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[Musique] Osees, toujours d’attaque !


Intercepted Message donne une place de choix au clavier, désormais aux avant-postes après de longues années de pure figuration. (Photo In The Red Records)

«Un disque pop pour une époque fatiguée», c’est ainsi que John Dwyer résume Intercepted Message, le nouvel album de son groupe Osees. Un disque au son abrasif et aux riffs exaltants.

À bientôt 49 ans, malgré la belle moustache qu’il a arborée cet été sur les festivals, John Dwyer semble insensible au temps qui passe. Toujours la même dégaine d’adolescent effronté, toujours cette particularité de porter sa guitare très haut comme s’il voulait s’étrangler avec la sangle, et toujours cette capacité d’être un compositeur prolifique, hors norme même, dans des formats et dans un rythme que seul lui semble maîtriser. Sa discographie, entamée en solo à l’aube des années 2000, en est la preuve. Un véritable labyrinthe fort d’une grosse trentaine d’œuvres.

Pour ne plus se tromper, évitons alors de compter ses albums, ou ses multiples collaborations, et tout autant les appellations de son groupe phare, aux noms à girouette (OCS, Oh Sees, Ohsees, The Oh Sees, The Ohsees, Thee Oh See’s, Thee Ohsees…). Bref, en termes de pseudonymes comme de productions, avec lui, il faut s’accrocher ! Un rapide coup d’œil sur ses derniers élans musicaux confirme bel et bien le tournis : on l’a vu arpenter la voie du free jazz, celle de l’instrumental tapageur, sans oublier d’autres appétences pour le rock progressif, le garage et le punk-hardcore, style habitant d’ailleurs de bout en bout son dernier disque (A Foul Form, 2022).

Un duo de batteurs d’une efficacité redoutable

Oui, John Dwyer n’a pas peur de se remettre en question. C’est même la philosophie de sa bande qui, sous le soleil de Californie, remet tout à plat à chaque nouvelle sortie. Dans la forme, Osees, à défaut de pouvoir compter sur la subtilité de Brigid Dawson, seule femme du collectif partie vers d’autres horizons (il faut absolument écouter son disque Ballet of Apes, datant de 2020), s’appuie dès lors sur un duo de batteurs, beaucoup moins délicat, certes, mais d’une efficacité redoutable. Dans le fond, si les bases sont solides (avec ses guitares abrasives, ses rythmiques qui tabassent fort et ses chants qui s’emballent en écho), le renouvellement est aussi d’actualité.

C’est même tout l’intérêt de cet Intercepted Message qui, c’est une première, donne une place de choix au clavier, désormais aux avantpostes après de longues années de pure figuration. Dès les premières notes du titre d’ouverture (Stunner), le changement synthétique claque aux oreilles pour ne plus les lâcher durant les quelque quarante minutes que dure l’offrande. Elle se termine d’ailleurs, comme pour marquer le coup, sur deux chansons bien éloignées du répertoire habituel : une ballade et un instrumental (Always at Night et LADWP Hold).

Un disque pop pour une époque fatiguée

Autre détail qui ne trompe pas et confirme ces envies d’évolution : pour ce nouveau disque, John Dwyer oublie son label (Castle Face) et renoue avec l’ancien (In The Red), celui des plus belles heures de son groupe (fin 2000 – début 2010). Histoire d’enfoncer le clou, avec son sens du décalage, le leader définit Intercepted Message de la sorte  : «Un disque pop pour une époque fatiguée.» C’est vrai que l’on retrouve avec évidence l’immuable enchaînement couplet-refrain, et un recours bien plus sensible à la mélodie. Mais que les puristes soient rassurés : si l’ossature semble mieux construite, la manière d’en jouer reste primaire.

En effet, le son abrasif de la formation reste intact. Idem pour son aspect survitaminé, ses riffs exaltants et son humeur bondissante. Pour ceux qui en doutent, il y a toujours moyen de visionner (sur Arte) leur concert donné à la Route du Rock la semaine dernière, considéré comme l’un des meilleurs du festival, malgré une affiche plutôt musclée. Un set de furieux, dirait probablement le public aux premiers rangs, les fidèles que John Dwyer voient comme des «vagabonds du désert, restés dans les parages». En présentation du disque, il leur adresse même un affectueux «je vous aime tous». Et aux autres qui trouvent ça trop fort, il leur rétorquerait sûrement qu’ils sont trop vieux.

Osees, Intercepted Message. Sorti le 16 août. Label In The Red Records. Genre rock / punk

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