elle ne voulait pas faire de mal inutilement à l’enfant. «Depuis qu’elle a un nouveau compagnon, cela va beaucoup mieux. Il me respecte en tant que père et j’ai le droit de voir mon fils», a reconnu le prévenu qui, le 5 octobre 2020, voulait «juste discuter».

Michel ne conteste donc pas les faits. Mais il conteste toute intention criminelle, selon son avocat. «Il s’est senti trahi alors qu’ils avaient pris une décision commune de faire circoncire leur fils.» Rien de plus. Pas pour la représentante du ministère public. «On peut se demander où est la menace. Mais le message prend tout son sens une fois replacé dans son contexte. On peut alors comprendre que la maman se soit sentie menacée», a-t-elle estimé. «Le prévenu essaye de se trouver des excuses. Il n’est jamais coupable de rien et ne se remet pas en question.» Elle lui reproche également son tempérament impulsif qui risque d’exploser «à la moindre fausse note» avant de requérir une peine de six mois de prison assortie du sursis probatoire à son encontre.

«La peur de perdre son fils» aurait guidé Michel, selon son avocat. «Il avait l’impression d’une injustice permanente à son égard.» «Parce qu’il a son caractère, il a été écarté de son fils» et «se sentait impuissant face à la situation», a argumenté l’avocat avant de plaider la clémence du tribunal. Tout se passerait bien aujourd’hui et Michel s’occuperait davantage de son fils que le temps auquel il a droit à la suite d’une décision de justice.

La présidente de la chambre correctionnelle lui a proposé, le cas échéant, de commuer sa peine en heures de travail d’intérêt général pour lui éviter de perdre son emploi ou de le placer dans une situation qui le priverait à nouveau de son fils.

Le prononcé est fixé au 18 janvier 2024.

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