Metz : ils ont mangé une oeuvre d’art…

Dans le cadre de l’exposition L’Aventure de la couleur, au centre Pompidou de Metz, une centaine de visiteurs ont été invités à manger une oeuvre d’art le week-end dernier…

C’est une visite au musée comme on en voit rarement. À la traditionnelle injonction «ne pas toucher», s’est substituée une règle nouvelle : «à manger!» La création artistique dont il s’agit s’est déroulée le week-end passé à Metz, au centre Pompidou. Une centaine de convives, inscrits librement, ont été invités à un banquet coloré signé des artistes Antoni Miralda et Dorothée Selz. Les deux artistes rééditaient ainsi leurs «créations participatives» de la fin des années 1960, qui avaient tant fait parler, dont on retrouve d’ailleurs des archives dans l’exposition en cours au Pompidou-Metz.

Plus que de l’art moderne, plus qu’une mise en situation nouvelle : un art qui se détruit quand on le «consomme». Concrètement, l’objectif essentiel était de magnifier la couleur des liquides et des aliments, par l’emploi de colorants alimentaires puissants. D’où des verrines rouges fluos, des choux-fleurs jaunes, du vin noir, de l’eau verte ou encore, du pain rose. Le banquet géant (une quinzaine de mètres), était plongé dans une salle noire éclairée des projecteurs minimalistes, digne d’une belle muséographie.

«Manger de la peinture»

Au fond de la salle, alors que les invités commençaient à manger, un écran géant projetait des mots sur des couleurs et des émotions. Le rouge est l’action et l’amour. Le bleu le raffinement et la mélodie. Le vert l’abondance et l’audace,  etc. Les convives eux-mêmes, déboussolés par une pareille expérience (on ne sait pas ce qu’on va manger car la couleur fausse tous les sens) étaient invités à mettre un sentiment sur une couleur à la fin du banquet.

«L’expérience est différente que nos banquets colorés de la fin des années 60, commente l’artiste Dorothée Selz. Ils avaient lieu en pleine nature. Mais cette expérience-là est réjouissante de par les colorants employés. Le public a vraiment l’impression de manger de la peinture. C’était précisément le but de l’événement.»

Les convives sont repartis comme ils étaient venus : avec des foulards aux couleurs très vives, donnés par l’organisation. Un peu plus tôt dans la journée, le groupe était arrivé à la queue leu leu, entrelacé par des centaines de tissus colorés. Chouette expérience.

Hubert Gamelon.