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[Omnisports] Georges Mischo : «On est sur le bon chemin»


Georges Mischo s’est montré déterminé et confiant pour faire bouger les choses.  (Photo : fabrizio pizzolante)

Georges Mischo, le ministre des Sports, a dressé sa feuille de route pour les cinq prochaines années. Un programme ambitieux. Qui nécessite beaucoup de moyens.

C’est à l’INS, mardi en fin de matinée, que Georges Mischo avait convoqué la presse pour présenter «la politique sportive et les priorités du programme de coalition 2023-2028». Dans son allocution, d’une trentaine de minutes, le nouveau ministre des Sports s’est montré déterminé à faire bouger les choses. Son leitmotiv : le travail en synergie. Avec les autres ministères. Avec les instances. Avec les fédérations. Les clubs. Les communes. Toutes les strates de la société.

Lui-même ancien sportif et prof de sport pendant 17 ans, il connaît beaucoup de monde dans le milieu sportif et compte bien sur cette expérience pour mettre en place son ambitieux programme. Qui doit impacter tout le monde. Sportifs de très haut niveau bien sûr, mais pas seulement. Dans son viseur, les sportifs du dimanche, les jeunes, les moins jeunes, les ados, ceux qui lâchent le sport après l’adolescence, les handicapés. Son message est clair : le sport concerne tout le monde. À tous les niveaux de la société.

Vous avez présenté une feuille de route très ambitieuse. On vous sent très motivé. Mais pour quelles raisons réussiriez-vous là où d’autres ont échoué ?

Georges Mischo : Je ne dis pas que les autres n’étaient pas motivés, mais en tout cas, moi je le suis. Le but est de faire avancer le sport luxembourgeois. J’ai beaucoup de connexions, tant au niveau des fédérations que des clubs ou des athlètes, depuis des années. Et on a une responsabilité. Dans l’accord de coalition, on a fixé nos buts et nos idées. Et nous sommes redevables de nos électeurs. On a une responsabilité envers eux. Maintenant qu’on a bien parlé, il faut qu’on se mette à bosser. De toute façon, si on n’essaie pas, on n’y arrivera pas.

Le budget des Sports, ça représente 0,21 % du budget global. C’est une catastrophe

Vous partez de loin car, vous l’avez rappelé, le budget des Sports est infinitésimal.

Oui, c’est 0,21 % du budget global. C’est une catastrophe. Nous avons un budget d’environ 55 millions. Je n’ai rien à dire contre l’éducation musicale, mais c’est la somme qui lui est également allouée. Le budget de la Culture, c’est trois fois le budget des Sports. Je suis d’avis qu’il faut considérablement augmenter ce montant pour le ministère des Sports. L’ambition, c’est qu’il atteigne 1 % à l’avenir.

Est-ce que Luc Frieden partage la même opinion ?

Je le crois, oui. Après, on n’est pas des sorciers. Avec le budget défini pour l’année prochaine, on ne peut pas faire de magie. Mais le Premier ministre et le ministre des Finances ont compris qu’il fallait investir davantage dans le sport. Et qu’il fallait travailler transversalement avec les autres ministères. C’est pour cela que quand j’ai rencontré la ministre de la Santé, elle m’a dit qu’il fallait qu’on travaille ensemble. Le but est d’avoir des pistes ensemble pour améliorer la situation. Faire entrer le sport dans la vie quotidienne des Luxembourgeois.

Ce qui n’est pas le cas à l’heure actuelle. Notamment à l’école ?

Lors des trois dernières années de lycée, il n’y a qu’une heure de sport par semaine. Soit 50 minutes. Vous enlevez le temps qu’il faut pour se changer avant, se changer après, on est sur trente minutes. Les élèves qui ne sont pas intéressés, une fois, ils vont oublier leurs affaires, une autre, ils vont être malades. C’est un immense chantier. Mais je sens qu’avec le soutien des autres ministres, on peut faire bouger les choses.

Il faut qu’on soit attractifs

Selon vous, à partir de quand pourra-t-on voir les premiers changements ?

