Guy Willems est le seul vétérinaire et curateur du parc.
Quel est votre rôle au sein du parc?
Guy Willems : Tous les matins, je fais un briefing avec le responsable de l’équipe animalière du parc et les animaliers pour connaître la liste des animaux à aller voir pour divers problèmes (…). C’est un métier très différent de la pratique indépendante que j’ai exercée pendant 15 ans avant de venir ici.
Je trouve qu’il y a, dans cette profession, une grande solidarité avec les vétérinaires des parcs zoologiques. Quand j’ai un souci, je regarde la liste des zoos dans laquelle l’espèce est tenue. Je contacte les vétérinaires qui travaillent là-bas. Ils vont tout m’expliquer, sans limites. Car chez nous, il n’y a pas de concurrence, on échange les animaux et nos connaissances.
Vous parlez de la coopération avec les zoos européens. Les échanges sont-ils nombreux ?
Oui, nous faisons beaucoup de transferts entre zoos en Europe. Il est arrivé parfois que nous en fassions avec Israël ou Dubai. Il faut savoir qu’il n’y a aucune valeur commerciale, nous payons juste le coût du transfert de l’animal. Car, dans la conservation, le but, c’est la reproduction. Avant de partir dans un zoo, pendant huit mois, les animaux restent avec leurs parents. Finalement, on agit un peu comme dans la nature où à partir d’un certain moment, ils partent du cocon familial.
Aujourd’hui, on parle beaucoup de bien-être animal dans les zoos, qu’en est-il à Bettembourg ?
Nous en sommes soucieux. Déjà, il faut revenir au contexte. Depuis 17 ans, nous faisons partie de l’EAZA, l’Association européenne des zoos et aquariums. Celle-ci impose des normes assez strictes dans la conservation des animaux dans les parcs. De plus, comme nous sommes le seul parc avec des animaux exotiques au Luxembourg, on se réfère aussi aux normes de nos pays voisins comme l’Allemagne ou la France.
Concernant le bien-être animal, on est attentif à la qualité de vie de l’animal et de son habitat. Alors, oui, un enclos ne sera jamais assez grand et s’il l’était, on ne pourrait pas voir l’animal. Ensuite, pour les espèces les plus âgées, là aussi, on va faire très attention à leur qualité de vie et si celle-ci est encore acceptable (…). De plus, quand il fait très chaud, nous mettons aussi des dispositifs spécifiques. Par exemple, pour les pandas, nous plaçons un grand ventilateur et un vaporisateur d’eau pour qu’ils puissent prendre leur douche.
Dernièrement, certains zoos ont été épinglés sur certains comportements dits stéréotypés d’animaux. À quoi cela est dû ?
C’est un comportement, disons extraordinaire. C’est quelque chose que les animaux n’ont pas dans la nature. Nous l’observons souvent chez ceux ayant été élevés à la main, c’est-à-dire par l’animalier lui-même. Nous avons des animaux à Bettembourg qui ont ces comportements stéréotypés. C’est pour cela qu’il est important qu’ils restent un certain temps avec leurs parents pour éviter justement cela.
L’anecdote du véto
En plus de 20 ans de carrière au parc animalier de Bettembourg, Guy Willems, a vu évoluer de manière importante ce zoo. Il a aussi certaines anecdotes à raconter. «Un jour, je devais soigner un lémurien qui s’était blessé à la suite à d’une bagarre. Chaque jour, quand je venais à son enclos, il venait vers moi pour chercher… sa piqûre! On peut le dire, c’était vraiment un comportement exceptionnel que je n’arrive pas vraiment à expliquer», sourit-il.