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Migrants : la fronde des entreprises américaines face à Donald Trump


Les patrons d'Apple, Microsoft, Google, Facebook (ici Mark Zuckerberg), Airbnb ou encore Netflix, ont jugé "contraires aux valeurs américaines" ces mesures interdisant l'entrée aux Etats-Unis à des ressortissants de sept pays musulmans. (photo AFP)

De nombreuses entreprises américaines se sont cabrées devant le décret anti-immigration de Donald Trump, dénonçant lundi des mesures qui pourraient remettre en question leur fonctionnement et leur politique de recrutement tournée vers le monde.

Outre le tollé mondial, c’est dans la Silicon Valley que les critiques ont été les plus virulentes. Les patrons d’Apple, Microsoft, Google, Facebook, Airbnb ou encore Netflix, qui emploient des milliers d’ingénieurs étrangers, ont jugé « contraires aux valeurs américaines » ces mesures interdisant l’entrée aux Etats-Unis à des ressortissants de sept pays musulmans.

Hors high-tech, les grands patrons essaient de trouver le ton juste pour ne pas s’attirer les foudres du nouveau président américain qui leur a, par ailleurs, promis des baisses massives d’impôts et un allègement de la réglementation.

M. Trump n’hésite pas non plus à tancer directement, sur Twitter, des entreprises qui ne satisfont pas à ses injonctions et Ford, General Motors et Toyota, entres autres, en ont été victimes.

Mais, confrontées aux conséquences des décisions anti-immigration, de nombreuses multinationales américaines ont exprimé publiquement leur désaccord.

« Ce n’est pas une politique que nous soutenons et je (vous) ferai remarquer qu’elle a déjà été contestée devant un tribunal fédéral et certaines dispositions du décret ont déjà été bloquées, au moins temporairement », a fustigé Lloyd Blankfein, le PDG de Goldman Sachs, l’une des grandes banques d’affaires de Wall Street dont de nombreux responsables ont rejoint l’administration Trump.

Et de poursuivre: « Si le décret devait s’appliquer en l’état, je reconnais qu’il y a un risque potentiel de perturbation pour la firme et en particulier pour certains de nos employés et leurs familles ».

Jamie Dimon, le PDG de JPMorgan Chase et président du lobby des grandes entreprises Business Roundtable, explique que le pays est « plus fort avec la richesse de la diversité du monde qui l’entoure ».

Représailles

Les chefs d’entreprises américains disent craindre que les mesures anti-immigration les privent de gros réservoirs de talents et empêchent leurs employés américains de voyager dans les pays bannis.

Environ 30% de personnes ayant un emploi dans la ville universitaire de Boston, dont les biotechnologies sont le poumon économique, sont des immigrés, selon un rapport de 2015 du Boston Planning & Development Agency.

« Nous avons beaucoup d’employés dans les pays nommés et faisons des affaires un peu partout dans la région » (Moyen et Proche-orient), rappelle Jeffrey Immelt, le PDG de General Electric (GE) qui a récemment installé son siège social à Boston.

Le conglomérat industriel, et son compatriote Halliburton, qui ont de gros intérêts en Irak par exemple, craignent des représailles de la part des pays affectés. Des députés irakiens ont ainsi d’ores et déjà appelé leur gouvernement à appliquer la réciprocité avec les Etats-Unis si Washington ne revenait pas sur son décret controversé.

Le lobby patronal de l’US Chamber of Commerce indique que les sociétés sont « désorientées » par les incertitudes autour des binationaux et des détenteurs de la carte verte, le permis de résidence aux Etats-Unis.

General Motors et Boeing, qui ont déjà essuyé les foudres de M. Trump, sont restés muets en dépit des sollicitations de l’AFP.

Le premier est suspendu aux futures mesures du nouveau président américain sur le libre-échange visant le Mexique. Quant à Boeing, il a vu Donald Trump exiger une baisse des coûts de l’avion présidentiel Air Force One et lui faire miroiter un contrat potentiel concernant des avions de combat.

Mais Ford a souligné « ne pas soutenir une politique qui va à l’encontre de ses valeurs », même si le constructeur automobile précise qu’aucun de ses employés n’est « directement » affecté.

ExxonMobil, dont l’ancien PDG Rex Tillerson devrait devenir dans les prochains jours le chef de la diplomatie américaine, et l’industrie pharmaceutique sont également demeurés silencieux. Contacté par l’AFP, le géant pétrolier, qui a des intérêts au Yémen, n’a pas donné suite.

Mais, comme le promet Jeffrey Immelt, « nous allons continuer à faire entendre notre voix à la nouvelle administration et réitérer l’importance de (ces) question (s) pour GE et pour les milieux d’affaires ».

Une première opportunité se présentera dès vendredi lors de la réunion d’un cénacle réunissant 19 grands patrons choisis par Donald Trump pour le conseiller sur sa politique économique.

Le Quotidien / AFP