L’ancien ministre des Finances reste dans la course pour devenir le prochain directeur général du Mécanisme européen de stabilité (MES). La décision finale va tomber le 16 juin à Luxembourg. Les tractations se poursuivent.
Il était attendu que les ministres des Finances de l’Eurogroupe s’accordent lundi sur un «candidat final» pour prendre les commandes du Mécanisme européen de stabilité (MES). Finalement, aucun consensus n’a pu être dégagé entre les représentants des 19 pays de la zone euro.
La seule décision prise, en ce début de semaine à Bruxelles, fut la réduction du pool de candidats de quatre à trois. Le Néerlandais Menno Snel a jeté l’éponge après un premier vote test. Restent donc dans la course l’Italien Marco Buti, le Portugais João Leão et le Luxembourgeois Pierre Gramegna.
L’ancien ministre des Finances du Luxembourg, parti à la retraite en janvier de cette année, a officialisé le 2 mai son intention de succéder à Klaus Regling, le directeur général sortant du MES. Pierre Gramegna bénéficie du plein soutien du gouvernement.
Le politicien libéral avait précisé avoir été «sollicité par plusieurs États membres et parties prenantes pour briguer ce poste». Lundi, il a passé une première étape majeure pour devenir le prochain Luxembourgeois à occuper un poste clé dans les instances européennes.
«Le but de notre discussion était de voir quelles étaient les candidatures pouvant recueillir les soutiens nécessaires et faciliter ainsi la désignation formelle», explique Paschal Donohoe, le président de l’Eurogroupe. Deux tours de scrutin indicatifs ont été organisés lundi. Si on pouvait s’attendre à réduire la liste à un ticket final de deux candidats, il n’en a rien été.
«Les consultations vont se poursuivre avec pour objectif d’obtenir un accord pour le 16 juin», reprend le chef de file de l’Eurogroupe. Le 16 juin aura lieu, à Luxembourg, la réunion annuelle du Conseil des gouverneurs du MES appelée à choisir le nouveau directeur général.
Il reviendra à Paschal Donohoe de poursuivre les pourparlers avec tous les pays ayant un droit de vote, et «en particulier avec les pays qui présentent un candidat, afin d’élucider si on peut avancer davantage sur une désignation finale». Les travaux seront lancés encore dans le courant de cette semaine.
«Le MES doit jouer un rôle central»
La réunion de lundi de l’Eurogroupe a permis aux Pays-Bas, à l’Italie, au Portugal et donc au Luxembourg de présenter plus en détail leurs candidats respectifs. Une lettre de candidature a été soumise aux ministres des Finances. Pierre Gramegna souligne dans son écrit l’importance du travail accompli par le MES.
«Mon pays a toujours soutenu l’idée de faire du MES l’un des plus puissants instruments de solidarité au sein de la zone euro», introduit l’ancien ministre des Finances. Il rappelle le rôle primordial joué par le «parapluie européen» lors de la crise de l’euro : «J’ai été témoin au cours des huit dernières années de la façon dont le MES a accompagné avec succès des pays comme la Grèce, l’Irlande, le Portugal et Chypre ayant traversé une période tumultueuse lors de la crise d’adolescence de l’euro. Alors que d’aucuns peuvent aujourd’hui tenir pour acquis la solidité de notre monnaie commune, l’existence même du MES et sa volonté d’apporter son soutien à un pays en difficulté financière renforcent sans aucun doute la confiance dans la stabilité de l’euro.»
«Le MES doit jouer un rôle central dans ce monde postpandémique aux fractures géopolitiques déplacées et je voudrais veiller à ce que cette institution soit pleinement en mesure de continuer à soutenir la stabilité et à garantir la prospérité dans la zone euro», complète Pierre Gramegna.
Sa grande priorité serait de mener à bien le paquet de réformes. «Je n’épargnerai pas mon temps ni mes efforts pour répondre et apaiser les inquiétudes de ceux qui doivent encore être convaincus de ce que l’ESM peut faire et accomplir pour eux», termine l’ancien ministre des Finances.
Suspension du corsage budgétaire : Backes appelle à la prudence
En l’absence de la désignation d’un candidat définitif pour prendre la tête du MES, un des points majeurs abordés, lundi, par l’Eurogroupe fut l’annonce de la Commission européenne de prolonger la suspension des règles du pacte de stabilité et de croissance jusqu’en 2023 (lire notre édition de mardi).
Présente à Bruxelles, la ministre des Finances, Yuriko Backes, a lancé un appel à la prudence, même en l’absence du corsage budgétaire de l’UE. «Le maintien de la suspension des règles du pacte de stabilité et de croissance ne doit pas être compris comme une invitation à faire plus de dettes ou à dépenser davantage, mais plutôt comme une marge de manœuvre qui ne devrait être exploitée qu’en cas d’une détérioration significative de la situation géopolitique et des conditions économiques», souligne la trésorière en cheffe de l’État luxembourgeois. «Il est impératif qu’un retour à des trajectoires budgétaires plus équilibrées soit entamé pour assurer la soutenabilité des finances publiques à moyen terme», précise encore Yuriko Backes.