Marc Baum, une des cotêtes de liste de déi Lénk pour les législatives, souligne que son parti dispose de «réponses» pour réduire les inégalités sociales dans une société confrontée à des «crises multiples».
Déi Lénk vise à défendre au moins ses deux sièges à la Chambre des députés. L’espoir d’être renforcé est présent au vu d’un contexte de «crises multiples». Marc Baum clame que son parti dispose des réponses nécessaires pour lutter et rendre la société plus équitable. Le programme électoral porte notamment sur le social, la fiscalité, le logement et l’environnement.
Le slogan choisi pour votre campagne en vue des législatives est « Tout à gagner ». Est-ce que ce choix n’est pas un brin trop optimiste après le résultat mitigé obtenu par votre parti lors des communales ?
Marc Baum : Le choix du slogan traduit notre volonté de prendre la défense des citoyens, confrontés à des crises multiples, ayant trait au social, au climat et au logement. Nous avons des réponses pour contrer ces crises. En fait, l’électeur a tout à gagner s’il se décide à voter pour déi Lénk. La priorité est clairement à réserver à ceux qui connaissent aujourd’hui déjà des difficultés à se projeter vers l’avenir. Une attention particulière sera aussi portée sur les jeunes, qui souffrent encore plus lourdement des différentes crises que peut-être des générations plus âgées.
Là où il y a des « gagnants », il doit aussi y avoir des « perdants ». Même si vous n’employez pas ce terme, pouvez-vous néanmoins dire qui vous visez pour permettre notamment le financement des mesures anticrise ?
Il est clair que certaines catégories de personnes auront à porter une plus lourde responsabilité que d’autres, aussi bien dans la question climatique que celle du logement ou des impôts. Nous envisageons une détaxation des plus bas revenus tout en augmentant le taux marginal maximal par tranches jusqu’à une imposition de 50 % pour les revenus les plus élevés. Une plus forte imposition du capital et des bénéfices des entreprises est nécessaire. Tous les gens qui jusqu’à présent vivaient de leurs dividendes, profitant d’une exonération fiscale de 50 %, devront concéder un plus grand effort pour le bien de la collectivité et des petits salaires.
Tout cela ressemble à un retour de la lutte des classes. S’agit-il du moyen approprié pour rendre la société plus équitable ?
La lutte des classes est une réalité. Elle fonctionne malheureusement à merveille pour ceux qui se situent en haut de l’échelle. On voit que les inégalités sociales ne cessent de se creuser. Ce phénomène démontre que la lutte des classes n’est pas un concept théorique. Pour le moment, ce sont les mieux lotis qui sortent gagnants de cette opposition entre classes sociales.
Sans surprise, votre programme électoral met un accent particulier sur le social. Quels sont les leviers à activer pour éviter que les inégalités ne deviennent encore plus importantes ?
Une des mesures que nous proposons est d’augmenter le salaire social minimum de 300 euros par mois. On est d’avis que celui qui occupe un emploi à plein temps doit pouvoir vivre de son travail. Son salaire doit lui permettre de rester au-dessus du seuil de risque de pauvreté. Cette augmentation est aussi une première réponse au phénomène des travailleurs pauvres, où le Luxembourg se trouve, avec un taux de 13,5 %, en tête des pays les plus touchés par ce phénomène.
La plupart des partis se disent d’accord pour mener une réforme fiscale lors de la prochaine législature, avec pour objectif de rendre le système plus équitable. Déi Lénk se positionne comment dans ce débat ?
Comme déjà évoqué, nous plaidons pour imposer davantage la richesse et les revenus du capital. Nous comptons réintroduire un impôt sur la fortune, en exemptant l’épargne des ménages inférieure à 200 000 euros et le premier logement. Cela doit permettre de démanteler la concentration du capital et de la richesse. En parallèle, nous plaidons pour introduire un barème d’imposition unique, qui devra automatiquement être adapté à l’inflation.
État civil. Marc Baum est né le 11 juin 1978. Il est célibataire.
Formation. Il suit des études en langue et littérature allemande, d’abord à Munich, et ensuite à Berlin.
Profession. Marc Baum est acteur. Sa carrière a commencé en 2004.
Conseiller. Après deux premiers mandats (2008-2014 et 2017-2020), Marc Baum retrouve le conseil communal d’Esch-sur-Alzette après les élections du 11 juin dernier.
