Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
En un demi-siècle, la famille Leesch a transformé la petite enseigne en deuxième employeur privé du pays. La success story de Cactus a changé le paysage de la distribution alimentaire au Luxembourg.
L’enseigne Cactus n’est plus à présenter tant elle est incontournable au Grand-Duché et indétrônable, puisque malgré la concurrence féroce des enseignes étrangères comme Auchan, Match, Cora ou encore Delhaize, le groupe luxembourgeois reste, 50 ans après l’ouverture de son premier supermarché, une référence dans le secteur et surtout le deuxième employeur privé du pays. Retour sur le succès d’un petit épicier du quartier de la Gare de la capitale.
Tout commence en 1900, lorsque Joseph Leesch, le grand-père de Paul Leesch, qui a ouvert le premier supermarché Cactus le 19 octobre 1967 à Bereldange, ouvre une petite épicerie dans le quartier de la Gare à Luxembourg. Comme souvent à l’époque, un métier, une entreprise ou encore un savoir-faire se transmet de père en fils. En 1928, les fils de Joseph Leesch, Arthur, Aloyse et Jacques, constituent la société «Leesch Frères» et implantent deux ans plus tard la première société de torréfaction de café «Leesch» rue de Strasbourg à Luxembourg.
Quelques années plus tard, le secteur de la distribution alimentaire est en ébullition sur le Vieux Continent, prenant exemple sur les États-Unis et le Canada, où le concept de supermarché, c’est-à-dire une surface commerciale en libre-service, connaît un succès sans précédent depuis les années 1920. Une vingtaine d’années plus tard, le concept arrive à Londres (1948) et en France (en 1949) sous l’impulsion d’Édouard Leclerc, fondateur des magasins qui portent son nom. En Belgique, c’est la famille Delhaize qui ouvre en 1951 à Bruxelles son premier supermarché d’une surface de 400 m².
Inspirés par la tendance nord-américaine qui commence à porter ses fruits en Europe, les enfants d’Arthur Leesch, Paul et Alfred, décident de se lancer dans l’aventure du commerce «nouvelle génération» pour l’époque, c’est-à-dire le supermarché en libre-service, caddies, grande superficie, assortiment fourni, parking…
Le 19 octobre 1967, le Cactus Bereldange ouvre ses portes, posant les premiers jalons de la distribution alimentaire moderne au Luxembourg malgré le scepticisme des commerçants de l’époque.
Le supermarché Cactus ouvert le 19 octobre 1967, la première enseigne du genre au Luxembourg, représentait l’équivalent de plus de dix magasins alimentaires de l’époque en termes de produits.
Sept ans plus tard, la machine Cactus accélère en ouvrant le plus grand centre commercial du Grand-Duché, le Shopping Center «La Belle Étoile», soit une surface totale de 20 000 m², dont 13 000 m² de surface commerciale. Avec ce nouveau point de vente, l’on ne parle plus de «supermarché» mais d’hypermarché, dans la mesure où au Luxembourg la fourchette de surface règlementaire des supermarchés est de 400 à 4 000 m², et qu’au-delà on parle plutôt d’hypermarché. C’est également la naissance au Grand-Duché d’un lieu où les activités de restauration cohabitent avec la distribution alimentaire. En effet, Paul Leesch s’associe à Fritz Hotschnig, entrepreneur et maître traiteur qui devient alors responsable du premier restaurant à La Belle Étoile et, par la suite, de la restauration du groupe. Dans le même temps, la boucherie Cactus et la pâtisserie Cactus démarrent leur activité à Bertrange. En 1978, Fritz Hotschnig crée le traiteur «de Schnékert».
Diversification et multiformat
En 1981, Cactus diversifie une première fois son activité, développant un concept nouveau pour l’époque avec le premier Cactus hobbi, un format consacré à la maison, au jardin, au bricolage et implanté à «La Belle Étoile». Deux ans plus tard, l’enseigne compte 15 points de vente couvrant une grande partie du Luxembourg, avec une forte concentration dans le sud du pays. En 1989, avec l’ouverture du Cactus Howald, les clients découvrent un nouveau concept de restaurant : le free-flow du C-INN. Le concept du libre-service ne satisfaisant plus les exigences de Fritz Hotschnig, il opte pour ce nouveau modèle dans lequel le client déambule dans un espace spacieux entre différents buffets et choisit son menu parmi un vaste choix.
Les années passent et les points de vente se multiplient. Pour assurer une organisation optimale de ses activités de grande distribution et fournir au client des produits de qualité au meilleur prix, la société regroupe ses services et augmente sa capacité de stockage.
Les premiers employés du Cactus de Bereldange.
En 1996, la direction du groupe se décide pour une politique multiformat en faisant désormais la distinction entre trois types de points de vente : Cactus hypermarchés, Cactus supermarchés et Cactus marchés. Cette nouvelle classification de magasins guide encore le développement du groupe à l’heure actuelle.
Au début des années 2000, Paul Leesch prend sa retraite et met en place un comité de direction avec son fils, Max Leesch, au poste de président et administrateur délégué et nomme Laurent Schonckert au poste d’administrateur-directeur du groupe.
L’année 2017, placée sous le signe du 50e anniversaire du groupe, a vu l’aboutissement d’autres projets, tels que l’ouverture du Cactus Shoppi Junglinster, l’ouverture du Cactus Marnach, confirmant la présence du groupe dans le nord du pays, ou encore l’ouverture prochaine du Cactus Bettembourg, le 22 novembre. En un demi-siècle, l’enseigne luxembourgeoise a réussi à s’imposer dans le pays et reste la seule chaîne de distribution autochtone.
Jeremy Zabatta
« Le modèle qui convient le mieux aux femmes au foyer »
En octobre 1967, le Luxembourg et Bereldange, certains diront Beggen, ont le regard tourné vers le premier supermarché du pays. Il est intéressant de regarder comment la presse du pays a traité le sujet. Ainsi, dans l’édition du Tageblatt du 20 octobre 1967, l’ouverture du supermarché est relatée dans un article ayant pour titre : «Der erste Super-Super-Market des Landes» (le premier super supermarché du pays, en français). L’article relate le discours devant un grand nombre de personnes de Paul Leesch, alors à la tête du groupe Cactus, qui commence tout d’abord à louer le travail des architectes.
L’ouverture de ce supermarché est vue à l’époque comme une étape stratégique de l’enseigne luxembourgeoise pour s’affirmer comme un acteur de poids dans le paysage national, alors qu’auparavant la société Cactus était considérée comme un petit commerçant. L’article souligne également que Paul Leesch, avec cette ouverture, ne fait que suivre une tendance qui a déjà fait ses preuves en Belgique et aux Pays-Bas.
D’ailleurs, le journaliste n’hésite pas à affirmer que ce type de magasin est le «modèle qui convient le mieux aux femmes au foyer», parce qu’il rassemble sous un seul toit tout ce qu’elles veulent et à des prix se «moquant» de la concurrence. Il va même plus loin en affirmant que le concept est unique au Luxembourg et représente l’équivalent de plus de dix magasins alimentaires avec un très vaste choix de produits.
Le groupe Cactus est le 2e employeur privé du pays avec plus de 4 000 collaborateurs.
Le groupe propose un réseau dense de 47 points de vente répartis sur 45 sites à travers le Luxembourg.
L’enseigne compte 2 hypermarchés avec plus de 125 000 références, 12 supermarchés, 8 Cactus Marché, 4 Cactus hobbi et 21 Cactus Shoppi.
450 000, c’est le nombre de passages en caisse chaque semaine dans l’ensemble des points de vente de l’enseigne.
l article sur le cactus est tres interessant