Le «parking des camionnettes» de la route de Belval, devenu un dépotoir anarchique, va devenir payant. Une décision accueillie de façon mitigée par les ouvriers. Certains ne s’inquiètent pas, c’est le patron qui paiera. D’autres, par contre, s’insurgent contre la décision.
Le dernier parking gratuit d’Esch-sur-Alzette va « très prochainement devenir payant ». Henri Hinterscheid, échevin chargé du dossier, ne donne pas de montant. Route de Belval, à l’entrée du parking dit «des camionnettes», les barrières sont déjà installées. Créé à l’origine pour désengorger la commune des véhicules d’artisans, l’endroit est devenu un dépotoir anarchique. La commune met en avant l’insalubrité et un hypothétique principe d’équité vis-à-vis des entreprises qui ont un parking privé. Du côté des artisans, on accueille la nouvelle fraîchement.
Le patron qui paye… ou l’ouvrier
« Combien vont-ils nous faire payer? , s’interroge l’un d’eux. Nous ne sommes au courant de rien! » Un artisan portugais calcule : « Si c’est comme le parking des camionnettes de Differdange, ça va chiffrer autour de 45 euros par mois .» Soit 500 euros par an. « Moi, ça me va. Trop de gens qui ne sont pas artisans utilisent ce parking, des frontaliers surtout, qui sont déjà nombreux sur les routes. Ça les incitera à prendre le train. » Ce soir-là, nous avons compté les plaques françaises ou belges : moins d’une vingtaine sur un parking d’au moins 120 places.
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C’est toujours plus facile d’accuser les frontaliers, évidemment. D’autant que certains sont vraiment ouvriers. L’un d’eux, immatriculé 54, s’insurge : « Les ouvriers pour qui le patron va payer s’en moquent, ça ne changera rien à la fin du mois. Pour ceux qui doivent venir par leurs propres moyens, ça fera de l’argent en moins. C’est scandaleux parce qu’on ne roule pas sur l’or .» Pour lui, la décision est purement politique. « Esch a des parkings payants vides, que ce soit à Belval ou au Brill. Alors, voir un parking gratuit plein, ça les irrite .»
Son collègue portugais, avec qui il partage la camionnette, prédit des fraudes à la carte grise chez les résidents. « Certains vont enlever le logo de la camionnette et faire passer le véhicule en voiture personnelle. Dès lors, ils pourront bénéficier de la vignette résident à 15 euros. » Un autre ouvrier, fraîchement arrivé du Portugal, livre une analyse intéressante : « Bien sûr que c’est mon patron qui va payer. Mais si je lui coûte plus cher, il va chercher à réduire mes frais ailleurs… » Et de pronostiquer : « 400 ou 500 euros par an, ça ira encore. Mais personne ne paiera 900 euros à l’année! » Ce qui correspond pourtant au tarif le moins cher, ailleurs dans Esch.
L’échevin Henri Hintersheid rappelle que le parking sera réservé par un système de carte aux travailleurs « justifiant de déplacements en camionnette ». Pour rappel, les camionnettes siglées n’ont plus le droit de stationner dans le centre-ville après 19 h.
Hubert Gamelon
Stationner à Esch-sur-Alzette
› Esch-sur-Alzette comprend 10 000 places de stationnement dans l’ensemble de ses rues, dont 4 000 proches du centre commerçant. Ces places se subdivisent comme suit : 850 places longue durée (maximum 10 heures) à 50 centimes de l’heure. Pour le reste, du stationnement courte durée (maximum 2 heures) est proposé de 1,30 à 1,70 euro l’heure.
›Esch-Centre comprend quatre parkings publics pour une capacité totale de 1 580 places. Le plus gros est celui de la place de la Résistance : 500 places. Tarifs : de 1,30 euro par heure à 2 euros par heure pour l’hôpital Mayrisch.
› La «grande couronne» comprend aussi deux parkings relais payants contenant chacun 160 places : Raemerich et Aloyse-Mayer.
›Esch-Belval comprend quelques centaines de places de stationnement dans ses rues : l’ambition est de conserver un plateau piétonnier étendu. Belval comporte en revanche plusieurs parkings souterrains (Belval Plaza, etc.) ou à ciel ouvert pour un total de 3 000 places. Prix moyens : 80 centimes. Enfin, il faut ajouter le parking-relais CFL en face de la gare : 1 600 places à 60 centimes.
›Conclusion : Esch-sur-Alzette, deuxième commune du pays avec plus de 33 000 habitants, dispose d’environ 10 000 places de stationnement et 6 500 places de parking. Malgré tout, Esch est une ville pénible pour se garer.
Son centre-ville est devenu entièrement payant depuis novembre 2015 – on peut comprendre la volonté de favoriser la mobilité douce – mais aucune alternative de parking relais gratuit n’a été proposée en périphérie, en compensation. L’automobiliste paye au plus bas 4 euros la journée. Pour un travailleur, cela revient à débourser environ 900 euros par an.