Député. Marc Baum siège de 2016 à 2021 à la Chambre des députés. Ayant hérité du siège de Serge Urbany, il le cède à Myriam Cecchetti, selon le principe de rotation appliqué par déi Lénk. Pour le scrutin du 8 octobre, Marc Baum est l’une des cotêtes de liste du parti.
Le CSV promet une réduction de la charge fiscale pour tout le monde. Comment jugez-vous une telle mesure ?
Il faut savoir qu’un bénéficiaire du salaire minimum, exonéré de l’impôt, va à peine gagner 18 euros de plus. Par contre, si vous réduisez l’imposition des plus hauts revenus, on arrive à des pertes fiscales gigantesques pour l’État.
L’autre grand débat de cette campagne électorale est la réduction du temps de travail. Vous plaidez pour passer à l’horizon 2030 à la semaine des 32 heures, sans perte de salaire. Est-ce que cette proposition est réaliste, sachant que le patronat y est catégoriquement opposé ?
L’attitude des patrons est étonnante. Des études réalisées au Royaume-Uni sont parvenues à la conclusion qu’une réduction du temps de travail a permis d’augmenter la motivation, et donc, la productivité des salariés. Le taux d’absentéisme a également pu être réduit. Et puis, rien n’empêche de toujours faire des heures supplémentaires, qui seront toutefois à compenser financièrement. Au Luxembourg, il existe déjà des secteurs, où par le biais de la convention collective, le temps de travail est inférieur à 40 heures. On est conscient qu’il ne sera pas possible que tous les secteurs passent en même temps à une semaine de 32 heures. Nous prévoyons aussi des aides étatiques pour aider les petites et moyennes entreprises lors de la phase de transition. L’horizon 2030 a été choisie pour s’inspirer de la méthode appliquée dans les années 70, où le temps de travail a été progressivement réduit de 48 à 40 heures par semaine. Les modalités concrètes seront à négocier par secteur et dans le respect du dialogue social.
Une étude préparatoire commandée par le ministère du Travail vient toutefois à la conclusion qu’il est peu propice de réduire le temps de travail en période de pénurie de main-d’œuvre. S’agit-il d’un frein supplémentaire à votre concept ?
L’étude mentionnée livre des résultats mitigés. En fin de compte, il s’agit d’une question de volonté politique. Nous sommes confrontés au problème que le niveau salarial est aujourd’hui, en comparaison avec les pays voisins, bien moins élevé qu’il y a encore 10 ou 15 ans. En Allemagne, il est envisagé de relever le salaire minimum à 14 euros par heure, nous on pointe à 14,6 euros. Toujours côté allemand, on travaille déjà moins de 40 heures dans toute une série de secteurs. Afin de rester attractif pour la main-d’œuvre étrangère, il faut améliorer les conditions de travail et mener une offensive salariale, faute de quoi le Grand-Duché perdra en attractivité.
À plus court terme, vous réclamez une sixième semaine de congé légal. Avec quel objectif ?
Il s’agit d’un allègement supplémentaire de la charge de travail, d’ailleurs revendiqué depuis longtemps par les syndicats. D’autres pays sont bien plus généreux en ce qui concerne les jours de congé. Une semaine en plus contribuera à améliorer la fameuse balance entre vie professionnelle et vie privée, ce qui constitue aussi un bien pour la société dans son ensemble.
Vous clamez que l’État doit se donner les moyens pour financer la lutte contre les inégalités sociales. Or, la marge de manœuvre est réduite en cette fin de législature avec une dette publique qui se rapproche des 30 % du PIB. Comment procéder pour ne pas mettre en péril les finances publiques ?
Notre approche est de trouver des moyens pour contrefinancer les mesures que nous proposons. Il faut aller chercher l’argent nécessaire auprès des grandes fortunes. Plusieurs éléments permettront de redistribuer la richesse. Du côté des recettes fiscales, il existe une marge importante. Même des « think tanks« libéraux estiment aujourd’hui que la taxe d’abonnement (NDLR : 0,05 %, et 0,01 % prélevé sur les avoirs nets) pourrait être beaucoup plus élevée sans mettre en danger notre industrie des fonds d’investissement.