Dès l’année prochaine. On va changer quelques lois. On va avoir plus d’argent à dépenser pour permettre notamment aux fédérations d’engager plus d’entraîneurs ou de directeurs techniques. On a besoin de plus d’argent pour attirer les meilleurs techniciens. Si on les paie une misère, ils resteront en France, en Belgique, en Allemagne ou ailleurs. Il faut qu’on soit attractifs. Qu’ils se disent que venir chez nous, c’est un super bon choix. Qu’il y a la possibilité de faire les JO, les championnats du monde, d’Europe. On a des exemples à suivre. Comme les Îles Féroé. Elles ont participé à l’Euro de handball et elles ont même fait match nul contre la Norvège. 

Dans votre présentation, parmi tous les domaines que vous voulez soutenir ou développer, on retrouve les coordinateurs sportifs dans les communes. Pouvez-vous nous en parler ?

C’est déjà en place. À l’heure actuelle, il y en a neuf qui couvrent 11 communes… mais il y a tout de même 100 communes! Maintenant, il faut redynamiser les conseils échevinaux. Avec les élections de l’an passé, il y a d’autres bourgmestres qui ne sont pas forcément au courant. C’est pour cela que je vais relancer l’idée des coordinateurs sportifs. À l’heure actuelle, le ministère prend en charge 50 % des charges lors des trois premières années. Peut-être qu’il faudrait augmenter cette durée. Si on la fait passer à cinq ou dix ans, peut-être que ça pourra aider de petites communes à se dire qu’elles peuvent tenter le coup.

Tout cela coûte forcément énormément d’argent. L’argent, qui reste clairement le nerf de la guerre ?

Absolument. Comme partout. Dans tous les ministères. Maintenant, je ne veux pas qu’on parle des problèmes du secteur sportif et que quand il s’agit de payer ou d’investir, on nous réponde : merci mais non merci. Je veux éviter cela. Mais je crois qu’on est bien partis. On est sur le bon chemin.

Dans l’idéal, vous auriez besoin de combien par rapport à maintenant ?

Au moins le double. Maintenant, ça dépend forcément des budgets et de la conjoncture. Si elle est favorable, on aura plus d’argent à dépenser.

Ce qu’il faut retenir

L’argent, le nerf de la guerre : Avoir une politique ambitieuse pour le sport – «Je veux être le ministre de tous les sports, de tous les sportifs, de toutes les fédérations, de tous les âges, de tous les niveaux» –, cela nécessite des moyens. Et c’est la première chose que le ministre a tenu à évoquer : le ministère des Sports a besoin de plus d’argent.

Tout passera par la synergie : Georges Mischo a tenu à rappeler, comme il l’avait fait lors de la présentation des cadres du COSL, que le développement du sport passera forcément par un travail en étroite collaboration avec ses autres collègues ministres. Qu’il s’agisse de la Santé, de la Famille, de l’Éducation et, bien sûr, des Finances notamment.

Rappeler les bienfaits du sport pour la santé : Le sport, c’est pour tout le monde. Quel que soit son niveau. Le Ministre a rappelé les répercussions négatives sur le plan de la santé tant mentale que physique quand on ne pratique pas de sport : obésité, diabète, cancer… Et d’évoquer à nouveau le travail en étroite collaboration avec sa collègue de la Santé et de la Sécurité sociale, Martine Deprez.

Promouvoir le bénévolat : Le message est clair : sans bénévoles, pas de sport. Georges Mischo a rappelé à quel point les bénévoles étaient très importants pour la bonne marche des clubs et des fédérations.

Donner plus de moyens au sport de haut niveau : Ça passe par un encadrement toujours plus professionnel à tous les niveaux, le soutien du LIHPS et du Sportlycée, le développement de la double carrière, la question des congés sportifs ou encore celle de la mise en place d’une carrière civile parallèlement à la section des sportifs d’élite de l’armée.

Avoir des infrastructures à la hauteur : Le développement du sport passe forcément par des infrastructures qui répondent aux besoins des clubs et des fédérations. Et par la transformation de l’INS en AINS pour assurer la gestion des infrastructures sportives nationales avec le regroupement, dans une même entité, de l’INS, du Vélodrome, de la SportFabrik, du Sportlycée et du Sportmusee. Georges Mischo a également évoqué le déménagement du Sportlycée à Mamer : «Un énorme projet. On parle de millions d’euros».

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