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Négociations du Brexit : Theresa May demande à l’UE des « projets ambitieux »


Selon elle, il y a tout "particulièrement urgence" à trouver un accord sur les droits des citoyens expatriés après le Brexit. (photo AFP)

La Première ministre britannique Theresa May a demandé jeudi à ses homologues européens de faire des « projets ambitieux » pour la suite des négociations du Brexit, dont l’UE s’apprête une nouvelle fois à pointer les progrès insuffisants, lors d’un sommet ouvert jeudi à Bruxelles.

Les 27 ont prévu de faire un geste lors de ce sommet, en acceptant de lancer des « préparations internes » des tractations que Londres veut entamer sans tarder sur leurs relations après le Brexit. Mais ils devraient rester inflexibles sur la nécessité de boucler les modalités du divorce avant toute tractation commerciale.

« Il n’y a pas de progrès suffisants pour commencer » cette deuxième phase des négociations, a insisté la chancelière allemande Angela Merkel à son arrivée à Bruxelles. Le président français Emmanuel Macron a lui estimé que les 27 allaient faire preuve d’une unité « très forte » face à Londres, « puisque nous sommes tous unis sur les constats, les intérêts et les ambitions avec un même négociateur, Michel Barnier ». Quant au Premier ministre luxembourgeois, il assure : « On sera à l’écoute de Madame May. Le discours britannique a bien évolué les six derniers mois. Le scénario d’un Brexit dur semble écarté », a jugé Xavier Bettel.

« Nous allons regarder les progrès concrets qui ont été faits dans la négociation de notre retrait, et faire des projets ambitieux pour les semaines à venir », a espéré de son côté Theresa May. Selon elle, il y a tout « particulièrement urgence » à trouver un accord sur les droits des citoyens expatriés après le Brexit, l’un des trois dossiers que l’UE a érigé en priorités des négociations, avec le règlement financier et les conséquence du divorce pour l’Irlande.

Dans une lettre ouverte publiée sur son compte Facebook, la Première ministre s’est adressée jeudi aux trois millions de citoyens européens vivant au Royaume-Uni, assurant qu’un accord était « à portée de main » pour garantir leurs droits après le Brexit. « Nous voulons que les gens restent et nous voulons que les familles restent ensemble », écrit-elle, promettant des procédures « simplifiées ».

« On note les efforts récents de Mme May »

Jeudi soir, au cours d’un dîner avec ses homologues européens à Bruxelles, elle va « encourager (les dirigeants des 27) à faire avancer la conversation afin d’étudier le partenariat futur et la période de mise en œuvre » de l’accord de retrait de son pays, selon un haut responsable britannique. L’intervention de Theresa May ne devrait toutefois pas donner lieu à « une quelconque percée », a déjà prévenu le président du Conseil européen Donald Tusk. Le dirigeant européen a déjà annoncé qu’il recommanderait vendredi, au deuxième jour du sommet et après le départ de Theresa May, « de commencer des préparations internes pour les discussions » sur la future relation et une période de transition après la date officielle du Brexit.

« On note les efforts récents de Mme May. Écrire quelques mots gentils dans les conclusions du Conseil européen, ce n’est pas cher payé », a observé un diplomate européen. Mais malgré l’insistance de Londres, les Européens n’accepteront donc toujours pas de commencer à discuter de leur future relation, faute de « progrès suffisants » dans les trois dossiers prioritaires. Donald Tusk espère en revanche pouvoir finaliser la première phase des discussions, consacrée strictement au divorce, lors du prochain sommet régulier de l’UE, à la mi-décembre, à condition toutefois que les Britanniques présentent des propositions « plus concrètes ».

Les 27 s’accordent à reconnaître la main tendue par Theresa May, lors d’un discours à Florence le 22 septembre dernier. Mais ils demandent des engagements plus concrets, alors que l’inquiétude grandit de voir les négociations s’achever sans accord de retrait à la fin mars 2019, date prévue du Brexit. L’épineuse question de la facture du divorce apparaît comme le point le plus problématique de cette première phase des négociations. Le président du Parlement européen Antonio Tajani a balayé mardi sur la BBC les 20 milliards d’euros offerts par le gouvernement britannique, les qualifiant de « clopinettes » par rapport à une facture qui se monterait plutôt à 50 ou 60 milliards d’euros selon lui.

Le Quotidien/AFP