Le Luxembourg joue les îles Féroé, ce mardi soir, avec la possibilité de signer un début idéal. La maturité nécessaire est-elle là?
Il a fallu qu’un journaliste internet français décide de tourner un reportage avec Maxime Chanot, qui lui a ouvert les portes de la sélection lors du déplacement de mars en Bosnie, pour que l’on pénètre un peu plus intimement encore au cœur de la sélection nationale. Là, dans ce lieu un peu secret du football qu’est le vestiaire, on a vu et entendu Anthony Moris prononcer des mots forts à la mi-temps. Ils ne révolutionnaient rien de ce qu’on sait des vues du gardien de but, mais ses paroles vont résonner fort ce soir, au vu du début de campagne des Roud Léiwen : «Les gars, ce qu’on fait, c’est magnifique, on le sait tous. C’est très, très bien mais le foot, l’argent, les primes, la victoire, les titres, les qualifications… tout se joue dans les seize mètres, offensif, défensif. Maintenant, c’est fini d’être des enfants, c’est fini d’être des gamins! S’il y en a qui ont joué la Ligue des champions, l’Europa League, qui ont gagné des titres, c’est pour ça que ça s’est réduit!»
Intransigeant dans les surfaces
Il est douteux que ce genre de prise de parole, à la mi-temps d’un match amical, puisse constituer un acte fondateur pour une génération qui grandit de manière très raisonnée, et pas émotionnelle. Mais pourtant, en Lituanie, samedi, c’est exactement ce qui s’est passé. Le Grand-Duché n’y a pas toujours tout maîtrisé entre les deux surfaces, mais pourtant, il a été intransigeant dedans. Selon les vœux d’Anthony Moris. En ne concédant dans la sienne qu’un minimum d’occasions de but, gagnant la plupart des duels qu’il fallait impérativement gagner.
En créant dans celle de l’adversaire le minimum vital et en en convertissant un bon ratio avec la maîtrise technique voulue (il aurait même pu bénéficier d’un ou deux penalties). Le Luxembourg a ainsi battu la Lituanie comme, naguère, il lui arrivait de se faire battre par des nations «intermédiaires», c’est-à-dire au réalisme, au cynisme. Et cela, c’est une immense qualité qui peut faire basculer une petite nation en devenir dans la cour des nations moyennes au quotidien. Reste à confirmer.
«Grâce au staff et à Lars»…
Les îles Féroé seront encore plus un combat que la Lituanie. La culture footballistique du pays, les gabarits de ses joueurs et, fatalement, la fraîcheur encore relative d’une deuxième rendez-vous d’une série de quatre qui survient avant que la fatigue extrême ne s’en mêle… tout y conduit. Holtz estime que «grâce à tout le staff et à Lars (Gerson) qui nous a aidés à trouver ce terrain d’entraînement», les Roud Léiwen ont limité la casse dans le régénératif bien qu’ayant perdu un jour en Norvège à la suite de l’incapacité à atterrir dès dimanche à Vagar. «Dans cette situation, on a fait le maximum.» Mais concrètement, trois jours après Vilnius, trois jours avant la venue de la Turquie, on entre déjà dans la phase de gestion des organismes. Et donc dans une logique d’éventuelle tournante.
Florian Bohnert a été saignant quand il est entré en Lituanie. Mathias Olesen littéralement décoiffant. Et Lars Gerson, convié à la conférence de presse au Torsvollur, dit en souriant «ne jamais avoir regardé si cela voulait dire qu’on était sur le terrain le lendemain». Or, en général, si, on y est!
Messieurs les stewards, retirez-vous!
Holtz ne s’interdit rien, pas même de reconduire la même équipe qu’à Vilnius. Mais hier, en riant sous cet étonnant ciel bleu qui constitue une bizarrerie à l’échelle locale, l’un des membres de la fédération a constaté, à l’issue du quart d’heure ouvert à la presse, qu’il était «rare qu’une sélection demande même aux stewards de se retirer». Holtz prépare donc méticuleusement son coup. Et hormis bien sûr Muratovic, qui a interrompu sa séance hier pour son problème au pied gauche (Pinto lui avait marché dessus à l’échauffement, lors du match précédent) et qui a de grandes chances de regarder ce choc depuis les tribunes, on n’est pas à l’abri d’une ou plusieurs surprises.
Mais pour qu’elle(s) porte(nt) ses (leurs) fruits, il faudra encore se battre contre un synthétique, un de plus, le dernier («Cela fait dix jours qu’on s’entraîne là-dessus, grogne Holtz. On a déjà perdu Laurent Jans, j’espère personne d’autre»). Dans l’espoir de lancer cette campagne sur un très prometteur six points sur six qui mettrait un enjeu terrible sur la réception de la Turquie samedi dans un stade comble, il faudra déjouer de nouveau le piège du synthétique. «Il ne peut pas être pire que celui de Vilnius» a consenti Holtz, indiquant aussi que «les Féroé sont bien meilleures que la Lituanie». Du moment qu’elle ne l’est pas dans les deux surfaces…