Le fait que déi Lénk remette en cause la logique capitaliste ne vous empêche pas de soutenir la place financière comme source de revenu majeure pour l’État ?
Nous ne sommes pas fondamentalement opposés à la place financière. On constate qu’elle existe. Mais on serait encore plus content, si elle contribuait davantage à la société et la collectivité luxembourgeoise.
Votre parti compte également garantir le droit au logement. Comment ?
La main publique doit continuer à investir massivement dans la construction de logements abordables, y compris les communes. La pénurie fait que les prix continuent à exploser. Une première priorité doit être de plafonner les loyers. Nous avons vu lors de la pandémie la « facilité’« pour interdire des hausses, mais aussi des déguerpissements. Un cadre légal sur le plafonnement des loyers, en fonction notamment de la région et de la classe énergétique du logement, est incontournable.
L’enquête de l’Autorité de la concurrence sur les pratiques du secteur immobilier, publiée en juillet, doit, selon vous, faire l’objet d’une commission d’enquête parlementaire. Quelles peuvent être les responsabilités politiques pour les pratiques appliquées sur le marché privé ?
Si déi Lénk est confirmée à la Chambre, une de nos premières priorités sera de demander une telle commission d’enquête. Si je vois les réactions des différents partis à ce rapport, cela devrait passer comme une lettre à la poste. On aura besoin du soutien de 20 députés. La conclusion la plus étonnante qui ressort de ce rapport est que les promoteurs ont multiplié par huit leurs marges bénéficiaires sans que davantage de logements aient été construits. En partie, ils se sont enrichis en pratiquant du dumping social, ce qui nous empêche de recruter en nombre suffisant la main-d’œuvre nécessaire pour construire davantage. Le phénomène du « land banking« est encouragé fiscalement. Il existe, donc, des responsabilités politiques. Il faudra les identifier et décortiquer. Le but n’est pas de réclamer la démission d’un nouveau ministre ou gouvernement, mais de mieux appréhender comment le pays a glissé dans cette crise du logement.
Nous ne sommes pas fondamentalement opposés à la place financière
Le climat fait également partie intégrante de votre programme électoral. Où déi Lénk se situe-t-elle par rapport aux autres partis pour aborder cette transition incontournable ?
L’empreinte écologique est aussi liée à une question de classes. Les gens qui habitent en zone rurale, notamment, car les logements y sont un brin moins chers, dépendent de leur voiture pour se déplacer. Il s’agit d’une autre situation que celle de ceux qui peuvent se permettre de partir tous les week-ends sur leur yacht. C’est pourquoi nous avons besoin d’une responsabilité partagée dans la lutte contre le changement climatique. On plaide pour la création de mécanismes d’équité et de redistribution sociales obligatoires pour empêcher, aussi dans ce domaine, le creusement des inégalités sociales.
Quel est l’objectif chiffré que déi Lénk se fixe pour les élections ?
Il ne sert pas à grand-chose d’avancer un chiffre concret. Notre objectif est de sortir renforcé de ce scrutin. Il est clair qu’il serait beau d’être représenté à la Chambre avec plus de deux députés, mais ce n’est pas le nombre de sièges qui va définir si cette élection se soldera par un succès ou pas pour déi Lénk. On se réjouit de constater que plus de 40 nouveaux membres nous ont rejoints depuis les communales. Une dynamique se met en place, surtout auprès des jeunes.
Seriez-vous disposé à intégrer une prochaine majorité gouvernementale?
Le point crucial est de trouver un accord sur le programme. Comme d’habitude, le LSAP met peu avant les élections le clignotant pour virer à gauche en prônant des points semblables aux nôtres. Tout cela est rapidement oublié après le scrutin. Il faut voir le résultat qui sortira des urnes et observer ce qu’il en adviendra.
…c’est aussi comme ça que vous jugeriez la Meloni ? …alors vive le communisme de droite s’il s’agit de taxer les super profits des banques pour une amélioration des salaires et une équité sociale !
Quel groupe de plaisantins, la comparaison avec la Grèce est bien trouvée
Si vous voulez saboter notre beau pays, votez pour les marxistes-communistes labélisés der Lenk.
Tous ce qu’ils proposent ne peut aboutir qu’à un Luxembourg aussi riche que la Grèce actuelle.