Éliminée de l’Europa League, l’Union a utilisé la «zappette» pour remettre ses activités internationales à la saison prochaine. Mais dans quelle compétition?
Certains médias belges croient avoir levé un lièvre sur une question épineuse ayant entouré l’Union Saint-Gilloise ces neuf derniers mois. D’abord navrés par la nécessité d’avoir à s’expatrier à Louvain en phase de poules, puis carrément agacés d’être délocalisés chez l’ennemi anderlechtois lors des matches à élimination directe, les supporters de l’Union n’en pouvaient plus. Ils étaient même allés jusqu’au boycott en 8es (face à l’Union Berlin), qui a volé en éclat jeudi, pour la venue de Leverkusen et l’importance de ce match dingue.
Mais l’on est déjà passé à autre chose dans le quartier de Saint-Gilles et la nouvelle est donc tombée : la saison prochaine, d’ores et déjà assurée de jouer l’Europe, l’Union devrait le faire… dans la minuscule (8 000 places) Diaz Arena d’Ostende, sur la côte, à 115 km de chez elle.
Un accord aurait été trouvé entre les deux clubs sauf, et c’est bien là toute la magie de l’instant pour ce petit club au budget riquiqui et qui continue de fasciner tout le plat pays : s’il doit jouer la Ligue des champions, certains journaux croient savoir qu’il le fera au stade Roi-Baudouin et ses 50 000 places.
Ce n’était pas la soupe à la grimace, vendredi, dans le vestiaire d’Anthony Moris. Alors qu’Anderlecht et La Gantoise se faisaient consciencieusement démonter par la presse pour leurs prestations en Conference League, Karel Geraerts et ses gars se faisaient eux mousser.
L’un des plus gros tirages flamands, Het Laatste Nieuws, s’emballait même : «L’Union pourra se souvenir fièrement de cette belle aventure. Pendant neuf mois, elle a émerveillé et enchanté la nation. Un grand merci pour cela.» Selon des chiffres officiels, plus d’un demi-million de téléspectateurs avaient assisté au match retour des 8es de finale contre Berlin. Sûrement beaucoup plus contre Leverkusen.
Mais pourquoi parler de Mourinho?
Vendredi, en Belgique, il n’était donc pas question pour les suiveurs de l’Union de se désoler de ne pas aller défier la Roma de Jose Mourinho et sa cohorte de starlettes (Dybala, El Shaarawy, Rui Patricio, Matic, Spinazzola…) en demi-finale de la C3.
Dans la foulée de leur gardien de but, dont la prise de parole a été forte pour recentrer le débat, jeudi soir, les Apaches sont déjà passés à autre chose. Ni plus ni moins que la conquête du titre de champion, qui leur a échappé de justesse la saison passée au profit du FC Bruges.
«Mon sentiment, c’est la fierté d’avoir pu réaliser un parcours européen de cette qualité-là et d’avoir remis la Belgique sur la carte du foot européen, a lâché Anthony Moris en préambule. Nous avons appris que ça se joue sur des détails. On l’a encore appris à nos dépens.»
Dans la touffeur d’une sortie de vestiaire, quand se définissent les humeurs d’un groupe au hasard des questions et réponses, le portier des Roud Léiwen a été tranchant, quand il lui a été demandé si cela «pouvait» servir. Parce qu’un verbe peut faire toute la différence, il a regardé son interlocuteur dans les yeux, pour indiquer que cela «allait» servir.
«On n’a pas été ridicules contre Leverkusen. On a vu qu’on pouvait rivaliser avec de très grosses équipes sur des matches à très haute intensité.» Autrement dit, ce n’est sûrement pas Genk, Antwerp ou l’un des trois derniers qualifiables (La Gantoise, Bruges ou le Standard) qui va lui faire peur.
Clairement, l’Union n’a plus du tout peur de le dire : c’est le titre de champion de Belgique qu’elle veut aller chercher. Et donc le 3e tour de qualification de la Ligue des champions. Et donc, la perspective du stade Roi-Baudouin.